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Reformes du système de santé : Un projet indispensable pour l’amélioration de la santé des Maliens

Depuis son entrée au gouvernement en avril 2017, le ministre de la Santé et de l’Hygiène Publique, Pr Samba Sow a entrepris, conformément à la volonté du Président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, de réformer le système de santé du Mali. Cette mise à jour de notre système de santé qui est à bout de souffle à cause de nombreuses difficultés dont il souffre, constitue  la solution indispensable pour l’amélioration de la santé des populations maliennes.

Notre système de santé issu de la politique sectorielle de santé et de population de 1990, malgré ses énormes progrès, est confronté à beaucoup de problèmes. En effet la mondialisation, la forte croissance démographique, l’urbanisme, le changement climatique, la réémergence des maladies négligées, la survenue de certaines épidémies, les effets de l’insécurité dans les régions du nord et du centre ont largement contribué à la dégradation de notre système de santé. Le Mali figure parmi les pays qui ont les indicateurs de santé les plus faibles d’Afrique avec un taux  mortalité maternelle de 368 décès pour 100 000 naissances vivantes; et un taux mortalité infantile de 56 pour 1000 naissances vivantes. Si le Mali est parmi les pionniers de la santé communautaire en Afrique, force est de constater qu’au niveau de nos structures de santé, des centres de santé communautaire(CSCOM) aux hôpitaux en passant par les centres de santé de référence (CS-Ref), nous assistons à un engorgement. Ce phénomène, qui est lié essentiellement à la démographie galopante que connaît notre pays, entraîne l’insuffisance des ressources humaines en quantité et en qualité et leur inéquitable répartition ; la faible motivation du personnel soignant; l’insatisfaction des utilisateurs dans les structures de santé; l’insuffisance dans la gouvernance; les faiblesses de l’offre et de la demande. A ces problèmes, il faut ajouter la faible part du budget national allouée au secteur de la santé qui était de 4, 32%, en 2018. La résolution de ces problèmes nécessite, de nos jours, une réforme en profondeur et à tous les niveaux de notre système de santé en vue de l’amélioration de la santé des Maliens.

La recette du Pr Samba Sow pour la réforme

Partant du constat que la base de la pyramide sanitaire au Mali, c’est à dire la santé communautaire, est la plus confrontée aux problèmes, la réforme initiée par  Pr Samba Sow, ministre de la Santé et de l’Hygiène Publique, commencera par la périphérie(les centres de santé communautaire) pour atteindre le sommet(les hôpitaux). Elle prévoit en plus de la création de nouvelles infrastructures à tous les niveaux (CSCOM, CS-Ref, hôpitaux); l’érection de certains CSCOM en CS-Ref, de certains CS-Ref en hôpitaux et de certains hôpitaux de 2ème génération en hôpitaux de 3ème génération; l’élaboration d’une carte sanitaire du Mali; l’élévation du plateau technique à travers l’amélioration des conditions de travail du personnel de santé et l’équipement des structures  sanitaires. Au cours des premières années, la réforme sera axée sur les soins de santé primaires en accordant une place de choix aux couches les plus vulnérables notamment à la santé maternelle et infantile. A travers cette réforme, Pr Samba Sow, vise l’atteinte de la couverture universelle sanitaire en apportant les soins de santé primaires aux populations maliennes où qu’elles se trouvent sur le territoire national. Cette démarche du ministre de la Santé et de l’Hygiène s’inscrit en droite ligne avec la mise en œuvre des objectifs de développement durable  (ODD) 3 à savoir ” permettre à tous de vivre en bonne santé et promouvoir le bien-être de tous à tout âge “.

Dès ses débuts, l’initiative du ministre de la Santé et de l’Hygiène Publique, Pr Samba Sow a séduit les partenaires techniques et financiers. En effet les partenaires techniques et financiers de la santé ont participé aux nombreuses réflexions qui ont abouti à l’élaboration du document cadre de la réforme de notre système de santé, qui a été validé à l’issue des quatre jours de travaux de l’atelier national de haut niveau sur la dite réforme, qui a réuni des experts nationaux et internationaux (406 participants), du 25 au 28  février 2019 au centre international de conférence de Bamako(CICB).

