Le Représentant-résident du Fonds Monétaire International (FMI) au Mali, Anton Op De Beke, était le jeudi dernier l’invité du Conseil économique, social et culturel, sis à Koulouba. C’était pour entretenir l’auditoire des rôles et missions de cette structure onusienne considérée – certainement à tord – comme une institution qui en impose aux Etats. Cela à la veille de l’examen par le conseil d’administration, le 18 décembre 2013 à Washington, du nouveau programme d’accompagnement pour le Mali intitulé Facilités Elargies de Crédits (FEC).
L‘exposé du Représentant-résident du FMI a porté sur deux thèmes majeurs, à savoir » les perspectives économiques régionales : l’Afrique subsaharienne- maintenir le rythme » et la « situation macroéconomique et financière du Mali » désormais intimement liées au nouveau programme Facilités Elargies de Crédits (FEC) du FMI pour le Mali.
En ce qui concerne les perspectives régionales de l’Afrique subsaharienne, le FMI, dans un document, soutient que « les vents contraires qui ont soufflé dernièrement dans le monde ont freiné modérément la croissance économique de l’Afrique subsaharienne en 2013, mais le rythme de l’activité devrait s’accélérer en 2014 « .
Il faudrait, toutefois, pour cela » mobiliser avant tout des recettes publiques pour dégager des ressources en faveur des dépenses sociales et des investissements prioritaires, et, dans certains cas, pour renforcer aussi les amortissements budgétaires « . Selon le FMI, afin de maintenir le rythme de la croissance, tous les « pays devraient redoubler d’efforts pour améliorer encore le climat des affaires, en simplifiant la réglementation et en réduisant le poids des formalités administratives, et œuvrer à l’amélioration de leurs statistiques économiques « .
La croissance au niveau de cette partie du continent, selon le FMI, devrait rester solide, avec quelque 5% en 2013 et 6% en 2014, grâce à la poursuite des investissements dans les infrastructures et les capacités de production. Quant aux risques qui pèsent sur les perspectives de la région, d’après le FMI, ils sont surtout d’ordre externe. Des chocs temporaires importants mais plausibles sur les prix internationaux des produits de base ne remettraient pas en cause la croissance moyenne de l’Afrique subsaharienne, mais le taux de croissance et la balance de paiements courants pourraient s’en ressentir sensiblement dans certains pays qui exploitent intensivement les ressources naturelles. L’autre risque auquel sont exposées les perspectives de la région est celui d’un nouvel affaiblissement des économies de marché émergentes (dont certains des nouveaux partenaires économiques de l’Afrique subsaharienne) ou avancées.
Les aléas d’origine interne, comme ceux qui résultent d’une évolution défavorable de l’offre liée à des chocs climatiques ou à des événements politiques, sont importants pour certains pays, voire pour leur environnement immédiat, mais ne menacent pas la région dans son ensemble, selon l’institution onusienne.
En ce qui concerne le nouveau programme pour le Mali, intitulé FEC (Facilités Elargies de Crédits), il porte sur une enveloppe de 23 milliards FCFA que le Fonds monétaire international devra approuver, le 18 décembre prochain, lors de son conseil d’administration.
229 milliards FCFA partis dans les exo
Ce programme viendra appuyer la politique budgétaire de notre pays pour garantir la stabilité macroéconomique et opérer les réformes structurelles nécessaires. Cet appui financier du FMI, malgré sa modestie, est un catalyseur pour d’autres bailleurs de fonds. Les grandes lignes du FEC étant l’accompagnement de notre gouvernement pour une politique budgétaire soutenable alignée sur le PRED, le suivi des réformes en vue d’améliorer la gestion des finances publiques et l’environnement des affaires.
Ces reformes visent, entre autres, à augmenter le taux des contributions fiscales ; cela quand on sait, par exemple, que beaucoup d’opérateurs économiques sous déclarent leurs impôts et 80% d’entre eux sous déclarent leurs chiffres d’affaires. Cette contribution du FMI permettra également d’auditer la chaîne des dépenses et de lutter contre la corruption. Pour le Représentant-résident du FMI, son institution n’impose rien au gouvernement malien ; mais il suit à la loupe l’exécution de la loi des finances qui est un budget approuvé par les représentants du peuple malien.
Lors de sa présentation, le Représentant-résident du FMI a donné quelques chiffres qui donnent au contribuable froid au dos. Ces montants portent sur des subventions accordées par l’Etat sans qu’on ne sache si ce sont réellement les populations qui en sont les vrais bénéficiaires. Les intrants agricoles sont subventionnés chaque année en termes de milliards FCFA, sans qu’on sache où va tout cet argent. En 2013, l’Etat a subventionné l’EDM, à hauteur de 40 milliards FCFA alors que c’est seulement 15% de la population qui a accès à cette électricité.
Avec cette subvention ainsi accordée, c’est comme si tous les Maliens y avaient contribué. Il faut ajouter à cela d’autres subventions sur les produits pétroliers avec son lot de scandales mais qui n’ont jamais été sanctionnés comme tels. Tant sous Alpha Oumar Konaré que sous ATT.
En 2011, les exo ont coûté au contribuable malien 231 milliards FCFA dont 121 milliards FCFA sur les impôts et 109 milliards FCFA sur la douane. Ce qui fait 4,6% du PIB. En 2012, ce sont 229 milliards FCFA dont 111 milliards FCFA sur les impôts et 117 milliards FCFA sur la douane qui ont été des « manques à gagner » pour l’Etat. Pour ce qui concerne les subventions accordées, sur chaque quatre francs, l’Etat laisse un franc avec les opérateurs économiques. Une situation qui est tout simplement insoutenable car, l’Etat, au risque d’aller en faillite ne saurait continuer à être la vache laitière de tous les profiteurs qui vivent » des subventions « . Comme c’est le cas pour le gaz où il y a toujours une petite subvention alors que moins de 2% de la population utilise le gaz domestique.
C’est dire qu’il va falloir un gros bâton pour taper dans cette fourmilière de la corruption où décideurs et opérateurs économiques » se donnent la main » pour détourner les deniers publics. Au rythme où les arrestations se passent ces derniers jours, l’espoir est permis de voir un jour moraliser l’attribution de faramineuses subventions qui n’ont aucune incidence sur le panier de la ménagère encore moins sur le portefeuille du chef de famille.
« Le gouvernement actuel veut utiliser la transparence dans le but de rendre l’Etat plus efficace « . Telle est l’observation qui nous a été faite par le Représentant-résident à la suite de son passage devant les membres de la commission économique et financière du CESC. Une séance d’information dont l’éclat avait été rehaussé par la participation du président de l’institution, Jeamille Bittar qui a, de son côté, souhaité que cette première rencontre puisse être le début d’un partenariat fécond entre son institution et le Fonds monétaire international.
Mamadou FOFANA
Source: L’Indépendant