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Rapport de l’IPBES sur la biodiversité : Un million d’espèces menacées de disparition dans le monde

La Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) a publié le lundi dernier un communiqué de presse sur son rapport accablant sur l’état désastreux de la biodiversité dans le monde. Ce communiqué vient en prélude à ce rapport de plus de 1000 pages qui devra être publié dans les jours ou mois à venir.

 

Un rapport inédit qui fait état de 1 000 000 d’espèces menacées de disparition dans le monde à cause des activités incontrôlées de l’homme. C’est ce qui ressort du rapport d’IPBES sur l’évaluation globale de la biodiversité et des services écosystémiques dans le monde. Un document dont le résumé a été approuvé lors de la 7e session plénière de l’IPBES à Paris du 29 au 4 mai 2019.

«La nature recule globalement à un rythme sans précédent dans l’histoire de l’humanité – et le taux d’extinction d’espèces s’accélère, entraînant de graves conséquences pour les populations du monde entier », lit-on dans le communiqué de presse de la Plateforme IPBES.  Selon le président de ladite plateforme, Robert Watson, «Les preuves accablantes de l’évaluation globale de l’IPBES, issues d’un large éventail de domaines de connaissances, donnent une image inquiétante».

Il poursuit en précisant : «La santé des écosystèmes, dont nous et toutes les autres espèces dépendons, se détériore plus rapidement que jamais. Nous érodons les fondements mêmes de nos économies, de nos moyens de subsistance, de la sécurité alimentaire, de la santé et de la qualité de la vie dans le monde. »

À en croire le communiqué, ce rapport indique qu’il n’est pas encore tard pour mieux faire afin de conserver, restaurer la nature et l’utiliser de façon durable. Selon ce communiqué avant-coureur, ces mesures sont essentielles pour l’atteinte des objectifs du développement durable. « Par changement transformateur, nous entendons une réorganisation fondamentale à l’échelle du système qui englobe des facteurs technologiques, économiques et sociaux, notamment des paradigmes, des objectifs et des valeurs », précise Watson qui indique ensuite : «Les États membres de la plénière de l’IPBES ont maintenant reconnu que de par leur nature même, un changement transformateur peut susciter une opposition de la part des personnes ayant des intérêts dans le statu quo, mais aussi qu’une telle opposition peut être surmontée pour le bien public plus large».

Ce même communiqué publié sur le site de ladite plateforme intergouvernementale indique que ce rapport d’évaluation est le plus complet qui soit jamais réalisé dans le monde et qu’il est unique en son genre. « Il s’appuie sur l’évaluation historique des écosystèmes pour le millénaire, réalisée en 2005, et propose des méthodes novatrices d’évaluation des preuves », lit-on dans ce communiqué.

Rappelons que ce rapport est le travail de 145 auteurs experts provenant de 50 pays au cours des trois dernières années, avec la contribution de 310 autres auteurs.

Dans ce communiqué, nous pouvons comprendre également que ce rapport est une évaluation des changements survenus au cours des cinq dernières décennies. Partant de là, il fournit une image complète de la relation entre les trajectoires de développement économique et leurs impacts sur la nature, précise ledit communiqué qui explique : « Il propose également une gamme de scénarios possibles pour les décennies à venir. »

Notons également que ce rapport est le fruit provenant de 15 000 sources scientifiques et gouvernementales et s’appuie sur les connaissances autochtones et locales. Ce document inédit fait état de l’importance de la biodiversité ainsi que du rapport inextricable entre toutes les espèces de la nature. « Le rapport constate qu’environ un million d’espèces animales et végétales sont maintenant menacées de disparition, dont beaucoup en quelques décennies, plus que jamais auparavant dans l’histoire de l’humanité », déplore le communiqué de presse.

