Le Mali, en guerre depuis 2012, voit ses biens culturels faire l’objet d’attaques délibérées et de dommages. Les autorités sont à pied œuvre pour l’adoption d’une nouvelle loi en vue de sanctionner les auteurs de ces crimes.
« Une Nation reste en vie quand sa culture reste en vie », cette devise du musée national de l’Afghanistan interpelle. Notamment dans un Mali où, déjà, l’état de conservation et le mode de gestion des biens du patrimoine culturel inscrits et classés sont critiques. Les causes : intempéries, vandalisme, dégradations, destruction, vols, pillages, fouilles clandestines, trafics illicites, développement urbain… À cela se sont ajoutés les conflits armés depuis 2012. La situation est d’autant plus alarmante pour trois des quatre sites maliens inscrits sur la liste du patrimoine mondial en péril de l’UNESCO : Tombouctou, le Tombeau des Askia de Gao (2012) et Djenné (2016). Des inquiétudes également pour le site des falaises de Bandiagara (pays dogon).
« Les attaques perpétrées contre les biens culturels vont bien au-delà de la destruction de constructions matérielles. Elles constituent des attaques contre l’identité, la mémoire, la dignité et l’avenir de populations entières », signale Antoine Grand de la Croix Rouge.
Au Mali, ce n’est pas faute d’avoir essayé. Depuis 1964, il a ratifié la Convention de la Haye pour la protection des biens culturels en cas de conflits armés, ainsi que les protocoles additionnels de 1977 aux Conventions de Genève de 1949.
La loi nO85-40/AN-RM du 26 juillet 1985 relative à la protection et à la promotion du patrimoine culturel national a été adoptée. « Ce qui a donné naissance à la Direction nationale du patrimoine culturel, qui veille à élaborer les éléments de la Politique nationale dans le domaine du patrimoine culturel », justifie le ministère de l’Artisanat, de la culture, de l’industrie hôtelière et du tourisme dans ce projet de loi « fixant le régime de la protection et de la promotion du patrimoine culturel national », adopté par le Conseil des ministres le 25 avril. En 2010, la loi avait été modifiée pour « prendre en compte, de manière explicite, le patrimoine culturel immatériel et de criminaliser les sanctions ».
Pour les infractions prévues au Chapitre IV (Responsabilité pénale et compétence) du deuxième protocole de la Convention de la Haye ne s’étendant pas aux « atteintes et crimes d’une extrême gravité contre les biens culturels », le gouvernement veut rendre possible la sanction des violations et améliorer la protection et la réparation des dommages causés aux biens culturels en cas de conflits armé.
Aly Asmane Ascofaré
Source : Journal Du Mali