Bis repetita. En évoquant devant la presse, lundi 12 septembre, l’éventualité d’un report de l’âge de départ à la retraite à 64 ou 65 ans par un amendement dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), Emmanuel Macron a de nouveau fait la preuve qu’il n’hésiterait pas à s’affranchir de la conjoncture sociale et parlementaire défavorable pour mener ses réformes.

« Si on pense qu’il faut l’unanimité pour bouger, on ne fait jamais rien », a fait savoir le chef de l’Etat, alors que les oppositions et les partenaires sociaux ont d’ores et déjà annoncé qu’elles contesteraient cette méthode si elle venait à être mise en œuvre au cœur de l’automne. D’autant que le gouvernement d’Elisabeth Borne a aussi avancé la possibilité de faire adopter le budget par l’article 49.3 pour pallier la perte de sa majorité absolue à l’Assemblée nationale. « Si en plus ils font l’erreur de mettre un amendement sur les retraites dans le PLFSS, ça va devenir explosif », prévient Eric Coquerel, le président « insoumis » de la commission des finances. « Il n’y a pas de débat serein en passant en force par le PLFSS », a mis en garde le leader de la CFDT, Laurent Berger, lundi.

Une réforme des retraites adoptée par un simple amendement du gouvernement déposé au cours d’une discussion budgétaire ? L’idée a aussi été accueillie froidement dans la majorité. Au cours du petit-déjeuner réunissant les principaux dirigeants de la coalition présidentielle à Matignon, mardi matin, le mécontentement a dominé vis-à-vis de cette annonce qui a pris de court les députés, et même au sein du gouvernement. La présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, et le chef de file des députés Horizons, Laurent Marcangeli, ont ainsi manifesté leur opposition. Après la sortie de M. Macron, le ministre du travail, Olivier Dussopt, a toutefois assuré devant une poignée de députés de la commission des affaires sociales, lundi soir, que cette mesure ne faisait en l’état pas partie du PLFSS.

Cas de conscience pour LR

Les élus de la majorité qui ont appris dans la presse les intentions du chef de l’Etat, sans avoir encore connaissance du contenu du projet de loi, s’inquiètent pourtant qu’un tel véhicule législatif puisse être utilisé par l’exécutif sans mesures de compensation sur la pénibilité au travail ou l’emploi des séniors. « Je ne pensais pas que ça arriverait si vite », reconnaît le député Horizons, Frédéric Valletoux. Mais pour l’élu de Seine-et-Marne, en accélérant le calendrier, Emmanuel Macron « souhaite montrer que son ambition réformatrice est intacte malgré la situation au Parlement ».

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