A la tête du département des Maliens établis à l’extérieur et de l’Intégration africaine depuis le mois de juillet dernier, le ministre Mossa Ag Attaher a saisi, le 17 août dernier au Centre international de conférences de Bamako, le lancement des trois (17-18-19) jours de travaux sur les états généraux de la migration et cadre de concertations avec les Maliens établis à l’extérieur, pour décanter la fameuse question migratoire. Destinée à discuter et trouver des pistes de solutions aux défis liés à la migration, la rencontre avait comme thème : « Mobilités humaines, facteurs d’intégration, de développement et d’enrichissement culturel : quelle contribution des Maliens établis à l’extérieur à la refondation de l’Etat ? ».
Venus de l’intérieur comme de l’extérieur, les Maliens se sont réunis, trois jours durant, pour diagnostiquer les causes, les conséquences de la migration, voire pour la prise en compte de leurs préoccupations afin de dégager des pistes de solutions. Selon le ministre Mossa Ag, la tenue des états généraux de la migration et cadre de concertations avec les Maliens établis à l’extérieur s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre des recommandations des Assises nationales de la refondation. A cet effet, dit-il, la rencontre vise à créer les conditions d’une participation accrue de la diaspora malienne au développement socio-économique, ainsi qu’au renforcement de la cohésion, de l’unité et de l’entente au sein des Maliens établis à l’extérieur. Cela, pour réfléchir à des solutions communes durables face aux enjeux migratoires actuels. Via ladite rencontre, poursuit le ministre, il s’agissait pour les participants de faire un diagnostic des enjeux migratoires, de présenter des initiatives concrètes pour la promotion du rôle de la diaspora dans le processus du développement national. Les Maliens établis à l’extérieur constituent incontestablement, suppose-t-il, une composante importante du capital humain, un potentiel inestimable en termes d’expertise diverses dont le rôle, dans le processus du développement, est une réalité. Leur engagement est une source d’épargne mobilisable pour le financement du développement. En plus de leur contribution financière, les Maliens établis à l’extérieur disposent, selon le ministre, d’une capacité réelle à dresser des ponts entre les pays d’accueil et d’origine pour, souligne-t-il, à la fois faciliter les échanges économiques et les transferts sociaux. Les migrants sont les vecteurs de la mondialisation où chacun dans la diversité participe à la formation et à l’harmonie d’une culturelle universelle. « La question de migration irrégulière est devenue l’une des préoccupations majeures de notre temps. C’est triste de voir des milliers de jeunes migrants, dont beaucoup d’Africains, périr chaque année sur les routes ». « Cette tragédie humaine doit, pour Mossa Ag, heurter la conscience universelle, interpeller tous en tant que gouvernants et êtres humains simplement ».
Il y aura toujours des migrants, tant qu’il y aura des Nations
Le monde entier doit s’unir afin de trouver des solutions à la migration, au lieu d’agir autrement. Alors qu’ils continuent de mourir sur les routes migratoires, les jeunes cherchant de l’argent n’hésiteront, de plus en plus, à quitter leurs terroirs pour d’autres au prix de leur sang. Se fiant aux données de l’Organisation internationale pour les Migrations (OIM), le ministre Attaher a rappelé, lors de ce lancement présidé par le PM Choguel, que plus de 50.000 migrants ont perdu la vie de 2014 à nos jours, dont plus de 4000 en 2022. Courant le premier trimestre 2023, près de 500 migrants ont perdu la vie. A cet effet, annonce M. Attaher, « les questions de migration doivent se traiter avec humanisme. De nos jours en tant que dirigeants du monde, notre rôle est de construire des ponts entre les peuples et non des murs ». Les migrations constituent une vielle réalité du monde que nul ne peut nier. Se référant à l’un des propos de Koffi Annan, ancien secrétaire général des Nations unies, Mossa Ag a tenu à préciser ceci : « Tant qu’il y aura des Nations, il y aura des migrations. Qu’on le veuille ou non, les migrations continueront, car elles font partie de la vie. Il ne s’agit donc pas de les empêcher, mais de mieux les gérer et de faire en sorte que toutes les parties coopèrent davantage et comprennent mieux le phénomène. Si des esprits bien inspirés pensent donc pouvoir lutter contre la migration, nous leur proposons une bien meilleure alternative : celle de réguler le phénomène pour éviter les raccourcis et la stigmatisation du travailleur migrant, considéré en temps de crise comme la source de tous les maux du pays d’accueil ».
Des actions robustes en cours pour répondre aux aspirations des migrants maliens
En 2014, le gouvernement a adopté une Politique Nationale de Migration (PONAM) en réponse aux enjeux migratoires. La mise en œuvre des différents plans d’actions de la PONAM a permis, aux dires du ministre, le renforcement de la protection des Maliens en situation de détresse à l’extérieur avec l’assistance de plus de 50.000 par des opérations de rapatriement, le soutien de plus de 200 projets communautaires en lien avec les associations des Maliens établis à l’extérieur, l’accompagnement de plus de 30 000 migrants de retour au bercail… En dépit de ces actions, les défis majeurs restent la persistance des flux irréguliers de migration, le démantèlement des réseaux des passeurs, le déficit d’opportunité… « Je voudrais rassurer que nos prochaines actions, qui seront robustes et vigoureuses, s’attelleront à répondre à ces défis dans une approche holistique et une demande inclusive », s’engage-t-il. Aussi, s’est-il engagé à trouver des solutions aux difficultés d’accès aux documents administratifs et d’état civil, notamment le numéro d’identification nationale ou carte Nina dont souffrent les migrants maliens.
Mamadou Diarra
Source : LE PAYS