Hier, jeudi 6 juin 2019, la Division des Droits de l’Homme et de la Protection (DDHP) de la MINUSMA (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali), dirigé par Guillaume Ngefa, a publié son rapport sur les abus des droits de l’homme commis dans le village de Koulogon peul (commune de Koulogon-Habe, cercle de Bankass, région de Mopti), le 1er janvier 2019. Ce rapport de 21 pages précise que le nombre total de morts au sein de la communauté peule s’élève à 39 et comprend deux femmes, deux filles et deux garçons. Il ressort dans le rapport que 12 suspects ont été arrêtés suite à l’attaque de Koulogon le 1er janvier dernier. Les rapporteurs recommandent au gouvernement malien de collecter systématiquement les armes détenues par les dozos dans les régions du Centre et mettre en place un cadre normatif de régulation et de contrôle d’acquisition d’armes.
Le rapport révèle que la mission d’établissement des faits de la DDHP a permis de conclure que l’attaque menée, le 1er janvier 2019, sur le village de Koulogon-Peul par une centaine d’individus identifiés en majorité comme des chasseurs traditionnels appuyés par des individus provenant de villages avoisinants, a été planifiée, organisée et coordonnée. « Le jour de l’attaque, les assaillants, armés de fusils de chasses, d’armes automatiques et d’armes blanches, ont tué 36 membres de la communauté peule. Ils ont délibérément ciblé et tué par balle les hommes de la communauté peule et le chef du village, bien qu’une femme et quatre enfants aient également été tués durant l’attaque. Le corps d’un homme a été retrouvé en brousse cinq jours plus tard, et deux des blessés sont décédés à l’hôpital. Le nombre total de morts au sein de la communauté peule s’élève ainsi à 39 et comprend deux femmes, deux filles et deux garçons », souligne le rapport. Selon la Minusma, les actes documentés dans ce rapport constituent des abus graves des droits de l’homme en particulier les meurtres, les mutilations et autres blessures, et la destruction et le pillage de biens. Aux dires de la mission onusienne au Mali, ces actes constituent également des crimes au regard du droit pénal malien. « Les autorités maliennes ont ouvert une enquête judiciaire près du Tribunal de Grande Instance de Mopti et ont déclaré avoir arrêté 12 suspects, dont quatre étaient en détention et huit sous contrôle judiciaire à la publication de ce rapport. Certains éléments émanant de l’enquête menée par la DDHP restent à clarifier par la justice malienne, notamment le degré d’implication des autorités locales, la planification de l’attaque, la provenance des rames utilisées, et l’ampleur des vols et des pillages allégués », indique le rapport. Ainsi, les rapporteurs recommandent au Gouvernement du Mali de mener à bien les enquêtes ouvertes, de manière impartiales et efficaces pour identifier les auteurs de l’attaque de Koulogon-Peul, notamment le degré d’implication des autorités locales, et les traduire devant les juridictions appropriées, dans le respect des normes internationales des droits de l’homme applicables ; de remplir ses obligations relatives à la promotion et la protection des droit de homme, y compris dans le contexte des violences sur fond de tensions communautaires ; de promouvoir les initiatives de réconciliation et de cohésion communautaire, notamment en favorisant un dialogue inclusif et consensuel sur les moyens de résolution des conflits ; d’assurer la gestion des restes de munitions sur site, notamment la présence éventuelle de munitions non-tirées présentant un danger pour les habitants du village ; de collecter systématiquement les armes détenues par les dozos dans les régions du Centre et mettre en place un cadre normatif de régulation et de contrôle d’acquisition d’armes et d’apporter une assistance humanitaire dans le village ou déplacés. En outre, les rapporteurs recommandent à la Minusma d’appuyer les autorités maliennes dans les enquêtes judiciaires ouvertes par le Procureur de Mopti; d’appuyer les autorités maliennes dans la collecte et la récupération des armes au sein des communautés peule et dogon ; de renforcer les patrouilles aériennes de la MINUSMA en collaboration avec celles de celle de l’armée de l’air malienne. Enfin, les rapporteurs recommandent à la communauté internationale d’appuyer les organisations humanitaires pour la fourniture d’assistance de première nécessité, notamment alimentaire et sanitaire, auprès des populations locales affectées et des populations déplacées, de continuer à appuyer les autorités maliennes dans leur stratégie de sécurisation des régions du Centre et appuyer les initiatives de réconciliation et de cohésion sociale pour prévenir les cycles de violences intercommunautaires.
Aguibou Sogodogo
Source: Le Républicain