L’emploi du mot « refondation » ou « réforme » compte peu. L’important c’est d’arriver à faire un Mali qui puisse répondre aux attentes de la grande majorité des populations.
I – L’HISTOIRE DE « LA MAISON FAMILIALE EN RUINES »
C’est l’histoire d’une famille de beaucoup de membres, filles et garçons, très riche et prospère. Descendante de plusieurs générations : parents, grands-parents, arrières grands parents, etc., de grande notoriété, la famille était bien connue et respectée dans la localité.
Mais voilà :
- Les filles se sont mariées et ont rejoint chacune son foyer conjugal.
- Les garçons ? Chaque fois qu’un avait des moyens, quittait la grande famille avec sa petite famille au point qu’il ne restait que les parents : le père et la mère.
Au décès des parents, la grande famille est devenue déserte, les constructions tombaient petit à petit en ruines pour devenir l’endroit préféré des margouillats, lézards, cafards et autres insectes.
Alors un gardien a été pris pour s’occuper de l’endroit, l’entretenir. Très content d’y habiter gratuitement, il s’est bien occupé de la maison, l’a bien entretenu, fait repousser des arbres qui mourraient, en planta d’autres. Bref comme le disent les juristes, le « détenteur » s’est comporté en « véritable propriétaire ».
Avec le temps, un jour il interdit l’accès de la maison aux enfants des propriétaires. Ah bon, de quel droit ? Pour qui se prend-t-il ?
Sonnés par cette décision inimaginable à leurs yeux, de l’occupant, les enfants se réveillent pour récupérer la maison familiale.
Mais à quel prix ? Quelle rude bataille, très éprouvante pour les nerfs?
- D’abord au plan de la narration et l’explication des faits matériels,
- Ensuite, au plan juridique : comment dénouer des affaires mélangées depuis des années ?
- Combien les héritiers doivent à l’occupant ? Et vice-versa, combien l’occupant doit aux héritiers ?
Ce qui nécessite l’évaluation du temps de gardiennage de plusieurs années, et celle des travaux de plusieurs années faits par l’occupant, l’évaluation des loyers qu’il aurait dû verser, pour arriver à une certaine compensation financière.
Souvent, on n’imagine pas qu’une affaire banale pourrait nous pourrir toute la vie. Une affaire, au demeurant simple et évidente, est devenue compliquée pour faire intervenir des experts de toute sorte : juristes, évaluateurs, huissiers, notaires, spécialistes en sécurité, etc. au point d’opposer des membres de la famille.
Des uns en veulent à ceux qui ont autorisé l’occupation, les accusant de n’avoir pas pris assez de précautions, de sécurité et de garanties
Mais ces accusations entre les membres permettent-elles de récupérer la maison familiale ? Evidemment, non, il faut qu’ils soient d’abord unis pour faire face à l’occupant, avant de régler les divergences après la récupération de la maison.
Telle est la caricature de la situation actuelle de notre pays. Cédant aux sirènes de la corruption et du « moi » et « moi seul », dans notre quête de l’intérêt égoïste, nous avons oublié la « maison familiale », notre pays.
Des problèmes soi-disant de développement adossés à des revendications politiques et identitaires attisés par la manipulation extérieure, sont entrain de faire sombrer plus de 1000 ans d’histoires du Mali. Nous avons demandé des « secours », on nous a mis sous tutelle et les sauveteurs ne veulent plus partir.
Les filles et les fils du pays sont-ils incapables? Certainement non. L’intellectuel Seydou Badian Kouyaté et l’ancien Président le Général Moussa Traoré, avec l’orgueil malien l’ont tous dit : « Ça ne se fera pas en ma présence ». Le « Tout Puissant » les a rappelés dans la dignité. « Paix à leurs âmes ».
Nous sommes là, dans cette « maison » fissurée de partout, presque en ruines. Nous devons la reconstruire, la « refonder », dans le contexte actuel que personne n’ignore. Il est vrai que le contexte et les données ont énormément changé :
- le pays n’était virtuellement pas coupé en deux, comme c’est le cas depuis huit ans,
- le pays n’était pas « sous tutelle » de la Communauté internationale, comme c’est le cas depuis notre appel au secours.
- les morts ne se comptaient pas par milliers, comme c’est le cas depuis 2012.
- les réfugiés ne se comptaient pas par centaines de milliers, voire des millions,
- les populations vaquaient paisiblement à leurs occupations. Huit ans aujourd’hui, qu’il est impossible de mener sereinement des activités scolaires et économiques à Kidal, Gao, Tombouctou, Mopti et de plus en plus dans le reste du pays.
