Le 6 novembre 2004, deux avions Sukhoï des forces loyalistes ivoiriennes bombardaient le camp de la Force française Licorne à Bouaké dans le centre de la Côte d’Ivoire, faisant 10 morts dont 9 soldats français et 38 blessés. Plus de 13 ans après, selon Médiapart qui a eu accès au réquisitoire, le parquet de Paris requiert le renvoi devant une cour d’assises de trois pilotes, un Biélorusse et deux Ivoiriens, toujours recherchés.
Il y aura donc probablement un procès en cour d’assises pour assassinats, tentatives d’assassinat et destruction de biens, des trois pilotes ivoiriens et biélorusses : Yury Sushkin, Biélorusse ; Patrice Ouei et Ange Magloire Ganduillet Attualy, Ivoiriens. Les trois hommes sont toujours recherchés et sous mandat d’arrêt.
Le parquet de Paris ordonne en revanche un non-lieu partiel pour Barys Smahin. Selon Médiapart « son implication ne serait finalement pas établie ». Selon une source proche du dossier, il se pourrait qu’il soit mort depuis.
En 2004, dix jours après les faits, huit ressortissants slaves sont arrêtés à la frontière entre le Ghana et le Togo, soupçonnés par les autorités togolaises d’avoir participé ou d’être en lien avec le bombardement. Faute de réaction de Paris, ils sont relâchés.
Le réquisitoire pointe donc aussi du doigt l’atitude du gouvernement français à l’époque, qui par deux fois en 2004 ne pose aucun acte juridique alors que des suspects ou potentiels témoins sont à sa disposition. Inaction qui entraine leur libération.
En 2016, la juge d’instruction Sabine Kheris soupconne donc une concertation « à un haut niveau de l’Etat ». La magistrate estime alors dans son ordonnance que la décision de ne rien faire « avait été prise à l’identique par les ministères de l’Intérieur, de la Défense et des Affaires étrangères » et sollicite le renvoi des ministres de l’époque, Dominique de Villepin, Michèle Alliot-Marie et Michel Barnier devant la Cour de Justice de la République. Deux ans plus tard, le parquet se pose les mêmes interrogations sur le rôle du gouvernement français.
Maître Jean Balan, l’avocat des parties civiles, se dit, maglré tout, satisfait de l’évolution d’un dossier qui comporte encore de nombreuses zones d’ombres.