Ce n’est plus un secret. Les deux otages français, enlevés au Bénin avant d’être transporté au Burkina Faso, ont été libéré dans la nuit du jeudi à vendredi dernier par les forces armées françaises. Une opération coûteuse puisque deux militaires ont d’ailleurs perdu la vie.
Outre les deux citoyens français, Patrick Picque et Laurent Lassimouillas, en captivité depuis le 1er mai dernier, l’intervention audacieuse et particulièrement risquée des soldats de l’Hexagone, a permis de libérer deux autres otages, une Américaine et une Sud-coréenne qui étaient détenues par les mêmes ravisseurs, sans qu’on ne sache quand ni où leur odyssée africaine a tourné court. Ce qu’on sait en revanche, c’est que l’infiltration du commando français dans ce qui tenait lieu d’abris aux terroristes et aux otages, a été facilitée par les précieux renseignements fournis par les États-Unis et le Burkina Faso, sur les mouvements, la trajectoire et la localisation des ravisseurs. Un dernier coup de fil que ces derniers auraient donné à leurs complices basés de l’autre côté de la frontière au Mali voisin, leur a été fatal, puisqu’il a permis leur géo-localisation dans la zone d’Aribinda alors qu’ils étaient en escale de récupération, après plus d’une semaine de rodéo nocturne à travers le Burkina. La suite, on la connaît, un scénario digne d’un film de série B, monté à la hâte par le commandement des opérations spéciales pour éviter le transfèrement des otages au Mali, validé par le chef d’État-major général des armées français et dont l’exécution a été ordonnée depuis la Roumanie où il était en visite, par le président Emmanuel Macron. Du Jean Paul Belmondo en grandeur nature, avec la vingtaine d’hommes qui sont intervenus par nuit noire sur un terrain hostile et découvert, avec des consignes strictes de n’ouvrir le feu qu’en cas d’extrême nécessité, pour ne pas mettre en péril la vie des otages et ne pas faire de victimes collatérales. A la fin de l’opération, c’est un bilan en demi-teinte que la ministre française des Armées, Florence Parly, et le chef d’État-major général des armées, François Lecointre, ont dressé vendredi dernier au cours d’un point de presse.
Une libération qui a un coût
Dans un communiqué, le Président de la République béninoise Patrice Talon, le Gouvernement et le peuple béninois se réjouissent de la libération des deux ressortissants français disparus le 1er mai 2019 à la frontière bénino-burkinabé. Ensuite, ils se félicitent de la parfaite coopération entre les services béninois, burkinabé et français, qui a permis cet heureux aboutissement. Mieux, ils expriment leur solidarité à la France pour les deux soldats qui ont perdu la vie au cours de l’opération de libération. Enfin, ils saluent la mémoire du guide béninois tué, réaffirment leur compassion à sa famille, et l’assurent de leur soutien.
Au total, l’armée française a libéré quatre otages, dont les deux touristes français enlevés le 1er mai au Bénin, en menant une opération militaire dans la nuit de jeudi à vendredi au Burkina Faso dans laquelle deux officiers mariniers ont été tués, a annoncé l’Élysée.
«Cette libération a pu être obtenue grâce à une opération militaire, conduite par les forces françaises dans la nuit de jeudi à vendredi, au nord du Burkina Faso.
Au cours de celle-ci, deux militaires ont trouvé la mort au combat, le maître Cédric de Pierrepont et le maître Alain Bertoncello, tous deux officiers mariniers au sein du commandement des opérations spéciales.», indique l’Élysée.
Soulagé de voir que les deux otages sont sains et saufs, le ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a salué le courage des militaires avant d’ajouter que ce sentiment de joie était également mélangé à un sentiment de tristesse. « Deux de nos militaires ont payé de leur vie leur courage et leur abnégation pour les libérer ». Conscient de la gravité des faits et de la situation, celui-ci a par ailleurs tenu à présenter ses condoléances aux familles concernées.
Toutefois, le gouvernement français ne devrait pas en rester là. En effet, le ministre Le Drian a rappelé que la lutte contre le terrorisme était loin d’être terminée. « Les enjeux de sécurité sont majeurs pour notre pays » a-t-il rappelé, ajoutant que le fait d’être français jouait souvent en défaveur des otages dans ce cas-là, la France étant particulièrement visée et citée par les organisations terroristes.
La zone de la Pendjari, classée rouge
En outre, les deux otages se sont rendus dans une zone qualifiée de « rouge » par le gouvernement français, soit à risque. « Ces deux Français ont-ils pris des risques en se rendant dans un endroit dangereux ? » s’est-il ainsi demandé, avant d’ajouter qu’il attendait des réponses. « Il faudrait quand même qu’ils disent pourquoi ils sont partis là », à savoir dans la zone de la Pendjari, au nord du Bénin.
C’est dire que le gouvernement Macron va demander des comptes aux otages français enlevés au Bénin.
Toutefois, il faut bien agir et au plus vite, car les ennemis du vivre- ensemble semblent avoir opté pour la stratégie du chaos, en s’attaquant désormais aux hommes de Dieu et aux lieux de culte, histoire de provoquer un conflit religieux forcément dévastateur pour nos pays. L’assassinat du pasteur de Silgadji et de quelques-uns de ses fidèles dans le Soum, au Burkina-Faso, de même que l’attaque perpétrée le dimanche dernier contre l’église de Dablo, dans le Centre-Nord, procèdent de cette volonté de mettre à mal cet atout majeur dont le Burkina s’est toujours vanté, c’est-à-dire la coexistence pacifique entre toutes les communautés religieuses. Gageons que les responsables militaires qui sont chargés de mener à bien cette mission de pacification, vont faire preuve de tact et de sang-froid à l’image de leurs collègues de l’opération « Otapuanu », afin de sortir les populations du Sahel, du Nord et du Centre-Nord de l’enfer dans lequel elles vivent actuellement.
Arouna Traoré
Nouveau Réveil