La religion occupe une place croissante dans l’espace public malien. Les activités de groupes islamistes combattants et l’application sporadique de punitions selon le code pénal de la charia au nord de notre pays ont suscité la crainte de la transformation progressive du pays en un État islamique. Cette inquiétude est encore vive aussi bien chez nos compatriotes que chez nos hôtes étrangers.

C’est dans ce cadre que « l’Afrobaromètre », un réseau de recherche piloté par le Groupe de recherche en économie appliquée et théorique (GREAT), a mené une enquête en décembre 2014 au Mali sur les inquiétudes concernant l’évolution de notre pays vers un État islamique.
La présentation des résultats de cette enquête a motivé l’organisation d’un atelier samedi à l’hôtel Olympe. Les travaux dirigés par le directeur exécutif de GREAT, le professeur Massa Coulibaly, ont été marqués par deux communications sur « religion et politique au Mali » et « le renouveau religieux au Mali ».
Selon l’enquête, les musulmans sont majoritaires avec près de 90% de la population, contre 5% de chrétiens. 61% des musulmans maliens ont déclaré au cours de cette étude, être intéressés par les affaires publiques. Ce taux est de 58% pour les chrétiens. Les auteurs de l’enquête expliquent avoir constaté que nos compatriotes s’éloignent des groupes religieux qui n’apparaissent plus comme d’innocents groupes de croyants mais comme des extrémistes défendant des intérêts étrangers. Les résultats de l’enquête ont permis de noter que sur dix Maliens, 9 sont des musulmans parmi lesquels 2 sont des musulmans confrériques.
85% des Maliens pratiquent leur religion au moins une fois par jour, 26% chez les chrétiens et 93% chez les musulmans.
Moins de trois quarts des Maliens sont engagés dans les groupes religieux. Ils sont deux sur cinq s’agissant des musulmans confrériques ou des chrétiens confrériques.
Les inquiétudes concernant l’évolution du Mali vers un État islamique ne sont pas fondées, selon le rapport de l’enquête. Le processus politico-religieux contemporain au Mali implique une renégociation du concept de laïcité, des relations État-religions, estiment cependant les auteurs de l’enquête. Jusqu’ici, la séparation entre l’État et les institutions religieuses est néanmoins maintenue.
Massa Coulibaly a expliqué que le choix de ce thème répondait à la volonté de contribuer à instaurer dans notre pays un climat de tolérance, de paix et d’entente entre toutes les communautés. Il a ajouté que le premier intérêt de ces résultats est de donner un éclairage à l’opinion publique sur la connaissance de la religion, sur la perception que les gens peuvent avoir des religions.
Abdoul K. COULIBALY

source : Essor