La France est présente au Mali et en République Centrafricaine pour empêcher que ces deux pays, anciennes colonies françaises, ne soient livrés à eux-mêmes et que leurs populations soient l’objet d’assassinats, de meurtres et de tueries.
Toute la classe politique française de droite comme de gauche est d’accord pour ces interventions au nom des Droits de l’Homme, mais il faut aussi le dire, des intérêts économiques et de l’influence de la France sur ce continent.
Arrêter les conflits
On entend en Afrique et ici en France, même si c’est une minorité, des responsables politiques qui demandent que la France parte d’Afrique et que les troupes militaires françaises laissent la place à des troupes africaines, qui existent mais qui sont inorganisées et militairement faibles sur le plan de l’armement, de la logistique et des moyens politiques pour arrêter les conflits.
Je souhaite d’abord tordre le cou à l’attitude schizophrénique des élites et de certains hommes politiques africains vis-à-vis de la France. On ne peut pas en même temps dire que l’on ne veut plus de la présence française en Afrique et faire appel à la France dès qu’il y a un conflit politique entre les élites africaines qui se battent pour le pouvoir.
Il faut que les élites africaines soient sérieuses et qu’elles n’instrumentalisent pas les populations locales. C’est ce qui est en train de se passer en République Centrafricaine, pays dans lequel la milice Seleka, dont Michel Djotodia, actuel président de la transition, ne fait rien pour justifier la présence utile française dans ce pays. Les hommes de la Seleka, de confession musulmane, s’arrangent pour mettre en avant une propagande selon laquelle les troupes françaises tirent contre les populations musulmanes.
La force de l’image est telle que l’on a pu voir les populations de confession musulmane demander le départ des troupes françaises. Cette façon d’agir de la part des hommes de la milice Seleka “confessionnalise” le conflit qui, au départ politique, devient clanique, tribal et confessionnel, opposant ainsi musulmans et chrétiens centrafricains.
La France est intervenue en s’appuyant sur une résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies. D’aucuns pourront toujours dire que l’intervention s’est faite rapidement, avant la déclaration de cette résolution. Là n’est pas l’essentiel.
Une Force africaine
Si la France est aujourd’hui présente en Afrique sur le plan militaire pour arrêter les conflits, il y a plusieurs raisons à cela. Les Africains ont décidé de créer une Force africaine en attente (FAA) pour janvier 2015. La FAA est une structure de mise en commun et d’intégration des capacités militaires des États membres de l’Union africaine afin de permettre aux 54 États membres de créer les conditions de leur défense en cas d’agression extérieure ou de conflit interne.
Or, on remarque que cette Force africaine en attente, malgré quelques avancées, ne tient lieu que du discours : la crédibilité de l’Union africaine en tant que garante de la sécurité sur le continent africain, la mise en place des capacités militaires par l’Union africaine laissent à désirer.
Les dirigeants africains parlent d’une Force africaine comme alternative crédible au pacte d’accord et de défense conclu entre certains pays africains et les puissances étrangères, dont la France.
Dans les faits, les pays africains ne peuvent pas se défendre tous seuls. La Force africaine en attente est une chimère qui ne verra peut-être pas le jour, alors que les questions de terrorisme, de piraterie, de maintien de la paix deviennent des ardentes obligations qu’il faut résoudre si les dirigeants des pays africains souhaitent éventuellement œuvrer pour le développement au service des populations.
Les objectifs sont clairs
Sur le papier il y a une conception claire de cette force africaine avec la mise en place des schémas d’intervention (qui vont de l’aide militaire jusqu’à la mise en place d’une intervention d’urgence en cas de réponse tardive de la communauté internationale lorsqu’il y a par exemple un génocide) et de la constitution de cinq brigades :
– ECOBRIG (brigade de la CEDEAO, communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest)
– FOMAC (brigade de la CEEAC, communauté économique des Etats d’Afrique centrale)
– SADCBRIG (brigade de la SADEC, Southern african development community)
– EASBRIG (brigade de l’IGAD, autorité intergouvernementale sur le développement)
– NASBRIG (brigade de l’UMA, Union du Maghreb arabe)
Au total, on peut noter que sur le papier les missions, les objectifs des organes de fonctionnement de la Force africaine en attente sont relativement clairs, mais sur un plan pratique, on peut se demander si les Africains politiquement souhaitent mettre en commun leurs moyens de défense mutuelle.
Alors de grâce, arrêtons de jeter la pierre à la France qui, presque toute seule et sans la communauté internationale, essaie d’apporter des réponses qui ne sont peut-être pas idoines mais qui existent.
source : nouvelobs.com