Dans une vidéo largement diffusée sur les réseaux sociaux maliens, l’écrivain Tahirou Bah, membre influent du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP), a déclenché une vive polémique en mettant littéralement le feu à l’ouvrage du Premier ministre Choguel Kokalla Maïga, intitulé « Le Mali, ma vie ». Ce geste, hautement symbolique, s’est déroulé lors d’une cérémonie organisée hier, le 25 août 2024, au Centre International de Conférence de Bamako (CICB).
Bamada.net-Tahirou Bah, qui s’est autoproclamé président du M5-RFP, a accompagné son acte incendiaire de déclarations cinglantes : « C’est ça le Mali, sa vie ? Si le Mali est ta vie, nous aussi, on va réfléchir. Voilà le torchon de Choguel Kokalla Maïga, c’est rempli de mensonges. Je l’ai lu, moi-même je suis écrivain. » Ces propos, prononcés avec une véhémence palpable, traduisent un désaveu total de l’écrivain envers le Premier ministre.
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Accusations et Contradictions
Parmi les accusations formulées, Tahirou Bah remet en question la véracité des faits présentés par Choguel Maïga dans son ouvrage. Il affirme que ce dernier, né en 1958, aurait été inscrit à l’école en 1962, un fait qu’il juge improbable pour un enfant de cette époque, compte tenu des conditions de vie au Mali. « Pour aller à l’école où Choguel a commencé ses études, il fallait parcourir 10 kilomètres, surtout dans le désert. Même à cet âge, un enfant de 4 ans ne peut pas traverser cette route pour aller à l’école », a-t-il argumenté, remettant en cause la cohérence des récits autobiographiques du Premier ministre.
Cependant, cette position actuelle de Tahirou Bah contraste fortement avec ses déclarations faites la veille du lancement officiel du livre. Sur sa page Facebook, il qualifiait alors l’ouvrage de Choguel Maïga de « riche et hautement intellectuel » et recommandait vivement sa lecture aux Maliens. Cette volte-face spectaculaire soulève des interrogations sur les motivations réelles de l’écrivain et révèle peut-être des divisions internes plus profondes au sein du M5-RFP, un mouvement clé dans la chute du régime d’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK).
Les Conséquences Juridiques Potentielles
Le geste de Tahirou Bah ne se limite pas à une simple critique littéraire. Brûler un livre en public, surtout dans un contexte aussi symbolique, peut être perçu comme un acte d’incitation à la haine ou de provocation. En droit malien, ce type d’action pourrait être puni en vertu des dispositions sur l’incitation à la violence, la haine raciale, religieuse, ou l’atteinte à la dignité humaine. De plus, la destruction d’un bien appartenant à autrui, même symbolique, peut constituer un délit de dégradation ou de destruction de biens.
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L’avenir nous dira si le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga décidera de poursuivre Tahirou Bah en justice pour cet acte. En attendant, cet épisode met en lumière les tensions croissantes au sein du M5-RFP et pourrait être le signe de fractures profondes au sein de cette coalition autrefois unie contre l’ancien régime.
Nous reviendrons avec plus de détails dans nos prochaines publications, notamment sur les réactions des différentes parties prenantes à cette affaire et les éventuelles suites judiciaires.
Tahirou Bah enflamme la scène politique : Le livre de Choguel Maïga brûlé lors d’une cérémonie au CICB.
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Fatoumata Bintou Y
Source: Bamada.net