Les activités de la semaine de communication, de sensibilisation et d’interpellation sur la problématique des filles travailleuses domestiques du Mali ont débuté le 12 novembre et prendront fin le 26 novembre. Une étude de base sur la problématique des filles domestiques dans les communes de Bamako conduite par l’ONG Educo Mali entre juillet et septembre 2018 révèle qu’une fille sur trois des filles travailleuses, soit 30% serait âgée de moins de 15 ans. La plupart de celles qui ont plus de 15 ans travaillent dans des conditions très difficiles. Elles n’ont pas accès à leurs droits principaux, notamment les salaires, les conditions adéquates de travail. L’ONG allemande KIRA, à travers le groupe de recherche « Action droit de l’enfant au Mali» (GRADEM), a réalisé des études qui révèlent que 65% des jeunes filles aides ménagères mineures ont une rémunération mensuelle de moins de 10.000 fcfa.
Il y a nécessité de mener des actions de protection de l’enfance dans le district de Bamako. Dans le cadre du lancement officiel de son programme de mobilisation sociale, Educo Mali a organisé, ce jeudi à l’hôtel Azalai, une journée de réflexion sur la problématique du travail et l’exploitation des filles travailleuses domestiques au Mali. La cérémonie a enregistré la présence du Directeur national d’Educo Mali, Herman Zoungrana, du représentant du ministre de la Promotion de la femme, de l’enfant et de la famille, Birama Coulibaly, du représentant du maire de la commune IV, Amadou Baba Tamboura, et de celui du parlement des enfants, Makan Sylla.
L’ONG Educo Mali a décidé d’organiser une journée solennelle dédiée à une problématique spéciale, qui ne cesse «de nous interpeller et qui vient compromettre quelques fois, les nombreux efforts et les avancées accomplies dans le cadre de la protection des droits et de l’épanouissement de nos enfants», a souligné le directeur national Herman Zoungrana. Il a annoncé que son organisation souhaite attirer l’attention de la population sur cette cible particulièrement vulnérable. Les journées d’échanges visent à mobiliser et à sensibiliser l’opinion publique sur les réflexes de protection des travailleuses domestiques.
Le cadre législatif a évolue ces dix dernières années au Mali. Cependant, sur la question précise du travail domestique, la convention n°189 de l’OIT définit les normes à respecter par les Etats signataires quant au travail domestique. Cette convention est complétée par la recommandation n°201 concernant le travail décent des travailleurs et travailleuses. Malheureusement elle n’a pas encore été ratifiée par le Mali. La ratification des conventions de l’OIT sur le travail des enfants, a rappelé Herman Zoungrana, permettra de créer des meilleures conditions pour un développement harmonieux du Mali. Les Filles travailleuses domestiques, aides ménagères, aides familiales, bonnes, servantes, méritent un soutien unanime. M. Zoungrana assène une plaidoirie convaincante à ce sujet :«ne nous attardons pas sur «comment» nous les appelons, mais plutôt accordons plus d’attention à leurs conditions et à leurs souffrance».
La ministre de la Promotion de la femme, de l’enfant et de la famille et les partenaires ont été félicités pour leur accompagnement. Ils ont accepté de joindre leurs efforts pour trouver des solutions adaptées et durables en vue d’éliminer les formes de travail abusif et d’exploitation des enfants.
Le représentant du ministre, Birama Coulibaly a affirmé que la grande mobilisation d’Educo Mali et ses partenaires traduit leur engagement à offrir à chaque enfant du Mali, un avenir sain et radieux. La ratification de la convention des Nations Unies relatives aux droits de l’enfant (CDE) a été un engagement fort de notre République, d’œuvrer pour le respect, la protection et la réalisation des droits de chaque enfant malien. Birama Coulibaly a rappelé les efforts consentis par le gouvernement.
La création de ce cadre permettra à tous les participants d’avoir une bonne opportunité de réflexion, de partage autour de la problématique de protection des enfants travailleurs, en particulier les filles travailleuses domestiques.
Plusieurs études réalisées par diverses organisations dans la seule capitale Bamako, attestent que près de 150000 filles travailleuses domestiques évoluent dans les familles de la cité «des Trois caïmans». Les filles interrogées dans le cadre des études de KIRA à travers GRADEM, ont revélé que 37% étaient exposées à des risques de violences physiques, de grossesses non désirées. Et 13% étaient confrontées à des violences sexuelles.
Mohamed D. DIAWARA
L’Essor