Le 10 décembre dernier, les soldats français de l’Opération Serval ont mené une grande offensive à Tombouctou qui s’est soldée par la mort de 19 jihadistes. Si les autorités maliennes ont salué le succès de l’intervention, elles ont par contre mal digéré le fait qu’elle ait été menée sans les en avoir informées.
Est-ce l’intervention de trop, celle que l’armée française a menée le 10 décembre dernier à Tombouctou contre une katiba (unité combattante) de Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI)? Côté pouvoir à Bamako, on le pense, mais on se garde de le dire ouvertement. Le comportement de l’armée française agace quelque peu les autorités maliennes en premier lieu, le N01 malien IBK, Ibrahim Boubaka Kéïta. Déjà le 5 décembre dernier à Paris où il séjournait dans le cadre du sommet de l’Elysée pour la paix et la sécurité en Afrique, le président malien a exprimé un certain ras-le-bol, dans l’interview accordée au quotidien Le monde: «La communauté internationale nous oblige à négocier sur notre sol avec des gens qui ont pris des armes contre l’Etat… Dans quelle comedia dell’ arte sommes nous?» s’était-il étonné avec une pointe d’humour. Le locataire du palais du Mont Koulouba, le siège de la présidence malienne, faisait allusion à la situation à Kidal où la France ménage visiblement la rébellion touareg du MNLA. IBK a même affirmé que les Maliens qui avaient au départ applaudi l’intervention française, s’interrogent aujourd’hui. Paris qui a fait la sourde oreille à ces critiques, va à travers sa vaste offensive à Tombouctou, quelques jours plus tard, confirmer ce que nombre de Maliens disent, à savoir qu’elle agit comme en territoire conquis. Dans l’entourage du président malien, l’on affirme que même si la France ne voulait pas associer l’armée malienne à cette offensive, elle aurait dû au moins la prévenir.
Or, à Paris, l’on craint justement qu’en le faisant, l’opération qu’on voulait entourer du plus grand secret, afin d’en garantir le succès, risquait d’être éventée et foirer. Quelque 3000 soldats français sont encore opérationnels au Mali dans le cadre de l’opération Serval. Ce sont eux, avec le soutien des forces africaines qui vont sécuriser le deuxième tour des législatives qui ont lieu ce dimanche 15 décembre. Lors du premier tour, le 24 novembre dernier, aucun parti n’a réussi à avoir la majorité de députés susceptible de lui permettre de diriger le parlement.
Sur les 147 sièges à pourvoir, seuls 19 l’ont été. Ce deuxième tour sera très disputé entre les deux principaux partis qui se sont détachés à savoir le Rassemblement Pour le Mali (RPM) du président IBK et l’Union pour la République et la Démocratie (URD) de son challenger de la dernière présidentielle, Soumaïla Cissé.
I YATTARA
Source: L’Informateur