Sa candidature était dans l’air du temps, cela faisait plusieurs mois qu’on le poussait à y aller. C’est désormais acté : Pape Diouf est candidat à l’élection municipale à Marseille. L’ancien président de l’Olympique de Marseille jouit dans la cité phocéenne d’une grosse cote de popularité. Mais cela sera-t-il suffisant pour espérer l’emporter ?
De son propre aveu, il avait « le devoir d’y aller ». Rendre à Marseille tout ce qu’elle lui a donné. C’est la ville qui l’a accueilli, lui, le jeune Sénégalais lors de son arrivée en France. Comme distributeur de journaux tout d’abord. Puis comme journaliste sportif au sein du quotidien communiste La Marseillaise, avant de devenir agent de joueurs de foot et de prendre la direction de l’Olympique de Marseille. Un passage remarqué à la tête du club, puisqu’il est toujours considéré par les supporters comme l’un des meilleurs présidents que le club ait connus.
Très populaire dans la ville et souvent sollicité, Pape Diouf a donc décidé de sauter le pas et d’annoncer sa candidature à la mairie de la ville. Une candidature atypique, puisque, lui, étiqueté à gauche, a décidé de s’affranchir du jeu politicien. Il entend donc présenter une liste qu’il considère « de rassemblement », faisant la part belle tant à des personnes de la société civile qu’à des personnes du Modem ou écologistes. Il explique que se présenter sous la bannière d’un parti politique n’aurait pas de sens : « Quand un lampadaire est cassé, il n’y a pas besoin d’être de gauche ou de droite pour le remplacer ».
Un projet de rassemblement
Pour l’instant, son programme pour Marseille est encore très flou : « Les programmes, c’est pour les hommes politiques, si je vous dis que je maîtrise tous les dossiers, vous allez sourire », a-t-il déclaré lors de sa première conférence de presse en tant que candidat, ce mardi matin. Et de fait, Pape Diouf, homme politique, possible maire de la deuxième ville de France, ça peut faire hausser le sourcil.
Il en est conscient et explique vouloir s’appuyer sur une équipe compétente pour « donner à Marseille une nouvelle allure », « restaurer la confiance », pour que la ville « reprenne son développement économique », et y « éradiquer la violence ». Bref, cela ressemble pour l’instant plus à une note d’intention qu’à un réel programme, et il n’a pour l’instant communiqué ni le nom des élus, ni des personnalités appelées à composer sa liste de rassemblement. Il faudra attendre le 3 mars pour connaître l’équipe et le projet, qui seront élaborés lors de réunions publiques d’ici là.
Un maire noir à Marseille ?
Alors, a-t-il une réelle chance de l’emporter, en faisant ce pas de côté par rapport à la scène politique marseillaise ? C’est pour l’instant dur à dire : il devra en effet faire face à l’UMP Jean-Claude Gaudin, maire de la ville depuis presque vingt ans, et Patrick Mennucci, qui avait remporté la primaire socialiste dans la ville en octobre dernier. Il faudra également compter avec le Front national qui espère bien réaliser un bon score à Marseille.
Reste que Pape Diouf bénéficie d’une réelle popularité dans la ville du fait de son action à l’OM, et qu’il s’est toujours tenu à l’écart des bisbilles politiciennes. L’homme est également reconnu pour son intelligence, la qualité de son langage et de son verbe. Et, de façon plus anecdotique, il a été le premier président noir d’un grand club de football en Europe. Il entend bien être le premier maire noir d’une grande ville française.