Quatre militaires ougandais et trois civils ont été tués jeudi dans un affrontement entre des patrouilles congolaise et ougandaise sur les eaux du lac Édouard que se partagent la République démocratique du Congo et l’Ouganda, a annoncé un responsable local congolais.
Cet affrontement, ainsi que d’autres violences dans la région, ont fait au total 15 morts.
Des combats ont opposé le même jour l’armée congolaise aux rebelles ougandais des Forces démocratiques alliées (ADF) et aussi à une milice locale, faisant huit autres morts, selon l’armée.
Une patrouille militaire navale de la RDC a été “attaquée ce matin (jeudi) par un convoi de patrouilleurs ougandais dans les eaux congolaises” du lac Édouard, a déclaré à l’AFP M. Donat Kibwana, administrateur du territoire de Beni, dans le Nord-Kivu (est). “Le navire ougandais a chaviré, quatre militaires et trois civils ougandais sont morts” et “côté congolais, un militaire et un civil ont été blessés”, a-t-il dit.
L’engagement a eu lieu à la hauteur du village congolais de Kyavinyonge, situé sur les rives du lac Édouard.
Depuis le début de l’année, des accrochages entre les forces de sécurité congolaises et ougandaises se sont multipliés, selon M. Kibwana.
Mercredi, une patrouille ougandaise avait pris en otage 18 pêcheurs congolais alors qu’ils installaient leurs filets.
La force navale congolaise a pour mission de dissuader l’activité des groupes armés actifs aux abords du lac Édouard, dont plusieurs milices locales Maï-Maï et des rébellions venues du Rwanda et de l’Ouganda voisins.
– Miliciens et rebelles tués –
Jeudi également à Kanyihunga, localité située à une cinquantaine de km au nord du lac Édouard, trois Maï-Maï ont été tués lors d’une attaque de ces miliciens contre une position de l’armée, a déclaré à l’AFP le capitaine Mak Hazukay, porte-parole de l’armée dans la région.
Selon l’officier, des combats entre l’armée congolaise et des rebelles ougandais ADF ont fait “cinq morts côté rebelles” à Mwalika, une localité de la province troublée du Nord-Kivu.
Officiellement opposés au pouvoir du président ougandais Yoweri Museveni, les ADF sont des rebelles musulmans à l’idéologie méconnue. Ces rebelles vivent repliés sur eux-mêmes.
Créés en 1989 pour défendre les droits de musulmans qui s’estimaient bafoués par le régime de Kampala, ces rebelles ont été progressivement repoussés vers l’ouest par l’armée ougandaise et se sont installées dans l’est de la RDC, une région riche en ressources naturelles et en proie à de nombreux conflits armés.
Ils sont accusés par les autorités congolaises et la Mission des Nations unies au Congo (Monusco) d’avoir tué plusieurs centaines de civils depuis 2014 dans la région de Beni.
Cette version a été remise en cause en 2015 par le Groupe d’études sur le Congo de l’Université de New York, selon lequel les responsabilités sont partagées entre les ADF et d’autres éléments armés, dont des membres de l’armée congolaise.
Les ADF sont également accusés de la mort de quinze Casques bleus tanzaniens dans la région de Beni en décembre 2017.
Les relations entre la RDC et l’Ouganda sont complexes, sur fond de partage des ressources énergétiques des lacs Albert et Édouard.
Kampala a soutenu en 1997 le renversement du maréchal Mobutu Sese Seko par Laurent-Désiré Kabila (père de l’actuel président congolais Joseph Kabila) avant un retournement d’alliance.
Tv5monde