A Bamako des partisans du RPM prédisent le chaos si jamais le candidat Ibrahim Boubacar Keïta n’est pas élu lors de la présidentielle. Doit-on craindre le pire ?
Pendant que la campagne électorale tire vers la fin, les commentaires et les sondages vont bon train à Bamako. Mais, une question fondamentale se pose : comment les candidats vont-ils accueillir les résultats du scrutin ?
Mais ce n’est pas la réaction des candidats qui inquiètent plus l’opinion, mais le discours guerrier que tiennent les partisans du candidat Ibrahim Boubacar Keïta. Un discours haineux et malveillant. Ils (les partisans d’IBK) ne le cachent même pas. Ils le disent à qui veut l’entendre. « C’est IBK le futur président du Mali et personne d’autre ». C’est inquiétant ! Ces individus véhiculent ces propos avec violence et agression verbales au vu et au su de tout le monde dans les « grins », sur la place publique et dans les véhicules de transport. Et personne ne lève le petit doigt pour tirer la sonnette d’alarme. C’est soit une menace réelle ou une manipulation de l’électorat à qui on veut faire croire que si IBK perd l’élection présidentielle du 28 juillet, ça serait l’enfer. Des menaces qui sont proférées à longueur de journée par des militants du même candidat. Ceux-ci ne le cachent même pas comme si ils ont une certaine assurance. Pour ceux-ci, la foudre s’abattra sur notre pays en cas de défaite d’IBK. Point besoin d’évoquer tous ces propos qui sont entendus de la bouche de ces individus qui sont au service d’assoiffés de pouvoir qui semblent prêts à tout pour parvenir à leur fin. Et les principaux concernés, notamment les candidats à l’élection présidentielle, ne dénoncent pas cet état de fait. Pourtant, ils auraient tous signé le code de bonne conduite pour le bon déroulement de ce scrutin.
Arrêter les incitations à la haine
L’autre menace, c’est la détermination de certains religieux et militaires qui sont en train d’interférer dans la campagne électorale, malgré les appels à la retenue et à la neutralité. Une situation qui risque d’être explosive. Dans ces groupes cibles, il y a des fanatiques prêts à tout pour faire basculer la République dans la violence. Et là également le silence assourdissant des candidats et de l’opinion nationale inquiètent le peuple malien dont le souci majeur aujourd’hui se trouve être la paix et la réconciliation.
Alors, le candidat du RPM, Ibrahim Boubacar Keïta, pourra-t-il perdre l’élection présidentielle du 28 juillet 2013 ? Eh bien OUI. Il pourra en être aussi le vainqueur. Il a les mêmes chances que les autres candidats. Ces individus qui associent son nom à leurs propos haineux doivent savoir que dans une élection, il n’y a aucun messie. Les candidats sont tous des Maliens qui ont envie de servir leur pays. Et que le dernier mot revient au peuple souverain du Mali. Les candidats sont en train de présenter leur programme à tous les Maliens pendant cette campagne électorale. Ce peuple est assez responsable pour que des individus malintentionnés (souvent pour des intérêts personnels) lui dictent la conduite à tenir…
Il est tout simplement temps d’arrêter les incitations à la haine et à la violence. Notre pays n’a plus besoin de tout çà. Le temps est venu pour la réconciliation et au développement. Nul ne doit priver le peuple malien de son bonheur. Le bonheur de sortir d’une crise aiguë et sans précédent qui a ébranlé la République. Et qui a aussi heurté chaque Malien dans sa chair. Il est important que chacun saisisse l’opportunité qu’offre cette élection présidentielle pour aider à atténuer la souffrance des Maliens. Le Mali n’a nullement besoin d’un homme providentiel. Ce pays, qui a tant souffert du terrorisme, veut simplement un président légitime capable de le sortir du bourbier. Quel que soit, le candidat élu par le peuple, il doit être accepté de tous. Les Maliens se doivent de se donner la main pour l’accompagner au nom de la paix, de la réconciliation, de la stabilité. Le gouvernement doit veiller à ce qu’une goutte de sang ne soit versée dans ce pays pour les seuls intérêts d’un homme ou d’un clan. Seul le Mali doit compter et rien que lui.
Alors si IBK, Soumaïla Cissé, Dramane Dembélé, Modibo Sidibé ou Oumar Mariko perdent le fauteuil présidentiel, le Mali doit rester débout.
Mais il est important que le gouvernement du Mali, la communauté internationale (à travers la Minusma), la France prennent les dispositions pour éviter le pire (encore une fois) à notre pays.
Le gouvernement du Mali a fixé en toute liberté la date de l’élection présidentielle. Il a été soutenu dans cette dynamique par les Nations Unies et la France. Ils ont tous la responsabilité d’œuvrer au bon déroulement des opérations de vote et à la protection des populations civiles avant, pendant et après le scrutin.
Idrissa Maïga
Source: L’Aube