Le Rapport 2020/21 d’Amnesty International sur la situation des droits humains dans le monde couvre 149 pays et présente une analyse détaillée des grandes tendances en matière de droits humains observés à travers le monde en 2020. Pour le cas du Mali, l’ONG estime que des groupes armés et les forces de sécurité ont commis des crimes de droit international en toute impunité. « Nous nous trouvons à la croisée des chemins. Il nous faut éliminer les entraves qui détruisent la dignité humaine. Il nous faut repartir sur de nouvelles bases afin de construire un monde fondé sur l’égalité, les droits humains et l’humanité », a déclaré Agnès Callamard, la nouvelle Secrétaire générale d’Amnesty International.
L’ONG a indiqué dans son rapport que la police a fait usage ‘’d’une force excessive, notamment contre des manifestants et des représentants de l’État liés au gouvernement précédent ont été arrêtés et détenus arbitrairement’’, selon Amnesty. Les autorités n’ont pas suffisamment agi pour protéger les femmes et les filles des mutilations génitales féminines. « Des personnes faisaient l’objet de discriminations en raison de leur statut social présumé », indique le rapport. En parlant du contexte de la situation, Amnesty rappelle que les élections législatives tenues entre mars et avril ont provoqué une crise politique. ‘’En juin, une coalition de groupes d’opposition et de dignitaires religieux a créé le Mouvement du 5 juin, qui contestait les résultats du scrutin et réclamait la démission du président de la République. En août, le Comité national pour le salut du peuple (CNSP) a destitué le président et son gouvernement par un coup d’État. Un gouvernement de transition a été constitué en octobre. La situation sur le plan de la sécurité demeurait précaire compte tenu du conflit en cours, en particulier dans les régions centrales où opéraient différents groupes armés, notamment le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), l’État islamique au Grand Sahara (EIGS) et des milices d’autodéfense autoproclamées’’ , note le rapport.
ENLÈVEMENTS
Au moins trois candidats ont été enlevés alors qu’ils faisaient campagne pendant les élections législatives. Ils ont tous été relâchés. Le 25 mars, Soumaïla Cissé, chef de l’opposition, et cinq membres de son équipe de campagne ont été enlevés par le GSIM à Niafounké, dans la région de Tombouctou. Son garde du corps a été tué pendant l’enlèvement. Si toute l’équipe de campagne a été relâchée dans les jours qui ont suivi, Soumaïla Cissé n’a recouvré la liberté que le 8 octobre, en même temps qu’un otage français et deux otages italiens.
EXÉCUTIONS EXTRAJUDICIAIRES
Dans son rapport Amnesty souligne que ‘’ L’armée malienne a commis des crimes de guerre et d’autres violations des droits humains à l’encontre de la population civile au cours de ses opérations. Entre le 3 février et le 10 mars, au moins 23 civils ont été tués par des militaires dans le cercle de Niono (région de Ségou) et au moins 27 autres ont été victimes d’une disparition forcée. Selon la MINUSMA, des membres de la Garde nationale ont tué 43 personnes parmi la population civile en juin, à la suite d’une patrouille effectuée conjointement avec un groupe de Dozos, dans les villages de Binédama et de Yangassadiou. L’armée a reconnu publiquement ces homicides et, en dépit de la promesse qu’une enquête serait ouverte, aucune nouvelle information n’avait été rendue publique à la fin de l’année’’.
L’ONG estime dans le même contexte que ‘’pour disperser des manifestants, les forces de sécurité ont fait usage d’une force excessive, et notamment meurtrière, en toute illégalité’’. Amnesty explique ici qu’ « un arrêt de la Cour constitutionnelle validant 31 résultats contestés à l’issue du scrutin a suscité des mouvements de protestation sur tout le territoire.
Le 7 mai, à Sikasso, les forces de sécurité ont tiré à munitions réelles pour disperser des manifestants. Cinq manifestants ont été blessés et (…)
Mahamane TOURÉ
NOUVEL HORIZON