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Rencontre entre l’Emir du Qatar et les présidents rwandais et congolais : Une surprise, oui. Un miracle, pas encore !

Alors que les yeux du monde étaient tournés vers Luanda en vue d’une médiation dans la crise du Nord-Kivu, c’est plutôt à Doha qu’une initiative diplomatique eut lieu. Une image vaut mille mots, a-t-on l’habitude de dire. Et sur ce plan, l’on peut dire que la surprise est de taille, d’autant que beaucoup sur le Continent avait du mal à imaginer les présidents Kagamé et Tshisekedi dans une même pièce discutant cessez-le-feu et paix. L’initiative de l’Union Africaine n’ayant tout simplement pas fonctionné, peut-on désormais dire que le Qatar chapeautera désormais des pourparlers de paix entre le Rwanda et la RDC ?

Le Qatar, pays du grand écart diplomatique il y a une dizaine d’années, voit cet écart se resserrer assez considérablement. Au soft power se greffe désormais une diplomatie qui a su se mettre à niveau sur les grands enjeux mondiaux et surtout se mettre à jour sur ses cours en matière de géopolitique. Ce petit pays en matière de superficie est grand en matière de richesses énergétique et surtout en ambitions. Et dès que l’occasion se présente pour grandir encore plus sur l’échiquier international, il la saisit. Pour rappel, le pays a abrité des pourparlers réunissant les Talibans d’Afghanistan sous l’égide des Nations-Unies depuis plus de quatre ans. Le pays sert aussi de base physique pour des négociations de cessez-le-feu dans la guerre Israël-Hamas.

Au-delà de la mise en scène fort bien soignée à travers la photo fortement relayée, comment le Qatar peut contribuer à résoudre la guerre au Nord-Kivu ? Tout d’abord, il faut souligner qu’il est fort probable que d’autres puissances rejoignent le mouvement au nombre desquels l’on peut citer USA, France ou encore Chine. Ce, de plusieurs manières allant à une présence diplomatique formelle ou par des manœuvres commerciales en coulisses. Car oui, le conflit dans cette région du monde est aussi un conflit de ressources et de richesses. Et comme à l’accoutumée dans les Relations Internationales, les richesses sont le moteur de tout processus de paix. Toutefois, le cessez-le-feu obtenu est une étape non négligeable franchie dans une pacification tant espérée de la région. Dans un péril armé, lorsque les grandes puissances ne se manifestent pas outre mesure, il est à craindre des choses pas très avouables sur le plan de l’éthique internationale. Les frères ennemis pourront-ils enterrer la hache de guerre pour le salut respectif de leurs pays ? Si oui, sera-t-il suffisant pour construire la paix ? Au Nord-Kivu, beaucoup craignent désormais la gangrène. La situation aurait pourri pendant trop longtemps dans un dédain et un mépris considérables des instances internationales, pour espérer une résolution rapide et surtout pérenne. Dans ce cas, l’on est en mesure de se demander, à qui profite le crime ? Difficile d’y répondre avec précision.

                                                                                                                                      Ahmed M. Thiam

Source : L’Alternance
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