Le procès concernant l’achat de l’avion présidentiel et des équipements militaires suit son cours devant la Cour d’Appel de Bamako, dans la salle N°1. L’audience de ce vendredi 4 octobre 2024 a mis en lumière l’audition de deux témoins clés : Abou Berthé, contrôleur financier au ministère de la Défense et des Anciens Combattants (MDAC), et Seydou Dicko, délégué financier et membre de la commission de réception des équipements militaires. Ces témoignages étaient attendus pour apporter des éclaircissements sur les procédures de passation des marchés et les transactions financières liées à ces acquisitions controversées.
Bamada.net-Ce procès, qui concerne des dossiers de grande envergure ayant impliqué plusieurs figures importantes de l’État, dont des responsables aujourd’hui décédés, suscite beaucoup de débats dans l’opinion publique. En effet, des soupçons de surfacturation et de mauvaise gestion entourent ces acquisitions, créant ainsi un climat de méfiance autour de la gestion de ces contrats.
Il est souvent difficile de mener un tel procès sans pouvoir entendre certains des principaux protagonistes. En effet, l’ancien président Ibrahim Boubacar Keïta, ainsi que ses Premiers ministres de l’époque, Oumar Tatam Ly, Soumeylou Boubèye Maïga, et Moussa Mara, tous impliqués de près ou de loin dans la gestion de ces contrats, ne sont plus en mesure de répondre aux accusations. Ce qui complique la tâche des juges, qui doivent désormais s’appuyer sur les témoignages des acteurs encore en vie et sur les documents disponibles pour tenter de reconstituer les faits.
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Au cœur des débats, une question demeure : des ordres verbaux ont-ils été donnés par les plus hautes autorités de l’État pour l’acquisition de l’avion présidentiel et les équipements militaires ? Et si tel est le cas, ces ordres étaient-ils conformes aux règles de transparence et de bonne gestion des fonds publics ? Des témoins suggèrent que certaines directives émanant de la présidence auraient pu être exécutées sans la rigueur administrative habituelle.
Pour les observateurs, ce procès soulève des interrogations plus larges sur la gouvernance et la gestion des ressources publiques, notamment dans les secteurs sensibles comme la défense. Il est indéniable que la justice est confrontée à une tâche délicate, surtout lorsque les responsabilités pointent vers des personnalités influentes d’un régime passé. Certains n’hésitent d’ailleurs pas à qualifier cette procédure de procès politique, cherchant à incriminer un régime défunt.
Toutefois, les juges semblent déterminés à rendre justice de manière équitable, malgré les zones d’ombre qui entourent certains aspects des contrats. Ce procès constitue un test crucial pour l’appareil judiciaire malien, qui devra trancher en l’absence de plusieurs protagonistes clés. La question de savoir si une décision juste et équilibrée peut être rendue dans ces circonstances reste en suspens. Seul le temps nous dira si la vérité sera pleinement rétablie.
Ainsi, alors que le procès continue, il est permis de se demander si la maxime selon laquelle « un mauvais arrangement vaut mieux qu’un bon procès » ne trouverait pas ici un écho particulier. En effet, la complexité de l’affaire, associée à l’absence de plusieurs acteurs majeurs, pourrait faire de ce dossier l’un des plus difficiles à résoudre dans l’histoire judiciaire récente du Mali.
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Ladji Djiga Sidibé
Source: Bamada.net
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