La Fifa a lancé une consultation pour étudier l’impact d’un déplacement du Mondial 2022 en hiver. Concernant le sort des travailleurs étrangers au Qatar, Joseph Blatter a indiqué que «La Fifa ne peut pas faire d’ingérence dans le droit du travail d’un pays mais ne peut l’ignorer.»
Reculer pour mieux sauter. Réuni, jeudi et vendredi à Zurich, pour se prononcer sur le déplacement du Mondial 2022 au Qatar en hiver, le comité exécutif a repoussé sine die sa décision. Faute sans doute de consensus sur le dossier brûlant de la refonte du calendrier international mais aussi en raison des accusations «d’esclavagisme» à l’encontre du Qatar, les pontes de le Fifa ont choisi de ne pas trancher la question dans la précipitation alors que la Coupe du monde 2022 se déroulera dans 9 ans. Conformément à la culture maison de l’instance faîtière du football, un processus de consultation a été lancé pour démêler ce dossier inextricable tant les intérêts de nombreuses parties engagées dans l’organisation de ce Mondial construit sur les sables mouvants de la péninsule arabique sont antagonistes.
Sans qu’aucune date n’ait été précisément arrêtée, aucune décision ne sera prise avant la Coupe du monde 2014 au Brésil. Ce premier pas d’un processus pouvant conduire à une inversion du calendrier international est néanmoins semé d’embûches tant l’agenda de la consultation se superpose à celui de la prochaine élection du président de la Fifa, qui doit se tenir en 2015. Et de toute évidence, le cas du Qatar sera au centre de la campagne présidentielle à venir.
Président de la Fifa depuis 1998, Joseph Blatter devrait, en animal politique, exploiter cette concordance des temps pour torpiller les candidats à sa succession qui ne partageraient pas ses vues. Et les voix de Sepp Blatter sont impénétrables comme en attestent ses déclarations à tiroirs au sujet du traitement des travailleurs étrangers au Qatar : «J’exprime tous mes regrets pour ce qui se passe dans un pays, quand il y a des morts sur des constructions qui sont en relation avec la Coupe du monde. Nous ne pouvons pas dire que cela ne nous concerne pas, mais ce n’est pas une intervention directe de la Fifa qui va changer cela. Cette intervention ne peut être faite que par le Qatar lui-même et le Qatar a confirmé qu’il allait le faire. Il y a aussi beaucoup d’entreprises européennes. Ce sont ces entreprises qui sont responsables de la condition des ouvriers, mais ce n’est pas la responsabilité de la Fifa».
L’inoxydable président valaisan, qui n’avait pas voté pour le Qatar lors de la désignation controversée de l’Emirat du Golfe en décembre 2010, assure pour l’heure que la Fifa tiendra des engagements. «Le Mondial 2022 se déroulera au Qatar», a-t-il lancé en préambule de sa conférence de presse, vendredi à l’issue du comité exécutif. Puis de détailler la manière dont se déroulera ce processus de consultations pour étudier l’impact du Mondial en hiver : «Les joueurs, les clubs, les Ligues, les associations nationales et les confédérations y participeront. Nos sponsors et les diffuseurs seront aussi impliqués. Nous avons évidement à l’esprit nos obligations vis-à-vis de nos partenaires économiques. Nous devrons faire preuve de diplomatie et de sagesse.»
Un cahier des charges que Jérôme Valcke et le cheikh Salman bin Ebrahim Al Khalifa (Bahreïn) devront faire appliquer. Le secrétaire général de la Fifa et le président de la Confédération asiatique devront présenter une feuille de route au prochain comité exécutif de la Fifa le 4 décembre 2013 à Sao Paulo. Saluée par les associations des Ligues et des clubs européennes, cette consultation promet des débats longs et houleux. Le Mondial au Qatar n’en a pas fini de diviser les acteurs du football.