Depuis la clôture du vote, le dimanche 29 juillet 2018, les Maliens sont plus que confus en ce qui concerne les résultats. Comme s’il n’y avait aucune structure chargée de les proclamer, chaque camp déclare son candidat vainqueur. Déjà, quatre candidats sont annoncés au second tour. Ce qui n’est pas possible.
Depuis le dimanche 18 heures, les Maliens attendent impatiemment la publication officielle du nom de leur nouveau président de la République. Mais en attendant, ils sont désorientés par les prétendus résultats que proclament les camps des différents candidats, chacun en sa faveur. En effet, depuis la fermeture des bureaux de vote, dans les radios, sur les réseaux sociaux et même dans les grins, les noms de 4 candidats sont cités : Ibrahim Boubacar Keita, Soumaila Cissé, Cheick Modibo Diarra et Aliou Diallo. Les partisans de chacun de ces candidats proclament la victoire.
Si les partisans d’IBK, à travers les résultats provisoires annoncés dans certaines radios locales, crient à sa réélection, les camps Soumaila Cissé et Aliou Diallo qualifient ces résultats de campagne d’intoxication. Eux aussi publient les résultats des zones où leurs candidats sont largement en avance. Idem pour le camp Cheick Modibo Diarra.
Le constat depuis le lundi : les Maliens sont désorientés ; les réseaux sociaux sont inondés de fausses informations. Plus pressés, beaucoup de partisans d’IBK avancent de faux chiffres selon lesquels il n’y aura pas un second tour, faisant croire au fameux « takokélé » qu’ils ont longtemps concocté dans certains cabinets noirs. Or, lors de son point de presse tenu le lundi dernier, donc dès le lendemain de l’élection, le directeur de campagne de Soumaila Cissé, Tiebilé Dramé, a précisé que le 2ème tour opposera son candidat à IBK, le 12 août prochain. Selon lui, la stratégie du régime de faire réélire IBK dès le 1er tour a donc échoué.
Quant au camp Aliou Diallo, il a aussi déclaré être au second tour. Pour ce camp, partout à travers le pays et aussi dans la diaspora, il a de bons résultats, qui seraient d’ailleurs meilleurs que ceux des autres candidats. Déduction : il ira donc au second tour.
Un autre candidat favori, Dr Cheick Modibo Diarra, est aussi annoncé par ses partisans. Eux aussi publient des résultats, selon lesquels, leur candidat est en avance, après le président sortant.
Ces différents résultats et déclarations trompent le peuple malien et augurent une crise postélectorale. En plus, ces spéculations sur les résultats se déroulent sur un fond de dénonciation de manipulations du scrutin de la part du camp du président sortant, avec ces bourrages d’urnes dans des localités du nord du pays où des localités quasiment désertées par les populations à cause de l’insécurité se retrouvent avec des résultats inadmissibles. Ce qui est à mettre en relation avec les taux trop élevés de retrait des cartes d’électeur annoncés dans ces zones, comme l’opposition l’avait dénoncé en son temps. Elle avait vu juste car les résultats fantaisistes annoncés dans ces localités corroborent ses appréhensions.
En plus, si déjà le discrédit plane sur des structures en charge de l’organisation du scrutin comme la Délégation générale aux élections, à propos du fichier électoral et l’instance considérée comme juge des élections, il y a fort à parier que la sincérité des résultats sera remise en cause par des états-majors de candidats, comme cela en donne déjà un avant-goût.
Loin de nous l’idée de jouer aux oiseaux de mauvais augure, voire aux cassandres prédisant l’apocalypse. Nous nous en tenons aux faits, crus et têtus, disons sacrés comme l’enseigne notre profession de journaliste. Comme pour dire que des solutions rapides doivent être cherchées pour conjurer ces mauvais signes en publiant des résultats acceptés de tous.
Que Dieu sauve le Mali !
Boureima Guindo
Source: Le Pays