La mise en œuvre des recommandations du forum sur l’insécurité dans les espaces scolaires et universitaires commence à faire des frustrés dans les rangs de l’Association des élèves et étudiants du Mali (AEEM). Certains membres de cette association se voient déjà priver de certaines sources de revenus. Une frustration qu’ils manifestent à travers des tentatives d’empêchement de la mise en œuvre desdites recommandations.
À la résidence universitaire de Katibougou, sis à l’Institut Polytechnique Rural de Formation et de Recherche appliquée (IPR/IFRA), la tension restait vive depuis un certain temps. À la suite des événements, six étudiants de cet institut, dont le secrétaire général, ont été placés sous mandat de dépôt, le mardi dernier, à la maison d’arrêt de Souban, suite à une plainte du Centre régional des œuvres universitaires de Koulikoro (CROU-K). Des faits d’incitation à la violence et d’entrave à la liberté de travail des agents du CROU-K leur sont reprochés.
« Faire face au CROU-K »
« Suite à la fin du protocole d’accord entre le CENOU [Centre national des œuvres universitaires ndlr] et l’AEEM, des décisions inadéquates sont prises envers les étudiants par le CROUK », déclarait le comité AEEM de l’IPR/ISFRA de Katibougou dans un avis aux étudiants, le 29 janvier 2021. À travers le même avis, ce syndicat invitait les étudiants à occuper les chambres pour « faire face au CROUK ». Une manière d’empêcher les agents de cette structure de travailler à la mise en œuvre des recommandations issues du forum.
Pourtant, depuis le 14 janvier, le CROU-K avait précisé que « le CENOU demeure le seul organe habilité à attribuer le logement à un étudiant dans les résidences universitaires ». Et d’ajouter : « Toute attribution de lit à un étudiant par le fait du comité AEEM est nulle et de nul effet ». D’ailleurs, le 23 janvier, le chef du CROU-K, Bakari Diakité invitait les membres de l’AEEM de l’IPR/IFRA, qui désiraient « obtenir un logement au campus, à déposer des demandes de logement conformément aux textes en vigueur, au plus tard le 21 janvier 2021 ». Chose que l’AEEM n’a pas du tout appréciée, souligne le chef du CROU-K.
Privés de lits supplémentaires
L’installation des étudiants bénéficiaires de logement était prévue pour le 28 janvier 2021. En raison de l’occupation « illégale » des résidences, cette installation n’a pas pu démarrer. Pour autant, le CROU-K n’a pas renoncé à la mise en œuvre de la feuille de route pour la sécurisation de l’espace universitaire.
Le 2 février dernier, Bakari Diakité a lancé une invitation aux occupants « illégaux » des résidences universitaires de Katibougou à libérer les chambres au plus tard le 4 février. Par la même occasion, il invitait les bénéficiaires de ces résidences, dont la liste avait été publiée auparavant, de s’acquitter des frais de logement de 10 000 FCFA afin de permettre leur installation.
Selon les explications du chef du CROU-K, l’implication de l’AEEM dans la gestion des résidences universitaires ne repose sur aucun fondement juridique. Elle est d’ailleurs considérée, selon lui, comme l’un des facteurs aggravants de l’insécurité dans le milieu universitaire. D’où l’une des recommandations fortes du forum de leur retirer la gestion de ces résidences.
Dans chaque chambre, les membres de ce comité estudiantin faisaient entrer des lits supplémentaires, qu’il cédait aux étudiants en raison de 10 000 FCFA l’unité, révèle M. Diakité. Suite à la fin du protocole qui les liait au CENOU, les membres de ce comité estudiantin se voient priver de ce privilège. Ce qui expliquerait cette attitude de leur part.
En tout cas, le CENOU se dit déterminer à mettre en œuvre toutes les recommandations du forum pour une école apaisée au Mali.
Fousseni Togola
Source : Phileingora