À peine les dates des législatives fixées par le gouvernement, nos leaders politiques ne rêvent que d’une seule chose : être élu député à l’Assemblée nationale. Les termes de l’insécurité, de mauvaise gouvernance sont relégués au second plan de leurs sorties médiatiques au cours desquelles ils tiraient à boulets rouges sur le régime du président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) dont l’incapacité à diriger le Mali ne souffre d’aucun doute.
Malgré la situation socio-politico économique difficile de notre pays, en proie, depuis 2012, à une crise multidimensionnelle dont les conséquences fâcheuses coûtent chaque jour que Dieu fait des vies humaines et des dégâts matériels importants, nos hommes politiques, par qui tout ce malheur est arrivé au peuple malien, sont restés à l’affût des nominations à des postes à responsabilité dans la haute administration. Ils n’ont jamais raté la perche tendue pour regagner à la vitesse de la lumière le pouvoir dont ils n’ont cessé de critiquer la mauvaise gestion, le manque de vision et d’anticipation sur les événements. Ils se sont tous remarqués dans l’opinion nationale en décriant les tares du régime d’IBK.
Le groupe de Tiébilé Dramé est passé par là. Les plus radicaux de l’opposition (Amdou Thiam, Oumar Hammadoun Dicko) ont été cooptés comme au bon vieux du parti unique. Ils ont été nommés ministres dans le gouvernement du Dr Boubou Cissé, en mai 2019. Et toute honte bue, ils partagent désormais la table du Conseil des ministres à Koulouba avec IBK qu’ils voulaient à mort pour sa mauvaise gestion des dossiers des achats de l’avion présidentiel, des équipements militaires, des engrais ‘’frelatés’’, des avions militaires cloués au sol. Ces femmes et hommes, qui ont renié leurs convictions (s’ils en avaient) et laissé sur le quai tout ce beau monde qui croyait à leur engagement politique chaque fois qu’ils prenaient la parole pour dénoncer la mauvaise gouvernance au profit de leurs intérêts égoïstes, justifient leur revirement à 90° que le pouvoir a pris en compte une de leur aspiration à savoir l’organisation d’un dialogue national.
Autre fait de l’incurie de nos hommes politiques. Au lendemain de la convocation du collègue électoral par le gouvernement (……) pour les…., c’était la ripaille dans les états majors des partis politiques maliens. Ainsi, place aux grandes manœuvres politiciennes. Les problèmes brûlants dont ils dénonçaient et auxquels le peuple malien vit dans sa chair sont désormais dans les oubliettes de l’histoire. Ce qui les préoccupe aujourd’hui, c’est comment se faire élire député. Le combat pour le bonheur du peuple est d’actualité dans leurs discours quand ils ne parlent pas le même langage que les princes du jour. Et chaque fois que leurs intérêts sont menacés, ils se refugient derrière le même peuple qui les console avant leur coup de canif.
Si ce n’est pas pour des intérêts sordides, comment peut- on aider un gouvernement aux abois à organiser des législatives dans une situation d’insécurité généralisée ? L’ironie du sort est que ceux qui ont passé tout leur temps à dénoncer la mauvaise foi du gouvernement à mettre fin à l’insécurité sont les premiers à ne pas voir cette même insécurité quand il a été question de l’organisation des élections législatives. Ils l’ont reléguée au second plan pour faire face à la campagne électorale qui va s’ouvrir au mois prochain sur toute l’étendue du territoire malien.
Enfin, peu importe le nombre de morts, de dégâts matériels provoqués par l’insécurité dont ils critiquaient chaque fois que nos forces de défense et de sécurité sont attaquées ou des villages incendiés par des hommes sans foi ni loi. Ainsi, on comprend aisément avec le jeu de chaises musicales de nos hommes politiques que leurs intérêts priment sur ceux du peuple malien.
En participant aux législatives de 2020, nos hommes politiques montrent à la face du monde qu’ils ont un mépris pour les intérêts du peuple malien au nom duquel ils crient sur tous les toits. Mais quand il s’agit de leurs intérêts, ils pactisent avec le diable sur son dos.
Yoro SOW
L’Inter de Bamako