Selon le Premier ministre Moussa Mara, l’ancien avion présidentiel est devenu vétuste. Techniquement, il n’est plus en mesure de voler. Pis, l’Etat malien ne peut fournir aucun titre de propriété à cet appareil. Aucun Etat souverain ne doit utiliser un tel aéronef pour transporter son président au risque de se voir interdire de voler ou voir l’appareil saisi dans un aéroport lors d’une escale quelconque. Et le chef du gouvernement d’ajouter que compte tenu de toutes ces conditions, le Mali devait soit opter pour la location d’un avion ou en acheter. Vu les coûts de la location et ses contraintes de visites techniques et frais supplémentaires, il était apparu largement avantageux d’acheter un nouvel appareil. C’est ainsi que le nouveau Boeing a été acheté tous frais et assurances compris à 20 milliards de nos francs. » C’est l’avion de la République du Mali, c’est l’avion du peuple malien et non celui d’Ibrahim Boubacar Kéita « , a lancé Moussa Mara en s’adressant aux députés de l’opposition.
C’est le député de Yélimané qui avait posé des questions sur l’acquisition de cet avion dans un environnement économique difficile pour le Mali. L’achat de cet aéronef probablement sans appel d’offres a été mentionné dans un récent mémorandum d’un autre parti de l’opposition, le PARENA de Tiébilé Dramé. « La question du nouvel avion ne se pose pas en terme d’utilité pour les voyages du président. Il se pose en terme d’une dépense non soumise et autorisée par l’Assemblée nationale conformément à ses attributions. Il en est de même pour l’emprunt contracté pour le financement de son acquisition, information que vous venez de donner. Une fois de plus les lois de la République ont été violées « , a relevé le président du groupe parlementaire de l’opposition.
Bruno D S
Une source proche du dossier dément les allégations de Moussa Mara
Interpellé au cours des débats sur la déclaration de politique générale sur l’acquisition d’un nouvel avion présidentiel à 17 milliards de FCFA alors que l’ancien est cloué au sol pour des raisons inconnues, le Premier ministre s’est employé à apporter des précisions. Le nouvel aéronef de commandement du président de la République n’a pas coûté 17 mais 20 milliards FCFA, y compris l’acquisition du certificat de vol.
Il s’y ajoute, à le croire, que cette acquisition, faite « aux meilleures conditions du marché » a été rendue indispensable par le fait que l’avion qu’utilisaient ATT, puis Dioncounda Traoré sous la transition, n’était valide « ni sur le plan juridique ni sur le plan technique ». Qui plus est, son acquisition a été faite au nom du ministère de la Défense mais son dossier est resté intraitable à ce niveau.
«Faux», nous a indiqué une source proche du dossier, indignée par les propos du Premier ministre qui, selon elle, relèvent de l’absurde et de la mauvaise foi.
« L’avion a volé douze ans d’affilée. Dix sous ATT, deux ou presque sous la transition. Pas une seule fois il n’a fait l’objet d’un refus d’atterrissage dans un aéroport en Afrique, en Asie, en Europe ou en Amérique (Canada) pour cause d’insuffisance juridique. On ne lui connait pas non plus une défaillance technique qui aurait mis en danger la vie d’ATT, de Dioncounda, de Cheick Modibo Diarra ou de Diango Cissoko. Son certificat de fiabilité court jusqu’en 2015 au moins ».
Autant dire que d’autres motivations ont prévalu, qui n’ont pas été dévoilées par le Premier ministre..
Pour le reste, ajoute notre source, le dossier de l’avion en question est déposé à l’état-major de l’armée de l’air. Moussa Mara n’a pas dû chercher de ce côté avant de se livrer à son show parlementaire qui n’avait qu’une apparence de cohésion.
S H
source:L’independant