«Quand tu es félicité par les colons, c’est que tu es mauvais pour ton peuple. Quand ils disent que tu es mauvais, c’est que tu es bon pour ton peuple. Le jour où ils diront que je suis bon, c’est que je vous ai trahi» (Ahmed Sékou Touré).
Pendant longtemps, les dirigeants maliens ont tenté de faire croire au peuple travailleur du Mali que les autorités françaises d’hier comme d’aujourd’hui ont œuvré et continuent d’œuvrer pour la paix dans notre pays. Ce discours totalement coupé de la réalité est une œuvre grotesque qui insulte notre dignité d’homme. Cela se comprend aisément en jetant un regard rétrospectif critique sur les rapports malsains que la France a entretenus avec notre pays et cela par le truchement de l’apache régime de Moussa Traoré et de la pseudo-démocratie forgée et entretenue par des hommes et des femmes qui n’ont que faire de la dignité et du bien être socioéconomique et culturel de notre peuple travailleur.
Nul doute que la France a soutenu le régime de Moussa Traoré contre les intérêts de notre peuple laborieux: pendant vingt-trois (23) longues années de dictature militaro-udpmiste, notre peuple a enduré les affres d’une gestion calamiteuse de ses affaires par un régime apatride qui a fait choir tout espoir d’un avenir meilleur en ce peuple travailleur. Dix (10) ans de vide politique observé par les Maliens parce qu’imposé par des officiers qui ont trahi leur serment de ‘’servir le peuple malien même au prix de leur sang’’, c’était pour réussir à tuer en ce peuple tout patriotisme et toute fidélité à notre identité sociopolitique et culturelle nationale. Moussa a-t-il donc été à la bonne école du colonialiste anglais Lord Macaulay qui disait au Parlement britannique, le 2 février 1835, ce qui suit: «J’ai voyagé à travers l’Afrique, je n’ai pas vu de mendiant ni de voleur ; j’ai vu des personnes avec de hautes valeurs morales et je pense que nous ne pouvons pas conquérir ce pays, à moins que nous brisions ou effacions la colonne vertébrale de cette nation qui est sa spiritualité et son héritage culturel.
Par conséquent, je propose que l’on remplace son ancien système éducatif et culturel; ainsi, quand les Africains penseront que ce qui vient de l’étranger et en particulier de l’Angleterre est meilleur que ceux en quoi ils croyaient, ils perdront l’estime de soi, leur culture et ils deviendront ce que nous voulons qu’ils soient, à savoir une véritable nation dominée.»
Les dix ans de vide politique imposé à notre peuple par le régime rétrograde de Moussa Traoré ont phagocyté pour beaucoup de temps le sens élevé de l’amour pour la patrie malienne.
La gestion calamiteuse de notre économie nationale pendant le règne de l’inamovible secrétaire général de ‘’l’Union démocratique du peuple malien’’ (UDPM) a fini par faire croire au peuple travailleur du Mali que son destin était scellé. La suite, on l’a vécu la mort dans l’âme. Le fiasco socioéconomique a été la raison pour Moussa de demander l’ajustement structurel au Fonds monétaire international (FMI) et à la Banque mondiale.
Pendant ses beaux jours, il était bien noté et «bien respecté» par les colonialistes français. Mais, l’histoire nous enseigne que les peuples, dans leurs combats pour la survie et le développement, ont toujours eu raison de leurs tyrans. Moussa est tombé avec sa soldatesque grâce au combat du peuple malien soutenu par ses soldats patriotiques. L’espoir jaillit ainsi des ténèbres. C’était le 26 mars 1991. Mais hélas ! Comme le dirait cette locution latine «Parturiunt montes; nascetur ridiculus mus» (les montages sont en travail: il en naîtra une souris ridicule). Les ‘’démocrates’’ à la solde des gouvernants français spoliateurs des peuples, au lieu de redonner confiance à notre peuple travailleur, l’ont une fois encore trahi.
La démocratie française transportée et transplantée chez nous par des hommes et des femmes peu crédibles et qui ne jurent que par cette démocratie nauséabonde a tout simplement torpillé notre dignité nationale. Ces hommes et ces femmes, à la faveur de cette démocratie nauséabonde, ont travaillé de jour et de nuit à spolier notre peuple travailleur.
