Décidément, les autorités maliennes de la transition semblent résolues à faire marcher au pas, les Associations, les Mouvements et Partis Politiques. Dissolution, suspension d’organisations se succèdent. Pour le cas du Conseil National de la Jeunesse (CNJ), elles ne l’ont ni dissoute, ni suspendue mais d’une appropriation de la faîtière, voire d’une caporalisation en procédant à la relecture des textes à la mise en place de nouveaux organes tant au niveau national que régional.
Dans le cadre de ses rencontres avec les forces vives de la nation, après le coup de force dit de rectification du 24 mai 2021, le Colonel Assimi s’est adressé à la jeunesse en ces termes : « Je suis aussi jeune que vous. Si j’échoue, c’est toute la jeunesse qui a échoué ».
Il n’en fallait pas plus pour que le tout nouveau Chef d’État reçoive des ovations nourries de la part des jeunes présents ce jour dans la salle des Banquets du Palais de Koulouba. Peut-être que ce jour, la jeunesse n’avait pas bien compris le sens du message de l’ancien chef des forces spéciales.
Quelques années plus tard après ce message, sous on magistère, les autorités dissolvent la tonitruante association des élèves et étudiants du Mali (AEEM). Un acte qui de façon générale a été bien accueilli par la population. Auréolé de ce soutien populaire, le voilà se tourner vers l’organisation faîtière de la jeunesse, c’est-à-dire, le Conseil National de la Jeunesse du Mali (CNJ-Mali) et cela à travers le ministère chargé de la Jeunesse.
De quoi s’agit-il ?
En effet, lors de la session du Conseil des ministres du mercredi 15 mai 2024, le ministre en charge de la Jeunesse a informé le Conseil du processus de réorganisation de la faîtière de la jeunesse malienne. Cette réorganisation consiste en la relecture des statuts et règlement intérieur et la mise en place de nouvelles instances au niveau national et régional. Pour ce faire, continue-t-il, il y a eu la création d’une commission nationale et des commissions régionales de mise en place des organes. Selon le ministre chargé de la jeunesse, Abdoul Kassim Ibrahim Fomba, les statuts et règlement intérieur ont été déjà relus par une commission tripartite composée des représentants de l’État, des leaders d’organisations de la jeunesse et de la société civile et cela conformément aux recommandations des États généraux de la jeunesse. Ayant appris cette information, des responsables de la faîtière ont aussi réagi, à travers un communiqué.
Vives réactions des responsables de la faîtière
En réaction à cette décision du département, une trentaine de responsables de conseils locaux de la jeunesse ont rendu public un communiqué. Dans le communiqué conjoint N°001/CLJ-ML/24 en date du 21 mai 2024, ils indiquent avoir appris avec surprise, à l’instar des présidents régionaux, la décision du Ministre Fomba de renouveler les instances de l’organisation faîtière. Et cela malgré la lettre N°003/MJSCCIC en date du 08 janvier 2024 de la Direction nationale de la jeunesse mettant fin à la convention de partenariat entre le département ministériel et le CNJ-Mali. Ils estiment que cette décision est une violation des textes de leur organisation. Ainsi, disent-ils rejoindre les présidents régionaux dans leur démarche de contestation de la décision gouvernementale.
Signalons que le communiqué conjoint a été signé par les présidents des conseils locaux de jeunesse des cercles suivants : Kayes, Koulikoro, Sikasso, Ségou, Mopti, Tombouctou, Gao, Ménaka, Nioro, San, Nara, Douentza, Bandiagara, Dioïla, Kita, Ansongo, Kati, Bla, Kolokani, Kéniéba, Diéma, Koutiala, Goudam, Rharous, Niafunké, Yanfolila, Baraoueli, Kangaba, Macina, Kolondieba ,Youwarou, Kadiolo, Yorosso, Bafoulabé, Nioro, Tominian, Diré, Koro, Djenné, Yélimane, Bourem et Almoustrate.
A voir le nombre de contestataires de cette décision, on peut sans aucun risque de se tromper de confirmer que les organisations de la Jeunesse dans leur majorité ne soufflent plus dans la même trompette que les autorités maliennes de la transition.
Mariam Konaré