Il ne fait donc aucun doute que la crise a dépassé le cadre purement national pour s’étendre aux pays voisins, voire au reste du monde.
Mais c’est à nous Maliens, et seulement nous, de trouver des solutions et nous devons les trouver vite pour adoucir les souffrances des populations. Si nous ne sommes pas capables de nous entendre, on pourrait déployer 1000 000 Casques Bleus, ça ne servira strictement à rien, la paix ne reviendrait jamais.
Nous allons nous battre unis la main dans la main pour recouvrer la souveraineté totale de notre pays, au moins pour la mémoire de tous nos illustres disparus dont Seydou Badian Kouyaté et Moussa Traoré. Ils ont rejoint leur dernière demeure avec la peur de ce qui pourrait arriver au Mali.
Le combat revêt des aspects individuels et collectifs, intellectuels et psychologiques, militaires et politiques, l’important c’est l’objectif unique à atteindre. Mais il faut se rendre à l’évidence que la situation est complexe et difficile, très difficile.
La difficulté majeure tient à l’unité. Aucune armée, même les plus puissantes, ne peut pas gagner une guerre dans l’inorganisation et la désunion. C’est en faisant « front uni » qu’on arrive à contenir l’adversaire ou vaincre l’ennemi.
Or comme chaque guerre crée ses riches, ses milliardaires, il n’est pas sûr que toutes les Maliennes et tous les Maliens aient la même lecture de ce pourrait être l’issue finale de cette crise. La manipulation continue à avoir raison de nous en nous mettant dos-à-dos. Mais comme le dit Machiavel, en filigrane, le réalisme dans l’exercice du pouvoir, voudrait que l’on fasse avec les faits.
Il est important de noter que si cette crise continue, les « bénéficiaires » d’aujourd’hui risqueraient d’être les futurs plus « grands perdants ». Cela a été aussi une constante dans l’histoire des pays et des peuples.
- « Le mieux est l’ennemi du bien » dit-on. Quand quelque chose est bien, mieux vaut la laisser comme telle, sinon on risque de la perdre en voulant la parfaire.
- Le riche qui pense qu’il est encore et toujours possible de tirer profit d’une situation, une opportunité, prend souvent à son dépend.
- L’obstination des revendicateurs sans limite a toujours fini par agacer même ceux qui les approuvent, qui, eux-aussi pourront finir par se détourner. En effet, les conditions peuvent changer et/ou leurs propres conditions peuvent évoluer.
Mais si l’objectif final, pour la majorité, est de sauver la « maison Mali », l’unité est la première clé de succès. Il est primordial que nous nous acceptions les uns les autres, chacun avec ses qualités et ses défauts.
II – LE LANGAGE DE VERITE EST INDISPENSABLE POUR LA REUSSITE DE TOUTE REFORME.
Toute réforme d’une Entité prend appui sur des faits irréfutables, des dysfonctionnements constatés qui empêchent le fonctionnement normal des Organes de l’Entité.
La « langue de bois » que je traduis par le « MOUSSALAKA » n’a jamais construit, au contraire il est destructeur et explique en grande partie la situation actuelle du pays.
Par refondation de l’Etat, nous entendons les correctifs à apporter aux textes, aux comportements, les mesures à apporter au fonctionnement de l’Etat, pour désormais épargner les générations futures de ce que nous vivons aujourd’hui.
Comme il est très difficile, voire impossible de solutionner un problème qu’on ne maîtrise pas, nous avons envers nous-mêmes un devoir de vérité.
La vérité relative est surtout impartiale. Nous cherchons des solutions pour la cessation des tueries, le retour des réfugiés, à l’insécurité, la réouverture des classes, la reprise des activités économiques, de façon générale aux problèmes.
C’est regrettable de voir que dans notre pays, tout le monde est étiqueté, logé dans une « case » : il est « pour ou contre », il est « pro ou anti », de sorte que les gens ont peur de s’exprimer. Ils « la ferment pour ne pas être classifiés ».
- Singulariser Kidal n’est nullement un sentiment « d’anti », puisque c’est de là, que sont parties toutes les tentatives de déstabilisation du Mali depuis l’indépendance. C’est là où des « filles et des fils » du pays ont pris des armes contre la République, contre les autres filles et fils du pays.