La conséquence désagréable est que le mode de vie chez nous qui s’installe dans la durée s’appelle l’affairisme, la délinquance financière, la corruption à grande échelle, le népotisme. Tout cet imbroglio a engendré le gangstérisme, la criminalité, les détournements de deniers publics. Avec le soutien de la France qui a toujours travaillé à saper les fondements de notre souveraineté nationale, Alpha Oumar Konaré a organisé sa ‘’flamme de la paix’’. ATT, comme s’il avait signé un accord secret avec Alpha, s’est converti en président conteur pour amuser la galerie. Pendant son règne, le Nord de notre pays est devenu un no man’s land, où les narcotrafiquants faisaient la pluie et le beau temps et les indépendantistes du MNLA se sont livrés aux activités guerrières pour enfin compromettre l’intégrité du territoire national.
Le Mali a continué sa descente dans les enfers avec l’appel de Dioncounda à l’intervention de l’armée coloniale française. Cet appel ne pouvait être formulé autrement que de demander à la France d’assurer la couverture aérienne et le renseignement. Mais, il était illusoire de voir la France se confiner dans ces deux rôles. Vite, elle a occupé Tessalit (comme cela figurait dans son agenda depuis la période coloniale).
Aujourd’hui, en complicité patente avec la CMA, les soldats maliens ne peuvent aller à Kidal. Il ne reste donc qu’une seule solution que réclame tous les jours notre peuple travailleur: «le départ immédiat des troupes étrangères de notre pays ». Lorsque le représentant de la MINUSMA à Kidal a souhaité la bienvenue à la délégation gouvernementale à Kidal, il a dit avec soin «la délégation venue du Mali».
Quelque soit la gymnastique d’une certaine tendance de l’ONU jouant le jeu de l’armée française et donc du pouvoir colonial de Macron, la cause est entendue pour la France et ses valets afro-maliens: ‘’Kidal n’est pas malien’’. C’est pour cela qu’ils se battent ici chez nous. Cette cause exige de plus en plus le départ de la France de chez nous. Des voix de patriotes se lèvent chaque jour pour dire que le Mali n’a pas besoin de l’armée française sur son sol.
Notre chanteur Salif Keïta, le cinéaste Cheick Oumar Sissoko et tous les patriotes exigent l’évacuation des troupes étrangères de notre sol. Il est grand temps pour le président Ibrahim Boubacar Keïta d’entendre ce cri décisif de son peuple. Cela est un impératif catégorique parce qu’il évite des lendemains difficiles à notre pays.
Le Mali n’appartient pas à la France et Kidal reste malienne. Le président français, Emmanuel Macron, doit savoir qu’il n’a pas le choix de rappeler ses soldats parce qu’il sait que c’est cela qu’exige notre peuple. Aussi, il faut lui dire que le peuple français est aujourd’hui dans les rues de la France pour demander le mieux être socioéconomique et une véritable justice sociale aux dépens de la sale démocratie qui le mine de l’intérieur et prive les travailleurs français d’une vie descente et honorable. Notre président doit entendre le cri et la volonté du peuple malien. Pour ce faire, il doit jeter à la poubelle ce que voudrait Emmanuel Macron au Mali. Ici, c’est la terre de nos ancêtres. Pour servir honorablement son peuple, IBK doit à présent épouser cette historique et patriotique déclaration du président Ahmed Sékou Touré en accord complet avec son peuple: «Quand tu es félicité par les colons, c’est que tu es mauvais pour ton peuple. Quand ils disent que tu es mauvais, c’est que tu es bon pour ton peuple. Le jour où ils diront que je suis bon, c’est que je vous ai trahi.»
Monsieur le président IBK, il faut se rendre à l’évidence qu’autant l’épervier ne peut œuvrer pour la sécurité de la basse-cour, autant la France ne peut servir la paix chez nous car elle vit de nous. Si IBK doit répondre à la convocation de Macron, il faut qu’il lui demande de vive voix de rappeler sans délai ses troupes de notre territoire et cela sans condition aucune, car notre peuple est las de la politique malveillante et spoliatrice des gouvernants français en Afrique.
La France est tout sauf un pays ami du Mali. Ceux qui nous aiment et qui peuvent nous aider potablement sont ailleurs. Cela saute aux yeux pourvu qu’on jette un simple clin d’œil sur les relations franco-africaines et donc maliennes. La France fait partie du problème chez nous. Elle ne peut contribuer à sa résolution. Il n’y a pas d’école de vérité dans le monde. Les ennemis intérieurs et extérieurs de notre peuple doivent savoir que la victoire finale revient à ce peuple et seuls les illusionnistes peuvent en douter.
Fodé KEITA
L’Inter De Bamako