Selon la loi portant révision de la constitution du 25 février 1992, les Maliens de la diaspora auront désormais la possibilité d’élire des représentants à l’Assemblée nationale.
Si cette décision répond à un besoin d’équité et de justice, il n’en demeure pas moins qu’elle a été accueillie avec enthousiaste par la représentation de la diaspora : le Haut conseil des Maliens de l’extérieur.
Le projet de loi portant révision de la constitution du 25 février 1992, dont l’une des innovations importantes, prévoit la représentation des Maliens de l’extérieur au Parlement, a été adopté par l’Assemblée nationale le samedi 3 juin 2017 avec 111 voix pour, 35 voix contre et 0 abstention. La loi, qui ouvre ainsi les portes du parlement aux Maliens vivant à l’étranger, répond non seulement à un besoin d’équité et de justice, mais aussi, et surtout à une nécessité indéniable au regard de l’importance de la contribution de la diaspora malienne à la bonne santé de l’économie du pays. Cette contribution qui est passée de 360 milliards de francs CFA à 483,3 milliards de F CFA, entre 2012 et 2016, avec une prévision de 496 milliards pour 2017 (sources BCEAO et UEMOA).
Dans un contexte ou leur participation au développement national n’est plus à démontrer, cette représentation des Maliens de l’extérieur, dont le nombre est estimé entre 4 et 6 millions de personnes, doit se comprendre et se justifier comme une légitimation de l’apport inestimable de la diaspora dans le développement de notre pays qui, de par les solidarités individuelles et collectives, contribue largement à la stabilité, à la cohésion et à la paix sociale de notre cher Mali.
La décision opportune du Président de la République de trouver la voie d’une représentation de proximité des Maliens de la diaspora dans sa diversité parait essentielle pour faire des représentants de celle-ci des acteurs de premier ordre auprès de la troisième institution du pays et encore dans bien d’autres.
Au demeurant, nonobstant cette bonne initiative politique démocratique, la diaspora jouit aussi d’une représentation plus marquée dans d’autres instances délibératives, représentatives, de consultation ou décentralisées tels que, le Conseil Economique social et culturel (CESC) ; le Haut Conseil des Collectivités territoriales…
Représenté dans 65 pays et sur tous les continents par un Conseil de Base des Maliens de l’Extérieur (CBME), le HCME, qui estime que la représentation de ses membres au parlement est le fruit d’un quart de siècle de lutte et de sacrifices au crédit de l’organisation, a remercié tous les pionniers de cette grande bataille qui a commencé depuis sa création en 1991 et qui s’est poursuivie sans relâche avec tous les Bureaux qui se sont succédé.
Cependant, le Bureau exécutif a félicité les Conseils de Base des Maliens de l’Extérieur qui ont toujours transmis cette doléance au Conseil économique, social et culturel qui, à son tour, l’a fait ressortir régulièrement dans les différents recueils annuels adressés au Président de la République, au Président de l’Assemblée nationale et au Premier ministre.
Le chapeau a été également tiré aux membres du Comité d’Experts pour la Révision de la Constitution qui ont accordé une attention particulière aux arguments développés dans le mémorandum du Secrétariat permanent, sur la nécessité d’une représentation équitable des Maliens de l’extérieur au sein des institutions nationales. Sans oublier les membres de la Commission Lois de l’Assemblée nationale qui ont reçu le président Habib Sylla, dont le leadeurship et l’implication personnelle ont aidé à la prise en compte des préoccupations et attentes des Maliens de l’extérieur.
Au nom de l’ensemble des Maliens établis à l’extérieur, le président Habib Sylla a adressé des remerciements particuliers au Président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita, pour sa grande sollicitude vis-à-vis de ses compatriotes vivant à l’extérieur et pour le respect de ses engagements.
Voilà pourquoi il demande à tous les Maliens de l’extérieur, les migrants de retour et leurs associations, de rester mobilisés tant à l’extérieur qu’à l’intérieur du Mali, pour apporter un soutien franc et massif au texte, lors de son adoption par référendum.
En tout état de cause, si les futurs députés de la diaspora seront les portes-voix d’une communauté hétérogène qui rencontre des problèmes communs ou adaptés à leur contexte, à la fois dans les pays ou continents d’accueil et d’origine, ce qui reste à matérialiser, pour notre part, c’est de faire d’eux des acteurs qui agissent et parlent pour leurs communautés en rapport avec les difficultés qu’ils gèrent et qu’ils maîtrisent parfaitement à travers les entités associatives de solidarité et d’appui. Il s’agit d’accepter, de par leurs expériences professionnelles diverses, du capital humain et financier dont ils disposent, de les écouter pour donner leur avis dans la conduite des politiques qui les concernent en premier lieu. Ce qui est une condition sine qua non pour cette participation.
Pour ce faire, les futurs députés de la diaspora disposeront d’outils et de moyens pour diffuser et mettre en exergue les nombreuses difficultés de nature administrative, sociale, économique… qu’ils rencontrent afin d’y trouver les solutions idoines dans la concertation.
Par le biais de propositions de lois, d’amendements, de questions orales et écrites, ils pourront interpeller le gouvernement et participer à son contrôle jouant ainsi son rôle d’intermédiaire entre les électeurs et l’administration publique.
Par Mohamed D. DIAWARA.
Source: info-matin