- Parler de la France, dans les tentatives de compréhension des rôles qu’elle joue et des solutions qui pourraient l’impliquer, n’est nullement un sentiment « anti-français ». Les Français aiment leur pays, nous les envions pour cela. Nous avons le droit d’aimer le nôtre aussi. Nous avons le droit de nous apitoyer sur les milliers de nos parents, frères, sœurs, époux et amis refugiés depuis 8 ans ou morts dans des attaques à BOULKESSI, OGOSSAGOUNE, MONDORO, TARKINE, BANDIAGARA, KORO, BANKASS, MOPTI, DIABALY, RADISSON BLU, etc.
- Nous avons toujours dit que la France « citoyenne » est merveilleuse et a été « lumière du monde » dans beaucoup de domaines du savoir. Mais la France « politique » aussi, sait qu’elle n’est pas étrangère dans les misères qui sévissent dans ses colonies notamment celles d’Afrique.
Nous avons toujours dit que la France est une pièce « maîtresse du puzzle » dans les recherches de solutions pour le retour de la paix dans notre pays. Il est important de rappeler que nous ne sommes plus aux années des indépendances.
La jeunesse africaine d’aujourd’hui n’a pas le même lien de « cordon ombilical » avec la France que leurs parents ou grands-parents. Si elle est incapable de prendre en compte les aspirations de cette jeunesse pour négocier de façon relativement « équitable », elle perdra inévitablement l’Afrique dans un contexte d’épuisement des ressources. Les récents mouvements à Dakar sont encore une illustration de cette exaspération des populations africaines dans les colonies françaises.
Alors que l’on cesse de se considérer victime de quoique ce soit. Les Maliens ne sont « pour ou contre personne », ils veulent simplement voir leur pays en paix. Et personne n’en veut aux « séparatistes », depuis 60 ans, sinon ils ne seraient pas acceptés dans les autres régions du Mali, surtout à Bamako. Très métissé, le peuple malien est très pacifique au point qu’on ne comprend pas pourquoi il accepte d’endurer autant de souffrances.
On va tuer et on revient se coucher à Bamako ici. Il est important de rappeler que la ville de Bamako est installée sur les territoires des Régions naturelles du Bélédougou, du Djitoumou et du Mandé et non pas sur l’Azawad. C’est très dur de partager les mêmes villes avec de personnes qui ne veulent pas visiblement de ce pays et tuent des frères et des sœurs pour avoir leur pays.
Et pourtant on accepte. Il ne faut pas que cela soit compris surtout comme une faiblesse.
Alors ne nous laissons pas distraire par les manipulations des autres, allons à l’essentiel, la recherche de la paix. Quand on vous accepte, acceptez aussi les autres. C’est bon de mettre toujours plus haut la barre des revendications, mais il faut aussi craindre le retour d’ascenseur.
III-L’APPROCHE METHODOLOGIQUE POUR L’ELABORATION DES TEXTES.
Comment arriver à refonder ou reformer notre pays ? C’est la grande question. Ce ne sont pas des petites combines en « catimini » qu’on va appeler refondation.
Les diagnostics étant posés, les problèmes et dysfonctionnements connus, les refondations qui réussissent respectent certaines étapes.
Première étape : propositions de textes de « refondation »
Cette étape est très technique. Elle est faite par l’administration. Il est vrai que le pays compte des docteurs, professeurs, etc. dans tous les domaines du savoir. Mais il ne faut pas se leurrer, ce n’est pas une question de diplôme.
Ce sont des hauts Commis de l’Etat très expérimentés, justifiant d’une connaissance du pays dans son fonctionnement, sa géographie, son histoire, ses cultures et les hommes, qui sont les seuls aptes à proposer des textes de portée nationale.
Depuis un certain temps, on constate que les hauts commis de l’Administration sont à l’écart, soit par les faits de la retraite, soit volontairement. Dans ces conditions, la Transition aurait dû penser à mettre rapidement en place une « Commission pluridisciplinaire » pour travailler les textes visés par la relecture et les « nouveaux textes » à écrire.
Deuxième étape très politique : discussions sur les propositions de textes.
Cette étape est très politique. Les propositions de textes sont débattues par la classe politique. Les débats ont eu lieu à l’Assemblée nationale. Ils se poursuivent sur des antennes de radios, des plateaux de télévision entre Hommes politiques et technocrates pour éclairer le public.
Les élus nationaux descendent à la base avec les propositions de textes pour les expliquer aux populations. D’ailleurs les élus ont en principe des représentants, sorte « d’aides ou d’assistants parlementaires » pour maintenir le pont avec leurs bases. Ils recueillent des inquiétudes, des avis, des amendements qu’ils remontent au Parlement.
