Les Maliens n’ont pas encore vu le bout du tunnel quatre ans après l’arrivée des militaires au pouvoir. Tout ce qui a été annoncé au nom du changement reste encore au stade des intentions. La réduction du train de vie de l’État, la lutte contre la corruption, l’union sacrée des Maliens autour de l’essentiel sont sacrifiées sur l’autel du populisme, de la propagande et de la manipulation des opinions.
Ça ne va pas comme le clament avec désespérance la majorité des Maliennes et des Maliens. Quand on observe son état et sa détresse, le Mali d’aujourd’hui ressemble au patient agonissant aux urgences d’un hôpital sans médecin, ni infirmier de garde. Cela doit changer. Vouloir et agir pour le changement, cela démarre par un autre état d’esprit. La maladie potentiellement mortelle dont souffre notre pays nécessite un traitement de choc, une trithérapie seule capable d’interrompre la gangrène qui le démembre. Il faut reconstituer sa force vitale. L’univers du pouvoir est complexe. Dans notre pays, il est principalement incarné par l’exécutif, au premier rang, par le chef de l’État, ses ministres, les responsables des institutions. Mais ces responsables ne sont que des humains; ils ne peuvent agir, connaître, comprendre et décider seuls. Par la force des choses, ils sont entourés de proches, du protocole, des forces armées et de sécurité, tout à la fois surveillés et parfois servis par la justice.
La pauvreté extrême est la plaie première du Mali. La misère complique le quotidien de millions de concitoyens. Trouver le prix du condiment, payer une ordonnance, charger son téléphone en crédit, se déplacer, se marier, assurer la survie de ses enfants, leur instruction, leur repas nécessite des trésors de débrouillardise pour nombre de nos compatriotes. Que faire pour que la débrouillardise se transforme en construction rationnelle dans la vie professionnelle et sociale ? La priorité de l’action gouvernementale devait être la quête rapide de la prospérité: moderniser l’État pour lui permettre de véritablement favoriser la production des richesses et les conditions de création d’emplois. Le Trésor public est un réservoir percé. Deux (02) grosses fuites en laissent échapper le carburant nécessaire au bon fonctionnement des services publics et à la construction de l’avenir. Le Mali n’a pas besoin de cortèges somptueux quand ses dirigeants se déplacent, ni de voyages internationaux incessants qui paralysent le sommet de l’État, et pas davantage d’une diplomatie pléthorique. Le parc de véhicules de l’État est largement surdimensionné en nombre et en puissance moteur. Les dépenses d’électricité, d’eau, de carburants ou de téléphonie des administrations centrales frisent le délire.
L’autre fuite est constituée par les malversations et les abus de biens publics, nombreux, parfois massifs. Ce sont des milliards qui sont détournés chaque année. Un virus actif dans toutes les strates de l’administration publique.
La solution pour le Mali d’aujourd’hui est l’unité d’action pour aller aux élections. Pour faire bouger les lignes, la compétence ou la volonté se suffisent pas. Ceux qui ont le pouvoir de changer les choses sont les politiques, car ils sont investis de la légitimité populaire.
Safounè KOUMBA
Source: Inter De Bamako