La touche présidentielle

Pour donner un coup d’accélérateur à la réforme de notre système de santé en vue de l’amélioration de la santé des populations maliennes, le Président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, a, lors de la cérémonie d’ouverture de l’atelier national de haut niveau sur la dite réforme, organisé du 25 au 28 février 2019 au centre international de conférence de Bamako(CICB), annoncé la gratuité: de la prise en charge de la santé préventive et curative des enfants de moins de 5 ans et des personnes de plus de 70 ans; de la prise en charge de la santé des femmes enceinte; de la planification familiale; de la prise en charge des premiers soins d’urgence; de la dialyse. Il a également annoncé l’augmentation du budget national alloué à la santé et la prise en charge des agents de santé communautaire.

Ce qu’a recommandé l’atelier national de haut niveau sur la réforme 

Après quatre jours de travaux, les participants à l’atelier de haut niveau sur la réforme du système de santé ont fait des recommandations pertinentes.

En ce qui concerne l’offre de soins et services de santé de qualité, l’atelier recommande de: renforcer le plateau technique à tous les niveaux de la pyramide sanitaire; définir le paquet d’activités des établissements de santé par niveau en fonction de la restructuration en cours en prenant en compte le secteur privé ; procéder à une communication intensive pour une meilleure compréhension de la population sur les gratuités annoncées ; accélérer le processus d’adoption des textes d’application  sur les  gratuités ; expérimenter l’initiative centre de vie communautaire à travers un projet pilote avant sa mise à échelle ; renforcer la collaboration entre les départements en charge de la santé et de l’éducation dans l’amélioration de la formation de base dans les écoles de  santé; impliquer le secteur privé à toutes les étapes de la politique de santé (conception, planification, mise en œuvre, suivi et évaluation.

Dans le cadre de la Gouvernance et de la communication, les participants ont recommandé d’inclure les services de santé des armées et d’autres services de santé parapublics dans les activités de communication du MSHP ; de rendre fonctionnel le cadre de concertation et de dialogue avec le secteur privé et valider les textes y afférents ; de mettre l’accent sur l’application effective de la loi hospitalière ; de faire respecter les textes règlementaires en vigueur et renforcer l’autorité de l’Etat;  de mettre un accent sur la redevabilité ;de développer la responsabilité et l’éthique ;de renforcer l’opérationnalisation de la Politique Genre au sein du département ;de réviser et adapter les textes législatifs règlementaires régissant l’exercice privé des professions sanitaires (à but lucratif et non lucratif) ;de relire le Décret n°099-346/PRM du 03 novembre 1999, portant statut particulier des agents de santé dans le cadre de la motivation du personnel ;de relire le code des impôts en ce qui concerne l’exercice privé des professions sanitaires .

Pour le financement de la santé, il a été recommandé par l’atelier  de proposer un mécanisme pérenne pour la mise en œuvre des mesures d’accompagnement de la gratuité ;d’évaluer le coût de la gratuité par cible (estimation du coût par personne et un forfait par an et par cible) ;d’engager les échanges nécessaires avec les ministères et les acteurs concernés sur les financements innovants proposés ;de mettre à échelle le financement basé sur les résultats; de finaliser le document cadre de la reforme par un comité d’experts nationaux et internationaux  mis en place par le MSHP; de mettre en place un comité stratégique pour la mise en œuvre et le suivi évaluation par le MSHP; d’élaborer un plan d’actions avec un calendrier de réalisation séquentielle des réformes urgentes ;d’augmenter le budget alloué au Ministère de la santé et de l’hygiène Publique pour soutenir la mise en œuvre de la reforme; de faire une évaluation à mi-parcours de la mise en œuvre de la réforme sur la santé.

Abdrahamane Diamouténé

 Le Débat

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