Dans une déclaration commune rendue publique le 20 mars dernier à Sikasso, trois candidats de l’ADEMA-PASJ pour l’élection présidentielle du juillet prochain ont suspendu leur participation au processus de désignation du porte-étendard de l’ancien parti au pouvoir.
Dans cette déclaration lue par Kalfa Sanogo, maire de la commune urbaine de Sikasso, les candidats aux primaires rappellent que « Tout le monde a suivi les manœuvres dilatoires déployées depuis la conférence nationale par les premiers responsables du parti pour retarder, à défaut d’empêcher l’exécution de ces recommandations. L’engagement de ces responsables, à l’insu de la majorité des membres de notre organe de direction, à soutenir la candidature du président sortant, les a amenés à user de tous les moyens à cette fin. La majorité ayant fini par imposer l’application des textes régissant le parti lors de la réunion du 14 février 2018, le recours à la candidature du camarade Dioncounda Traoré a été la trouvaille devant amener de façon insidieuse et vicieuse le parti à soutenir la candidature du Président sortant ».
Selon la déclaration, Dioncounda Traoré a clairement dit au Comité Exécutif du parti qu’il ne sera pas candidat contre le Président Ibrahim Boubacar Kéita, si celui-ci décide de briguer un second mandat. « Le grand-frère Dioncounda n’est donc pas partant. Il l’a réaffirmé à plus d’un camarade. La stratégie est claire : le désigner coûte que coûte pour constater plus tard qu’il n’a pas accédé à la demande expresse de la majorité des membres des sections ou qu’il s’est désisté en faveur d’IBK…. La mascarade est trop grosse et c’est pourquoi, pour ne pas la cautionner, les camarades Moustaph Dicko, Dramane Dembélé et moi-même (Kalfa Sanogo) avons décidé de suspendre notre participation au processus actuel de désignation du candidat du parti à l’élection présidentielle de 2018. Nous prenons, ce faisant, à témoin l’ensemble des militants ADEMA-PASJ qui tiennent à avoir un vrai candidat et non un candidat factice. Au-delà des militants Adema, c’est l’ensemble du peuple malien qui attend un changement radical de gouvernance », lit-on dans ce texte de deux pages.
Joint par téléphone depuis Sikasso, Moustaph Dicko a déclaré que ce processus consiste à parachuter un candidat qui n’a pas de programme de société. « L’Adema est un parti à vocation démocratique qui doit être géré de façon démocratique », a déclaré le 4ème vice-président du comité exécutif de l’ADEMA-PASJ.
Pour Kalfa Sanogo, le jeu est verrouillé. « L’Adema, ce ne sont pas seulement ces quelques éléments qui gèrent et malheureusement mal. Je suis membre fondateur de ce parti et chaque mot a un sens pour moi. Tous ceux qui dirigent ce parti aujourd’hui, m’ont trouvé dedans et ne maîtrisent pas les textes mieux que moi. Donc c’est pour manifester notre mécontentement que nous avons décidé de suspendre notre participation au processus électoral. Ce qui est sûr, je ne quitterai pas l’Adema », a-t-il lancé. C’est la fronde des trois. La guerre est plus que jamais ouverte dans la ruche.
Ousmane Ballo
Source: Le Challenger