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Procès contre les sociétés minières chinoises : Me Bathily accuse le président du tribunal de Kéniéba

Le procès opposant les femmes de Camara (Commune de Faraba), représentées par l’Association Ba Damabé, aux sociétés minières chinoises pour coups et blessures volontaires avec menace d’arme à feu a connu son épilogue ce 31 mars 2021 au tribunal de première instance de Kéniéba. Au terme du verdict, le juge a soutenu que l’accusation n’avait pas apporté les preuves irréfutables de ses allégations et a condamné les représentants des sociétés chinoises à des amendes pour exploitation illégale de l’or. Une décision que rejette l’association Ba Dambé qui a aussitôt interjeté appel. Au cours d’une conférence le 12 avril 2021, Me Mohamed Ali Bathily a accusé le président du tribunal de Kéniéba de manger dans la main des Chinois.

 

Les enjeux dudit procès étaient au cœur des échanges, ce lundi 12 avril 2021, entre l’avocat de l’association ‘’Ba Dambé’’, Me Mohamed Ali Bathily et les hommes de médias, à la Maison de la Presse. Pour la circonstance, il avait à ses côtés, l’ancien ministre Maouloud Ben Kattra ; la présidente de l’association ‘’Ba Dambé’’, Mme Mariam Yagaré Diallo, ainsi que plusieurs autres responsables d’associations engagées pour la cause.

Dans son exposé, Me Bathily a indiqué qu’il est temps que les Maliens se mobilisent contre l’injustice. Selon lui, les populations rurales sont, de nos jours, exposées à toutes formes de dérives judiciaires en raison de leur ignorance, sans que l’État ne puisse être d’aucun secours pour elles.

De son constat, il ressort que le Mali n’est pas un Etat de droit depuis belle lurette, car, dit-il, les autorités gouvernent dans l’arbitraire, le népotisme et le laxisme. Pour Me Bathily, les citoyens n’ont pas besoin de supplier les autorités pour qu’elles appliquent la loi. Face à la mauvaise application, voire non-application du droit, les populations, selon l’avocat, doivent répondre par la désobéissance civile.

Une vingtaine d’armes à feu saisies

L’ancien Garde des Sceaux s’est insurgé contre le fait que les populations de Kéniéba sont toujours menacées et jetées en prison pendant que les sociétés chinoises qui exploitent les ressources minières en toute illégalité, en utilisant du mercure et du cyanure, ne sont jamais inquiétées. Pour l’avocat, ces faits sont constitutifs d’empoisonnement collectif.

De l’avis de Me Bathily, le juge de Kéniéba est lui-même conscient qu’il n’a pas dit le droit. De ce fait, il a accusé le président du tribunal de manger dans la main des Chinois. Pour lui, les populations ne devraient plus respecter les autorités à partir du moment où elles agissent en dehors de la loi. «Dans un pays où règnent l’anarchie et la corruption, ce sont les étrangers qui s’adjugent les meilleurs droits », a-t-il déploré. Sinon, a-t-il avancé, aucun Malien n’aurait le courage de porter la main à une femme en Chine a fortiori de porter des armes.

Pour lui, le Mali n’existe pas et nous devons nous mobiliser avant qu’il ne soit trop tard. « Le mensonge, la corruption et le manque de justice ont mis à terre le Mali », s’est-il insurgé. Face à la gravité de la situation, Me Bathily a exigé le départ du commandant de la brigade territoriale de gendarmerie de Kéniéba qu’il accuse de piétiner le droit des populations de la circonscription en faveur des Chinois.

Dans cette situation, il a invité les populations de Kéniéba à se faire justice en incendiant le matériel des sociétés chinoises qui se trouvent dans le lit de la Falémé. Pour lui, l’indépendance de la justice ne donne pas le droit au juge de faire tout ce qu’il veut en dehors de la loi. Le conférencier fait aussi savoir que lors de l’audience du 13 mars 2021, le procureur près le tribunal de première instance de Kéniéba a exposé une vingtaine d’armes à feu ayant été saisies sur les différents sites où a eu lieu la violence. A cela s’ajoutent des photos montrant les vigiles des Chinois en train de frapper les femmes, ainsi que d’autres braquant des armes à feu sur les femmes aux mains nues.

Les populations victimes d’un complot

Malgré l’accumulation de ces preuves palpables de violences, le juge en a décidé autrement. Parmi les raisons de son refus, le juge, précise l’avocat, a évoqué l’absence de témoins oculaires pour les cas de menaces de mort. Ce qui fait dire à Me Bathily que les populations sont victimes d’un complot de la justice à Kéniéba. Car, dit-il, si le procureur était convaincu de son réquisitoire, il devrait être le premier à interjeter appel de la décision du juge pour que les représentants des sociétés chinoises restent en prison.

Mais, au lieu de cela, ce n’est que la plaignante qui a fait appel laissant le choix au juge de libérer les accusés. « Un pays où les autorités n’appliquent pas la loi est appelé à disparaître », a prévenu le président de la Plateforme de la justice. Pour lui, l’utilisation du cyanure dans l’extraction de l’or peut engendrer des conséquences sur près de 100 ans.

D’ailleurs, en 2014, selon les données médicales, plus de 348 enfants sont nés dans le cercle de Kéniéba avec des malformations. « La décision de justice s’impose, mais la décision de l’injustice se combat », a martelé Me Bathily. De ce fait, il a encouragé les populations de Kéniéba à porter plainte contre tous les auteurs d’abus d’autorité.

A O

Source : Ziré

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