Des nombreux jeunes migrants nigériens et des autres pays d’Afrique subsaharienne empruntent des voies frauduleuses pour se rendre en Libye, en Algérie ou en Europe. Or, ce trajet migratoire comporte beaucoup de dangers et des risques. Des témoignages choquants sur les conditions de vie précaires des migrants dans les pays de transit, de destination ou sur le trajet du voyage amplifient encore le débat sur la migration dans sa forme irrégulière. C’était le cas lors d’une rencontre d’échanges initiée, le 1er Décembre dernier, par le Projet Migrant avec des journalistes actifs sur cette thématique de l’heure.
La rencontre s’est déroulée dans la salle de réunion de la Maison de la Presse de Niamey et a réuni une quarantaine de journalistes face aux responsables du Projet Migrant Niger. Les échanges ont porté sur : les lois répressives africaines et européennes contre la migration clandestine, les risques financiers, les fausses promesses des passeurs, les enlèvements et ou kidnapping des migrants avec demande de rançon, l’expulsion des migrants de l’Algérie et de la Lybie dans des conditions dangereuses (soif, faim, forte chaleur dans le désert etc.), le cas spécifique des femmes et des enfants victimes de violences, de torture, de viol, de traite ou trafic pendant le trajet migratoire, la mort des migrants dans le désert du Sahara et la mer méditerranée etc.
Une journée durant, les participants à savoir les journalistes ont, sans complaisance, levé le voile sur ces différentes formes de maltraitances dont sont victimes les migrants. Certains se sont indignés face à ce qu’ils ont qualifié de ‘’mimétisme politique’’ dans le peu d’intérêt accordé par les décideurs africains et européens par rapport aux alternatives à la migration irrégulière. Des efforts sont en train d’être faits pour trouver mieux aux jeunes en terme d’emploi et de formation afin de les maintenir dans les pays d’origine, mais encore faut-il que ce processus soit accéléré avec des ressources conséquentes.
Dans leur majorité, les participants à cette rencontre d’échanges ont déploré l’accès difficile aux camps des migrants supervisés par l’Organisation Internationale pour la Migration (OIM), les ghettos et la réticence de certains migrants pendant la réalisation de leurs reportages sur le terrain à Niamey et Agadez. D’autres se sont plutôt plants du retard accusé pour organiser la présente formation depuis le début de la campagne de communication du Projet Migrant et qui, malheureusement, s’achève le mois en cours (Décembre 2018).
Pendant leur prise de parole, Mme Abdou Hamsatou Esther (assistante téléphonique), M. Djibrilla Moumouni Tankari et M. Yassine Mutabazi, des Conseillers Bouche à Oreille (BAO) du Projet Migrant Niger, ont rapporté et expliqué les mêmes constats faits par certains participants : le refus de certains migrants à collaborer sur le terrain, la méfiance chez d’autres ainsi que les difficultés d’accès aux camps de migrants supervisés par l’OIM.
Mme Abdou Hamsatou Esther a surtout insisté sur les cris de détresse par voie téléphonique des migrants détenus en Lybie et qui demandent à être secourus d’urgence. Elle a rapporté que ces migrants se plaignent de leurs conditions de vie humiliantes et dégradantes (sous-alimentation, maltraitance physique, violences et insultes, des mois sans voir le soleil se lever, se laver ou changer des habits etc.). Ces témoignages ont choqué la salle puis suscité de l’indignation chez certains journalistes.
Auparavant, Malam Moussa Souley Mahamadou Madani, le Coordonnateur du Projet Migrant par intérim et M. Abdourahamane Ahamadou Abdoulaye, Agent de Liaison avec les Médias (ALM) ont dès l’entame des travaux, entretenu les journalistes sur le but et les activités du Projet Migrant puis les objectifs de la Campagne de communication actuellement déployée à Niamey et Agadez sur la migration clandestine. Pour rappel, le Projet Migrant est une initiative de l’ONG Aide à l’Information Communautaire (ONG – A.I.C – Niger). Sa mission est d’aider les migrants à mieux comprendre leurs options et à prendre des décisions fondées sur des informations fiables. Pour ce faire, Le Projet Migrant met à la disposition des migrants des informations sur plusieurs plateformes : une page web, une page Facebook, ainsi qu’une ligne d’assistance téléphonique, où les migrants peuvent parler de manière confidentielle avec des conseillers. Ces derniers vont également à la rencontre des migrants sur le terrain.