Le coton, souvent qualifié d’« or blanc » du Mali, traverse une période de turbulences inquiétantes. Alors que la campagne agricole 2025-2026 s’annonce à l’horizon, des signaux d’alerte retentissent déjà sur l’ensemble du territoire couvert par la Compagnie malienne pour le développement du textile (CMDT). Le plus récent avertissement est venu d’une voix expérimentée et attentive aux enjeux socio-économiques du pays : Moussa Mara, ancien Premier ministre, ancien député, ancien maire, ancien ministre, expert-comptable de formation et président du Parti YELEMA, qui s’est exprimé avec gravité dans une publication sur sa page Facebook officielle.
❝ De nombreux producteurs n’ont toujours pas été payés ❞
Bamada.net-Dans son message, Moussa Mara tire la sonnette d’alarme : des milliers de producteurs de coton ayant livré leur production depuis plusieurs mois attendent toujours le paiement de leurs récoltes. Une situation qui, selon lui, risque de démobiliser et de décourager les paysans, principaux acteurs de la filière coton, pilier de l’économie rurale du Mali.
« Partout dans les différentes zones CMDT, les retards de paiement se multiplient. Cela provoque un sentiment d’injustice, une désillusion croissante et surtout une grande incertitude pour la campagne prochaine », déplore l’ancien chef du gouvernement.
Une crise qui couve dans les champs
Le coton n’est pas une culture comme les autres au Mali. Il représente une source essentielle de devises et fait vivre plus de 4 millions de Maliens, directement ou indirectement. Or, le non-paiement des producteurs, combiné à l’indisponibilité ou au retard dans la distribution des intrants agricoles (engrais, semences, pesticides), pourrait sérieusement compromettre la réussite de la prochaine campagne 2025-2026.
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Selon plusieurs témoignages recueillis par Bamada.net, dans certaines localités des régions de Sikasso, Koutiala, Kita, Bougouni et même Koulikoro, des coopératives villageoises attendent encore les fonds dus par la CMDT depuis la fin de la campagne précédente. Certains exploitants disent avoir hypothéqué des biens pour pouvoir financer la culture du coton, espérant récupérer leur mise après la vente… qui ne vient toujours pas.
⚠️ Des intrants en attente… une campagne en péril
L’autre aspect préoccupant soulevé par Moussa Mara concerne le non-approvisionnement en engrais, pourtant indispensables pour les semis qui doivent commencer dans quelques semaines.
« Si les intrants n’arrivent pas à temps, les producteurs ne pourront pas semer à la période optimale. Cela signifie des rendements plus faibles, une perte de revenus, et potentiellement une crise sociale dans les zones rurales déjà fragilisées », alerte l’ancien Premier ministre, en appelant à une réponse urgente des autorités.
Quelle gouvernance pour sauver le coton malien ?
Cette situation, qui n’en est pas à sa première occurrence, soulève une fois de plus la question de la gouvernance de la CMDT, entreprise publique en charge de l’encadrement, de l’achat et de la commercialisation du coton malien.
Des voix s’élèvent pour demander un audit indépendant de la gestion financière et logistique de la CMDT. D’autres plaident pour une réforme structurelle du secteur cotonnier, visant à responsabiliser davantage les coopératives paysannes et à créer des mécanismes de paiement directs et rapides.
La prise de position de Moussa Mara, loin d’être une simple sortie politique, résonne comme un appel citoyen et républicain. Elle interpelle non seulement la direction de la CMDT, mais également les plus hautes autorités de l’État malien, sur la nécessité de sauver une filière qui participe à l’équilibre social, économique et même politique du pays.
Éviter un effondrement de la filière
Si rien n’est fait rapidement, il est à craindre que la campagne 2025-2026 soit sabotée avant même d’avoir commencé. Or, un effondrement de la filière coton pourrait avoir des conséquences désastreuses : chômage rural, migration vers les villes, recrudescence de la pauvreté, voire tensions sociales dans certaines régions.
La balle est désormais dans le camp du gouvernement et de la CMDT. Pour Moussa Mara, l’heure n’est plus à la tergiversation : « Ces questions doivent être gérées rapidement et efficacement pour ne pas hypothéquer le sort de ce secteur crucial pour le Mali », a-t-il insisté.
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BEH COULIBALY
Source: Bamada.net