Au-delà des nombreux Maliens qui ont exprimé leur ras-le-bol de la gestion catastrophique d’IBK, les bailleurs de fonds sont aussi inquiets pour leur argent. Ainsi, le Fonds monétaire international (FMI) a, de sources concordantes, saisi les autorités maliennes par rapport à l’attribution du contrat d’armement et à l’achat de l’avion présidentiel.
En huit mois de gouvernance, jamais au Mali, une gestion politique, sociale, financière et sécuritaire n’a été autant décriée. Toutes les couches sociales ou presque se plaignent de la situation chaotique du pays. « Les gens ne sont plus sur le répondeur, c’est le réseau même qui est en panne… », lance un jeune de la capitale qui, loin de plaisanter, exprime tout son désarroi sur la situation économique actuelle du pays.
L’atmosphère d’un pays de ni paix, ni guerre est ainsi aggravée par la gestion d’un président qui n’a nul égard pour son peuple quand il s’agit de réaliser ses ambitions personnelles.
En violation des règles des marchés publics, un proche de la famille présidentielle a décroché un contrat d’armement de près de 70 milliards de FCFA. Le bénéficiaire de ce contrat de gré à gré s’est vu bombardé ensuite Conseiller spécial à la Présidence de la République.
Cette maladresse du pouvoir n’a pas fini de faire des vagues, que surgit l’affaire de l’achat d’un nouvel avion présidentiel. Ici également, il y a question de plusieurs milliards dépensés pour satisfaire aux vœux d’un chef d’Etat. Qui a un goût immodéré pour le luxe.
Ç’en est de trop pour les principaux contributeurs qui s’interrogent sur la provenance de ces ressources financières dépensées par un simple claquement de doigts du président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta.
Parmi ces bailleurs financiers, il y a le Fonds monétaire international (FMI) qui apparemment ne tolère pas la dilapidation des maigres ressources attribuées à un pays en crise.
L’institution l’aurait fait savoir dans des rencontres de haut niveau. Mais, selon une source concordante, les autorités maliennes ont été même saisies par l’institution financière internationale en ce qui concerne ces deux affaires qui sont en train d’éclabousser la République.
Des partenaires s’interrogent…
La première affaire est le contrat d’armement attribué à Sidi Mohamed Kagnassy, actuellement conseiller spécial du président IBK et patron d’une société au moment de la signature du contrat. C’est un protocole d’accord relatif à la fourniture aux forces armées de véhicules et de matériel militaires. Ce contrat, en date du 13 novembre 2013, porte sur un montant de plus de 69 milliards de F CFA (105 millions d’euros). Y ont apposé leurs signatures : Soumeylou Boubeye Maïga, le ministre de la Défense et des anciens combattants, et Sidi Mohamed Kagnassy, en tant que « directeur général » de la société Guo-Star SARL. Ce marché a finalement porté sur plus de 100 milliards de FCA si l’on inclut l’avenant. Est-ce un financement extérieur ou national ? Pourquoi les règles des marchés publics ont-elles été piétinées ? Autant de questionnements auxquels des bailleurs veulent avoir des réponses.
L’autre affaire, c’est celle de l’avion présidentiel. Lors du débat sur la Déclaration de politique générale, le Premier ministre, Moussa Mara, a répondu à une question de l’opposition sur l’achat de l’avion.
Dans ses réponses peu convaincantes, le chef du gouvernement a tenté de justifier cet achat par un dénigrement de l’ancien avion présidentiel. Mais dès le lendemain, un ingénieur de l’aéronautique apporte un démenti cinglant aux propos du chef du gouvernement concernant l’ancien avion présidentiel. « Cet avion est bel et bien la propriété de l’Etat Mali immatriculé au nom de l’armée de l’air du Mali et acquis selon une procédure qui a associé l’aviation civile malienne et cela dans la plus grande transparence.
Des documents officiels sont là pour l’attester et si certains responsables étaient tentés d’en effacer la trace qu’ils sachent que des doubles existent et certaines personnes physiques sont prêtes à en témoigner face à tant d’ignominie et d’ingratitude… », a écrit Tji Diarra.
C’est Moussa Mara qui informa les élus que le nouvel avion a coûté 20 milliards de FCFA, y compris les frais d’intermédiation. C’était un plus que ce que le président IBK avait dit devant nos compatriotes au Maroc (17 milliards de FCFA). Mara a aussi dit aux députés que l’avion a été payé par emprunt et les élus se prononceront là-dessus dans le budget additif 2014.
Voilà comment IBK va traiter les élus de la nation pendant son mandat. Quel mépris !
Contexte inapproprié
En tout cas pour beaucoup de Maliens, ce n’est pas l’achat de l’avion qui pose problème, mais bien le contexte dans lequel il est acheté et les conditions de son acquisition avec des frais d’intermédiation exorbitants (environ 4 milliards selon certaines sources).
Notre pays est dans une crise sécuritaire dans laquelle il est plongé depuis 2012 par des extrémistes musulmans. La communauté internationale s’est mobilisée pour lui permettre de se débarrasser des djihadistes. Mais, la guerre n’est pour autant pas fini et l’intégrité territoriale est loin d’être recouvrée. Et, c’est ce moment crucial que choisit IBK pour s’offrir un avion de luxe.
Aussi, cette crise a, de toute évidence, eu des répercussions profondes sur l’économie nationale, et par ricochet sur le panier de la ménagère.
Kidal est toujours contrôlée par des groupes armés notamment le Mnla, le MAA et le HCUA, même si l’Etat malien affiche une présence timide. Chaque jour qui passe, cette région s’éloigne du Mali. Les djihadistes sont à nos portes et menacent la stabilité nationale.
Voilà le contexte dans lequel IBK s’est offert un Boeing 737, non pas pour le Mali, mais plutôt pour son confort personnel et celui de sa famille. Ajoutez-y les véhicules blindés et la réhabilitation de sa résidence privée de Sébénincoro.
Au-delà des critiques, c’est la gestion même d’IBK qui commence à attirer l’attention des partenaires au développement. La gestion du président est désormais dans le viseur de tous les bailleurs de fonds.
Dès lors que le FMI s’inquiète de la gestion d’un Etat ou de son gouvernement, les autres partenaires se mettent sur leur garde. Il faut craindre très prochainement une levée de boucliers du côté d’autres partenaires notamment la Banque mondiale et l’Union européenne.
Idrissa Maïga