« Malidén niouman don fôly » ou « Dédicace spéciale au Malien exemplaire » ! Tel est le titre de la chanson que la Rossignole du Bélédougou, Rokia Traoré, a dédiée à ses compatriotes à l’occasion du 60e anniversaire de l’indépendance du Mali célébré le 22 septembre dernier. Un hymne dédié aux Maliens qui « croient en leurs capacités » et qui sont « conscients de leur responsabilité pour bâtir le Mali » nouveau.
« La chanson est un réarrangement, avec mes propres paroles, du chant classique : Kama Djan don fôly », nous explique la jeune ambassadrice de la culture malienne. A noter que « Kamadjan » (Kama le Grand ou le Géant) était un honorable combattant du Mandé du 13e siècle (voir encadré). Ses exploits lui ont valu la reconnaissance et la gratitude du peuple qui lui a alors dédié une dédicace spéciale : « Kamadjan don fôly » ! Un chant populaire désormais classé parmi les classiques mandekas.
Et la créativité de Rokia Traoré en fait aujourd’hui un hymne pour louer les « Maliens dignes et méritants » ; une belle mélodie pour les remercier de leur « vie de labeur » et de leurs « actes honorables ». Face aux défis qui l’assaillent de tous les côtés, le Mali a aujourd’hui besoin de citoyens consciencieux, déterminés et vigoureux comme Kamadjan pour ne pas sombrer dans le chaos.
Des hommes et des femmes qui ne s’abritent plus derrière les actes empreints de patriotisme des seigneurs du Ouagadou ; les actes de Soundiata Kéita, d’Aboubacar II, d’Askia Mohamed… », mais qui veulent écrire leur propre histoire pour que les futures générations de Maliens soient aussi fières d’eux comme ils le sont de leurs glorieux ancêtres. De nouveaux citoyens qui veulent le changement aujourd’hui et tout de suite et qui sont conscients que « le prix à payer le temps d’une vie est l’effort pour une attitude honorable, l’effort pour l’honnêteté et la capacité à tenir ses promesses, le labeur, l’effort pour la droiture ».
Dans « Malidén niouman don fôly », Rokia chante le Malien et la Malienne qui se bat pour prendre son destin en main et contribuer à l’émergence du pays avec la conviction que «la bonne réputation pour la postérité se mérite, on ne peut l’usurper ou la forcer ».
« Là, il ne s’agit ni de toi ni de moi. Il ne s’agit pas de nos individualités, de nos égos… Il s’agit pour nous tous, Maliens, de jouer pour le Mali le rôle qui nous sied le mieux. Il s’agit d’agir tous ensemble et chacun là où il est le plus efficace pour mettre la pleine puissance nécessaire à notre sortie de gouffre », explique Rokia Traoré.
Et la talentueuse artiste et patriote engagée est convaincue que, avec le temps, « nous allons y arriver. Il s’agit juste de tenir bon face aux mauvaises habitudes que le Malien a accumulées ». Pour y parvenir, poursuit Rokia, « nous ne devons plus permettre aux gens de faire passer le Malien honnête pour un fou qui est mis à l’écart par tous, dans son environnement professionnel et familial… ».
« Notre vrai problème est désormais caché parmi nous-mêmes dans nos sociétés. Ce sera compliqué, mais nous devons réussir. Nous n’avons pas le choix », conclu Rokia Traoré qui ne cesse de jouer sa partition dans l’éveil des conseils par sa musique et le développement économique du pays à travers des initiatives atypiques comme la Fondation Passerelle. Un projet concrétisé en 2009 pour stimuler la création musicale et artistique au Mali en accompagnant par exemple les talents en herbe et des artistes confirmés en quête d’opportunités pour s’affirmer dans le showbiz.
A noter que la promotion de ce titre est aujourd’hui assurée par une vidéo clip-reportage (d’environ dix minutes) avec des comédiens, des photos et des textes assez expressifs et rehaussant l’image de notre pays.
Moussa Bolly