Que faut-il faire en l’absence de représentants du peuple élus à l’Assemblée nationale ?
La grande faiblesse des membres du CNT, c’est que non élus, ils ne représentent pas le peuple. Alors, pour une grande implication des populations, nous proposons de s’appuyer sur les Organisations professionnelles pour recueillir des avis des populations :
- les élus locaux : maires, conseils de cercle et conseils régionaux,
- la Chambre d’agriculture, présente sur tout le territoire national,
- la Chambre des métiers, présente sur tout le territoire,
- la Chambre du Commerce été d’Industrie, présente sur tout le territoire,
- les Syndicats des corps d’enseignants, présents sur tout le territoire,
- les Organisations des transporteurs, présentes sur tout le territoire,
- l’Association Professionnelle des Banques et Etablissements Financiers,
- l’Association des Compagnies d’assurance,
- l’Association des Institutions de Systèmes Financiers Décentralisés,
- Les Ordres professionnels, Institutions de la République à caractère professionnel :
- l’Ordre des Avocats,
- l’Ordre ou Chambre des Notaires,
- l’Ordre National des Experts Comptables et des Comptables Agréés,
- l’Ordre des Médecins,
- l’Ordre des Pharmaciens,
- l’Ordre des Vétérinaires,
- l’Ordre des Architectes,
- l’Ordre des Huissiers de justice,
- l’Ordre des Ingénieurs Conseils,
- l’Ordre des Conseillers fiscaux,
- l’Ordre des Géomètres experts,
- l’Ordre des Sages-femmes,
- l’Ordre des Commissaires-priseurs
- l’’Organisation Professionnelle des Industriels, (OPI)
- le Conseil National du Patronat du Mali (CNPM)
- l’Association « JOGO NI MAYA ».
Au bout de ce processus, le Gouvernement pourrait être amené à revoir sa copie pour prendre en compte les amendements. Les populations seraient ainsi imprégnées des textes des nouveaux textes.
IV-FACTEURS – CLES DE SUCCES : LE PATRIOTISME.
La « refondation » exclut tout intérêt partisan, la volonté de garder des acquis, des privilèges. Si la refondation ne devrait pas avoir d’impacts significatifs sur les façons de faire, alors, autant ne pas refonder. Cela signifierait simplement le manque de courage. La patrie doit être mise en avant à tous les niveaux dans le processus de refondation projeté.
Le patriotisme est une notion très difficile à prouver. Certaines attitudes nous permettent d’en cerner le contour. A titre d’illustrations, lequel de ces trois cas, traduit mieux le patriotisme ?
- Premier cas: beaucoup de jeunes maliens vont à l’immigration, pour se procurer une situation. Ils font des retours financiers très importants au pays, soit pour bâtir des maternités, des dispensaires, des mosquées dans leurs villages, ou même simplement pour aider la famille ou investir au bercail.
- Deuxième cas: de nombreux cadres aussi, du public et du privé, après avoir suffisamment amassé d’argent, migrent à l’étranger. Comme si cela ne suffisait pas, ils reviennent chercher des mandats électifs, de nominations pour encore puiser dans les ressources du pays pour entretenir leurs investissements.
- Troisième cas: enfin, nos Hommes politiques, Dirigeants et autres élus nationaux ne cessent de s’apitoyer sur les sorts des femmes et de la jeunesse. « Vous êtes l’avenir de ce pays » lancent-ils aux jeunes. « Vous mos mamans, nous épouses, nos sœurs, vous êtes mère de l’humanité, vous retenez toute notre attention », lancent cela à l’endroit des femmes.
Une fois au pouvoir, ils prennent la rémunération de 1000 personnes. Sur les réseaux sociaux, on apprend toute sorte de rémunérations, sans aucun démenti, qui seraient perçues par nos Dirigeants.
A titre d’illustration, une rémunération de 150 000 000 F CFA par mois, équivaut à un salaire net de 150 000 F CFA pour 1000 personnes.
Cela ne serait que la rémunération mensuelle d’une seule personne. Essayez d’extrapoler cela au millier de hauts dirigeants qui nous gouvernent.
La lutte contre la gabegie financière au sommet de l’Etat, dans les Institutions de la République, doit être un des piliers de la refondation. Elle pourrait contribuer sans aucun doute, à l’indépendance économique et financière du pays.
