La refondation de l’Etat malien demeure une priorité des autorités en place. C’est en tout cas ce qu’a expliqué le ministre Mamadou Mohamed Coulibaly. Selon lui, cette refondation s’impose parce que l’ancien système de gouvernance pose problème. « Nous avons ressenti les méfaits de la mal gouvernance. Ce qui a amené les populations à manifester leur désaccord contre cette façon de les gouverner. Les attentes sont nombreuses sur ce plan. On doit faire à ce que les institutions soient légitimes », a laissé entendre le ministre de la Refondation de l’Etat. Pour lui, il ne faut plus continuer avec la routine, en faisant ce qui se fait depuis 1960, il faut le changement.
Les trois axes sur lesquels se développera la mission du département de la Refondation
Le gouvernement compte, selon le ministre Mamadou Mohamed Coulibaly, réussir ce combat à travers trois axes qui sont : la promotion de la bonne gouvernance ; les réformes politiques et institutionnelles et l’adoption du pacte de la stabilité sociale.
Le premier axe, c’est la promotion de la bonne gouvernance. Selon le ministre Coulibaly, la mal gouvernance fait partie des causes de la faillite de l’Etat malien. « Dans notre pays, nous avons vu les ravages de la corruption, les ravages de la partialité politique, de relation et de tout ce qui est normalement impropre à l’État qui devrait être un instrument impartial. Cela se passe tant sur le plan politique, économique, social, culturel… », a déploré le ministre Mamadou Mohamed Coulibaly qui trouve qu’il est nécessaire de « refonder la gouvernance » au Mali. A ce titre, le gouvernement, compte, entre autres : restaurer l’autorité et l’utilité sociale de l’Etat à travers la fourniture des services sociaux de base ; promouvoir la citoyenneté et le civisme à travers l’éducation et la culture ; renforcer la lutte contre l’impunité et accentuer la lutte contre la corruption ; rationaliser les dépenses publiques en réduisant le train de vie de l’Etat ; auditer la gestion des fonds alloués aux secteurs de sécurité, de la défense et de la justice, dans le cadre des lois d’orientation et de programmation. Pour l’atteinte de ces objectifs, le gouvernement, selon le document du ministère de la Refondation de l’Etat, prévoit plusieurs actions dont l’information et la sensibilisation des agents publics et citoyens sur le respect des symboles de l’Etat ; la déclaration obligatoire des biens des fonctionnaires et agents de l’Etat occupant des postes de responsabilité ; l’audit des institutions, organismes, personnalités et autorités administratives indépendantes.
Le 2ème axe concerne les réformes politiques et institutionnelles. Il s’agit, à ce niveau, pour les gouvernants, de parachever le processus de réorganisation territoriale ; de reformer le système électoral en prenant en compte les Maliens établis à l’extérieur ; d’élaborer et d’adopter une nouvelle constitution et de poursuivre le chantier de la régionalisation. Quant aux actions envisagées, elles sont, entre autres : l’organisation d’une table ronde avec les partenaires au développement sur la refondation de l’Etat ; l’élaboration de l’avant-projet de constitution ; l’organisation des colloques, ateliers, séminaires et conférences thématiques sur les réformes constitutionnelles, la consolidation de la démocratie et de l’Etat de droit ; l’organisation des consultations sur l’avant-projet de la constitution.
Le 3ème et dernier axe concerne l’adoption d’un pacte de stabilité sociale. Selon le ministre Coulibaly, son département, à travers cet axe, souhaite : engager le débat sur les questions de société comme le rôle des autorités coutumières et religieuses ; relancer le dialogue avec les groupes radicaux maliens ; engager le dialogue entre les communautés et acteurs locaux en conflit ; créer les conditions favorisant le retour des déplacés et réfugiés ; accélérer le processus d’indemnisation de victimes depuis 1969.
La Refondation de la classe politique
Cette conférence de presse a été l’occasion pour le ministre de la Refondation de l’Etat, Mamadou Mohamed Coulibaly, de déplorer le désordre dans la classe politique malienne avec la prolifération des partis. « On a vu la prolifération des partis au niveau du Mali. Tout le monde veut être là, tout le monde veut avoir son parti », a-t-il déclaré. Pour lui, l’anarchie de la classe politique ne sert pas le combat politique. Il y a, donc, selon lui, lieu de faire un débat avec la classe politique pour rationaliser le jeu politique. « On ne va pas laisser proliférer sur la scène des partis qui ne répondent pas réellement au statut du parti. L’État doit désormais veiller à la qualité institutionnelle des partis », s’est engagé le ministre de la Refondation de l’Etat. Aussi, selon le ministre Mamadou Mohamed Coulibaly, les fonds politiques alloués aux partis politiques doivent, désormais, se mériter. Seuls les partis répondant à tous les critères d’une vraie formation politique en bénéficieront. « L’Etat doit s’assurer que vous avez une utilité publique que vous rendez à la Nation par vos actions, par la sélection des meilleurs candidats pour les proposer aux postes de responsabilités publiques pour vous accorder des fonds publics. Mais si vous êtes un petit club qui cherche à vivre ou à résoudre vos propres problèmes, l’Etat ne peut pas vous accorder de fonds », a-t-il dit haut et fort avant d’ajouter : « Nous allons travailler à réadapter les règles du jeu politique ».
A en croire le ministre Coulibaly, en plus des partis politiques, il faut revoir les associations de la société civile maliennes ainsi que les médias.
Il faut préciser le département de la Refondation a déjà élaboré son agenda de 2021.
Boureima Guindo
Source: Journal le Pays- Mali