Dans le monde, les espèces indigènes sont en diminution d’au moins 20% depuis 1900. Quant aux espèces amphibiens, plus de 40% sont en disparition, près de 33% des coraux sont en reconstitution. Tous les mammifères marins sont menacés de disparition, précise l’IPBES. Quant aux vertébrés, moins de 680 espèces ont disparu depuis le 16e siècle. Quant aux races de mammifères domestiques servant dans l’alimentation de l’homme, 9% d’entre eux ont disparu uniquement en 2016. Outre, 1000 autres espèces subissent les mêmes menaces. «Les écosystèmes, les espèces, les populations sauvages, les variétés locales et les races de plantes et d’animaux domestiques sont en train de se rétrécir, de se détériorer ou de disparaître. Le réseau essentiel et interconnecté de la vie sur Terre est de plus en plus petit et de plus en plus effiloché », a déclaré le professeur Settele dans ce communiqué qui précise davantage : « Cette perte est le résultat direct de l’activité humaine et constitue une menace directe pour le bien-être humain dans toutes les régions du monde. »

Pour obtenir un changement qualitatif vis-à-vis de la biodiversité, les évaluateurs de ce rapport élaborent les cinq facteurs responsables de cette dégradation. Parmi ceux-ci, ils citent : des modifications de l’utilisation des terres et des mers ; l’exploitation directe d’organismes ; le changement climatique ; la pollution et les espèces exotiques envahissantes. « Le rapport note que, depuis 1980, les émissions de gaz à effet de serre ont doublé, augmentant la température moyenne de la planète d’au moins 0,7 degré Celsius. Dans certains cas, l’impact des changements d’utilisation de la terre et de la mer et d’autres facteurs est dépassé », précise-t-on dans ce communiqué.

Si les politiques ne changent pas rapidement de fusils d’épaule, indique ledit rapport, il serait difficile d’atteindre les objectifs de développement mondiaux, notamment en ce qui concerne la pauvreté, la faim, la santé, l’eau, les villes, le climat, les océans et les terres 2, 3, 6, 11, 13, 14 et 15).

«Pour mieux comprendre et plus important encore, s’attaquer aux principales causes des dommages causés à la biodiversité et à la contribution de la nature à l’homme, nous devons comprendre l’histoire et l’interconnexion mondiale de facteurs de changement démographiques et économiques complexes, ainsi que les valeurs sociales qui  les soutiennent », a déclaré le professeur Brondízio avant de préciser :  «Les principaux facteurs indirects comprennent l’augmentation de la population et la consommation par habitant; l’innovation technologique, qui, dans certains cas a réduit et dans d’autres cas augmenté les dommages causés à la nature; et, de manière critique, les questions de gouvernance et de responsabilité. Une tendance se dessine, c’est celle de l’interconnectivité mondiale et du « télécouplage », l’extraction et la production des ressources ayant souvent lieu dans une partie du monde pour satisfaire les besoins des consommateurs lointains d’autres régions. »

Parlant du bien-fondé de ce document, Audrey Azoulay, Directrice générale de l’UNESCO, indique : «Le rapport d’évaluation mondial 2019 de l’IPBES sur la biodiversité et les services écosystémiques arrive à un moment critique pour la planète et tous ses peuples. Les conclusions du rapport – et les années de travail assidu des nombreux scientifiques qui ont contribué – fourniront une vue d’ensemble des conditions actuelles de la biodiversité dans le monde. »

À l’en croire, la sainteté de la biodiversité constitue une infrastructure indispensable pour toutes les vies sur la terre. Car elle délivre des solutions naturelles aux problèmes environnementaux, économiques et sociaux auxquels le monde est confronté. Parmi ces problèmes, elle précise entre autres : le changement climatique, le développement durable, la santé, la sécurité de l’eau et la sécurité alimentaire.

Partant, Mme Azoulay a tenu à faire savoir : « Nous préparons actuellement la Conférence des Nations Unies sur la diversité biologique à l’horizon 2020 en Chine qui marquera la clôture des objectifs d’Aichi pour la biodiversité et jettera les bases d’un axe de développement durable axé sur l’environnement après 2020 et visant à offrir de multiples avantages aux populations, à la planète et à notre économie mondiale. »

Ce document servira de repère pour l’atteinte de tous les objectifs de développement durable dans le monde, a-t-elle conclu.

Fousseni TOGOLA

 LE PAYS

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