Hier, mercredi 07 avril 2021, les responsables d’Amnesty International Mali étaient face à la presse, à la Maison de la Presse de Bamako, pour rendre public le rapport 2020-2021 d’Amnesty International sur la situation des droits humains dans le monde. Ce rapport couvre 149 pays dont 35 d’Afrique subsaharienne et présente une analyse détaillée des grandes tendances en matière de droits humains observées à travers le monde en 2020.
L’organisation y indique que, dans la majeure partie du continent, les affrontements entre les États et les groupes armés et les attaques contre les civils n’ont pas cessé et, dans certains cas, ont même pris de l’ampleur. «Des groupes armés et les forces de sécurité ont commis des crimes de droit international en toute impunité…», précise Mme Ramata Guissé, directrice exécutive d’Amnesty International Mali lors de la lecture du rapport concernant la partie du Mali.Cette conférence de presse était animée par la directrice exécutive d’Amnesty International Mali, Mme Ramata Guissé, en présence de Salif Fofana, Aïssata Dicko, Hamane Touré, tous d’Amnesty International Mali. « Des groupes armés et les forces de sécurité ont commis des crimes de droit international en toute impunité. La police a fait usage d’une force excessive, notamment contre des manifestantes. Des militantes et des représentants de l’État liés au gouvernement précédent ont été arrêtés et détenus arbitrairement. Les autorités n’ont pas suffisamment agi pour protéger les femmes et les filles des mutilations génitales féminines. Des personnes faisaient l’objet de discriminations en raison de leur statut social présumé. Le conflit en cours et la pandémie de COVI D-19 ont gravement nui aux droits à la santé et à l’éducation », a déclaré la directrice exécutive d’Amnesty International Mali, Mme Ramata Guissé lors de cette conférence de presse. Avant d’ajouter que la situation sur le plan de la sécurité demeurait précaire compte tenu du conflit en cours, en particulier dans les régions centrales où opéraient différents groupes armés, notamment le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), l’État islamique au Grand Sahara (EIGS) et des « milices d’autodéfense » autoproclamées. Le rapport de Amnesty International indique que des groupes armés ont commis des crimes de guerre et d’autres exactions, se rendant coupables notamment de dizaines d’attaques contre la population civile. Ledit rapport accuse également l’armée malienne de commettre des exactions. « L’armée malienne a commis des crimes de guerre et d’autres violations des droits humains à l’encontre de la population civile au cours de ses opérations. Entre le 3 février et le 10 mars, au moins 23 civils ont été tués par des militaires dans le cercle de Niono (région de Ségou) et au moins 27 autres ont été victimes d’une disparition forcée », a souligné Mme Ramata Guissé. Le rapport de Amnesty international évoque aussi du recours excessif à la force au Mali, des arrestations et détentions arbitraires, des cas d’enlèvement et de discrimination au Mali, des violentes faites aux femmes et aux filles. Par rapport aux droits à la santé, le rapport d’Amnesty international indique qu’en juin 2020, des organisations humanitaires estimaient que 23 % des centres de santé maliens n’étaient pas opérationnels ou ne l’étaient que partiellement du fait de restrictions budgétaires, ainsi que des répercussions de la pandémie de COVID-19 et du conflit sur les services publics. « Les Nations unies ont recensé environ 287 496 personnes déplacées et 42 780 personnes réfugiées », révèle le rapport d’Amnesty International. En outre, ce rapport rappelle que des enfants étaient privés de leur droit à l’éducation en raison des activités des groupes armés, en particulier dans le centre du Mali. Selon l’UNICEF, poursuit le rapport, 1 261 écoles étaient fermées en mars en raison de la menace constante que représentaient les groupes armés ; 370 000 élèves et 7 500 enseignants étaient concernés. «Au moins 18 membres de groupes armés ont été déclarés coupables d’infractions en lien avec le terrorisme par la cour d’assises de Bamako. Trois hommes ont été condamnés à mort…Quinze autres hommes ont été reconnus coupables de « terrorisme, détention d’armes de guerre, et assassinats», et condamnés à la peine capitale en novembre. Cependant, la majorité des crimes de guerre et des autres graves atteintes aux droits humains perpétrés à l’encontre de la population civile au cours du conflit demeuraient impunis », révèle le rapport de Amnesty international. Répondant aux questions des journalistes, les conférenciers, en l’occurrence, Mme Ramata Guissé a fait savoir que Amnesty international ne fait pas d’affirmation gratuite. «Tout ce que nous avançons, nous avons des preuves », a-t-elle dit. Elle a invité les autorités d’œuvrer pour qu’il y ait moins de mort de civils. « Notre devoir, c’est de dénoncer les violations des droits de l’Homme », a-t-elle dit. Par rapport au Bombardement de Bounty ayant fait des victimes en janvier 2021, Amnesty International recommande une enquête indépendante afin que les auteurs soient punis. S’agissant de la libération de Amadou Haya Sanogo, ex- chef de la junte, la conférencière, Mme Ramata Guissé, a fait savoir que le désistement des victimes ne devrait pas mettre fin à l’action publique.
Aguibou Sogodogo
Source: Le Républicain- Mali