C’est en principe dans ce premier trimestre de 2017 que s’ouvre en assise, le procès du général Sanogo et autres, ces militaires qui sont accusés d’assassinat et de complicité d’assassinat. L’annonce en avait été faite par le procureur à Sikasso, en décembre dernier.

Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il était temps que s’ouvre le chapitre de l’affaire de disparition des 21 bérets rouges qui tiennent en haleine le peuple malien depuis maintenant 4 ans. D’autant plus qu’elles semblent tellement imbriquées que l’on se demandait par quel bout il fallait commencer.

Chronologiquement, l’on pouvait s’attendre, en premier lieu, au jugement de l’affaire de disparition des bérets rouges qui focalise toutes les attentions. Mais dans les faits, l’on peut se laisser convaincre que c’est le dossier Ministère public contre Sanogo et autres, qui est suffisamment prêt pour être jugé.

Du reste, le procureur  avait signalé que compte tenu de la complexité du dossier de l’ex junte de Kati, ce dossier ne pouvait pas être jugé, lors des assises de Sikasso. Quoi qu’il en soit, maintenant que la partie est engagée, la balle est dans le camp de la Justice malienne qui devra mettre un point d’honneur à relever ce défi pour redorer son blason quelque peu terni dans l’imaginaire du public,  et reconquérir toute la confiance du peuple malien qui commence à se poser sérieusement des questions, suite aux différents rebondissements dans le traitement du dossier Sanogo.

La Justice malienne n’a pas droit à l’erreur

En tout cas, ce jugement, qui  est censé marquer le début des procès entrant dans le cadre du dossier de Sanogo et sa soldatesque, est un vrai test pour la Justice malienne. Surtout dans ce contexte post-crise où les attentes sont fortes en matière de justice, spécialement dans les dossiers sensibles qui se sont soldés par des morts d’hommes.  D’où cette soif de justice des maliens qui ont les yeux rivés sur la Justice dont les décisions sont désormais scrutées à la loupe. La Justice malienne n’a donc pas droit à l’erreur. On ne se tromperait pas en disant qu’elle marche sur des œufs. Car, l’on pourrait même dire que de la réussite de ce premier procès pourrait dépendre l’issue des autres dossiers de l’ex junte. C’est pourquoi, elle doit travailler à montrer à la face du peuple malien et du reste du monde, qu’elle est une justice crédible, en suivant rigoureusement les procédures et en faisant les choses dans les règles de l’art.

Surtout que ce procès intervient dans un contexte sécuritaire où la Grande muette a besoin de toute sa cohésion et sa force morale pour faire face aux multiples attaques qu’elle subit et auxquelles elle a déjà payé un lourd tribut. D’où la nécessité, pour ne pas prêter le flanc, de prendre toutes les dispositions pour que les accusés aient droit à un procès juste et équitable et que le droit, rien que le droit, soit dit. Pour rappel, dans ce dossier, 17 personnes ont été inculpées pour « complicité d’enlèvement  de personnes et d’assassinat  », et mises en accusation par le juge Yaya Karembé. Affaire à suivre avec beaucoup de sérieux et de patriotisme.

Jean Pierre James