Au Mali, le secteur tertiaire se démarque par son dynamisme. Constituant la troisième composante principale de la croissance économique, il a contribué à hauteur de 37,5 % à la formation du PIB en 2018. Le secteur tertiaire est principalement caractérisé par le commerce, l’administration et d’autres services, contribuant à hauteur de 37,2 % en 2019. Cependant, l’économie malienne reste insuffisamment diversifiée et fortement informelle, ce qui la rend dépendante des importations pour des produits tels que les denrées alimentaires, les intrants agricoles, les produits raffinés et les biens de consommation, ainsi que des exportations de produits tels que l’or, le coton et les produits agricoles.
Le Mali a connu des difficultés croissantes depuis 2020, notamment une crise politique, des sanctions économiques et une situation sécuritaire préoccupante. Il est devenu impératif de réinventer notre modèle économique pour favoriser une croissance économique stable et durable, dans un contexte de financement de l’économie de plus en plus complexe.
L’une des pistes à explorer pour la relance de notre économie pourrait être la valorisation de la production nationale, comme l’a préconisé l’ancien Premier ministre, Moussa Mara. En effet, en ces temps de relance économique et de revitalisation du secteur privé, le soutien aux produits locaux et à l’industrie nationale est essentiel. Cela implique la production de biens et de services destinés à la consommation nationale et la promotion des industries locales.
Pour concrétiser cette vision, il est nécessaire de soutenir nos artisans et industriels, dont la contribution au PIB représente une part considérable de la valeur ajoutée. Pour y parvenir, des réformes audacieuses sont nécessaires pour stimuler une croissance économique robuste.
La première mesure emblématique consisterait à inciter nos dirigeants à donner l’exemple en consommant des produits maliens. Ils devraient privilégier les produits locaux, que ce soit dans l’alimentation, l’habillement et d’autres domaines où nos producteurs nationaux sont compétitifs. Sur ce point, l’ancien président du Burkina Faso, Rock Marc Christian Kaboré, a donné un bel exemple.
De plus, lors d’événements nationaux, nous devrions mettre l’accent sur la promotion des petites et moyennes entreprises locales en leur attribuant des marchés publics. Les Maliens devraient s’identifier à travers nos élus en utilisant des produits locaux et en accordant aux entreprises locales des marchés publics.
Si nous souhaitons faire du secteur privé le moteur de notre développement économique, nous devons faciliter l’accès de nos investisseurs et entrepreneurs locaux aux marchés publics. Il peut être nécessaire d’envisager une réglementation exigeant des établissements publics et des collectivités territoriales d’acheter des produits locaux.
Dans cette optique, le vérificateur général et le contrôleur des services financiers devraient jouer un rôle essentiel pour garantir que les fonds publics profitent à la population en favorisant la consommation locale. Des sanctions devraient être envisagées en cas de non-respect de cette directive.
Toutes les collectivités locales, régions, communes et cercles, devraient acheter des produits locaux et soutenir la qualité des produits consommés localement. Il est essentiel d’investir dans l’amélioration des compétences pour garantir une production de qualité des biens locaux et soutenir les initiatives locales individuelles.
L’Etat doit s’engager davantage dans la promotion de nos produits et faciliter leur accès aux marchés nationaux. Lorsque les entreprises locales réalisent des bénéfices, elles se développent, créent des emplois et contribuent à la croissance économique. Cela permettra une meilleure répartition des richesses et une allocation plus efficace des ressources de l’Etat pour stimuler la croissance économique à travers un secteur privé dynamique et une industrie prospère.
Il est essentiel de promouvoir l’exportation des produits “Made in Mali”, notamment en créant des structures de soutien à l’exportation. Tout en étant ouverts au monde, nous devons protéger nos produits locaux grâce à des politiques tarifaires et non tarifaires appropriées, tout en renforçant la surveillance de nos frontières pour lutter contre la contrebande.
En collaborant avec nos voisins de la sous-région, nous pouvons développer des activités visant à soutenir nos entreprises locales, à accéder au marché national et à l’exportation, et à encourager la coopération entre les acteurs locaux. Cela nous permettra de faire de la marque “Made in Mali” un gage de qualité et d’exporter avec succès nos produits culturels et industriels.
En somme, la promotion des produits locaux “Made in Mali” est une voie prometteuse pour relancer notre économie. Elle nécessite une implication active de nos dirigeants, une réglementation appropriée, une promotion active des entreprises locales, et une protection de nos produits sur le marché mondial. Si nous mettons en œuvre ces mesures avec succès, nous pouvons créer une économie plus solide, plus équitable et plus prospère pour tous les Maliens.
Etienne Fakaba Sissoko
Mali Tribune