Puisqu’ils sont déjà pris en charges : logements, véhicules, électricité, eau, téléphone, santé, etc., nous faisons les propositions suivantes, pour la révision des textes traitant des rémunérations des Dirigeants du pays.
- La rémunération du Président de la République ne doit excéder 100 fois le Smig. Au montant de 50 000 F CFA du Smig, le salaire net du Président serait de 5000 000 F CFA.
- La rémunération du Premier ministre ne doit pas dépasser 70 fois le Smig, soit 3 500 000 F CFA.
- La rémunération des membres du Gouvernement ne devrait pas dépasser 50 fois le Smig, soit 2 500 000 F CFA. Il est difficile de mesurer les résultats atteints par eux.
- La rémunération des Députés ne doit pas dépasser 20 fois le Smig, soit 1 000 000 de F CFA. Ceux-ci sont payés pour ramener les projets de textes à la base afin de recueillir des observations et amendements. Beaucoup d’entre eux n’ont pas de représentants dans leurs bases, qu’ils paient et ne soumettent presque jamais les projets de textes de lois aux populations.
Il est rappelé qu’ils sont tous pris en charge par l’Etat. La réduction des rémunérations de nos Dirigeants et élus nationaux permettraient de donner du travail à des milliers de jeunes, les évitant ainsi d’aller finir leur vie au fond des mers et des océans.
Il ne fait aucun doute que le plus « patriote », c’est l’immigré. Et pourtant c’est lui qui rencontre toutes sortes de difficultés pour avoir les documents d’état civil du pays, lui permettant de faire valoir son séjour et de travailler : Carte Nina, Passeport, etc.
V – LES DOMAINES DE LA REFONDATION.
Cela a été dit par des grands juristes et autres observateurs. A l’exception de la fameuse « Loi N°2019 – 042 du 24 Juillet 2019 Portant Entente nationale » qui annule toutes les avancées faites par le pays, le Mali souffre plutôt des problèmes « d’application correcte » plutôt que des problèmes d’insuffisance de textes.
- Dans la révision de la Constitution, il serait très judicieux de prévoir la fin du Président « superpuissant ». Il conviendrait de réduire suffisamment ses rôles et d’en repartir à d’autres Institutions de la République.
Il nous parait important d’amoindrir son rôle dans les nominations dans la magistrature dans l’armée et les forces de sécurité.
Nous proposons que les propositions de nominations subissent un « grand oral » devant l’Assemblée nationale sur la base d’un Rapport de la sécurité d’Etat.
- Dans la révision de la Loi Organique et autres textes réglementant les finances publiques, il serait très judicieux de bien réglementer la lutte contre le gaspillage financier. En ce qui concerne les « fonds dits souverains » de la Présidence, la Primature, l’Assemblée nationale, etc., nous proposons de plafonner chaque « fonds » à 500 millions. En effet, leur utilisation n’est jamais claire et le pays pourrait sombrer alors qu’on a des « fonds dits souverains ». Où se trouve la souveraineté ?
En effet, ces fonds devraient être des fonds de secours permettant de mettre le pays à l’abri des dangers imprévus et non budgétisés.
- La révision des textes sur les « équipements militaires ». L’équipement militaire dans notre pays ressemble à « l’histoire des moustiques qui sont chargés de fabriquer des moustiquaires ». Les fonds sur la programmation militaire ont fait couler beaucoup d’encre. On vote des milliers de milliards qu’on confie au Président de la République et aux militaires eux-mêmes. Les fonds sont volatilisés et on envoie les enfants à la « boucherie ».
Il est impossible de mettre les achats d’armes sur la place publique. Seule la qualité des personnes impliquées me semble la solution. C’est pourquoi l’audition des proposés aux postes de commandements est un palliatif.
- Dans la révision de la loi électorale, les conditions de recevabilité des candidatures doivent ignorer le principe juridique de la « présomption d’innocence ». Comment un « prisonnier » va-t-il être candidat ?
C’est tout simplement ridicule et honteux. Ou bien on le juge, ou on le libère de la prison. Il serait aussi important de prévoir un niveau minimal pour chaque niveau d’élection : national, régional, local.
En conclusion, il est vrai que les populations attendent beaucoup de cette refondation, mais il serait illusoire de croire que la refondation va être la panacée à tous nos problèmes.
Siné DIARRA
Expert-Comptable,
Enseignant de Comptabilités, Finances et Audit
Cell : 66 89 69 69 / 76 89 69 69
Source: Mali Tribune