Le Premier ministre Abdoulaye Maïga a bouclé son épreuve d’oral devant l’organe législative de Transition, lundi, par un satisfecit de ses membres et sans affronter la moindre difficulté en lien avec les nombreuses attentes non comblées.
Ce qui semblait un exercice républicain – et présenté comme tel – n’en était pas un en réalité. Et pour cause, le chef du Gouvernement pouvait en faire l’économie et n’en était nullement obligé par une quelconque disposition constitutionnelle contraignante. En effet, il est mentionné certes dans la nouvelle Loi fondamentale que la nomination du PM est suivie de la présentation d’un Programme d’Action Gouvernementale devant les deux chambres constitutives de la nouvelle configuration parlementaire au Mali, mais la disposition ne saurait lui être de rigueur pour des organes inexistants, de même qu’elle ne l’a pas été pour le président de la Transition alors qu’un président de la République, en vertu de la même Constitution, est également astreint à un discours annuel sur l’état de la Nation devant le Parlement.
Autant dire que le passage du PM devant un Conseil National de Transition, en lieu et place desdites chambres parlementaires, procède plus de l’exhibition spectaculaire qu’il ne consacre un exercice républicain proprement dit. En définitive, il aura été utile au chef du gouvernement pour attirer les projecteurs sur sa touche personnelle dans la perception des défis qui assaillent ses concitoyens et renouveler les engagements des autorités à y faire face.
Ce faisant, le successeur et grand rival de Choguel Maïga aura réussi son show mais en avouant l’échec des autorités de transition dans chacun des secteurs où il a pu dérouler son catalogue de bonnes intentions sous la forme de simples promesses. C’est le cas des domaines de la sécurité et de la défense où la persistance des mêmes défis se juge à la taille des réalisations promises ainsi que des moyens qu’elles nécessitent. Ainsi, en plus d’indicateur comme la carence admise et reconnue de couverture administrative du pays, la présentation est révélatrice d’une équation sécuritaire insoluble et entière, après 5 années de transition ou presque, pour n’avoir guère été jugulée au point d’épargner les sacrifices budgétaires consentis aux dépens d’autres urgences. Au nombre desquelles urgences figurent des domaines à la fois tributaires de ressources financières et de stabilité comme l’éducation, affectée depuis autant d’années par la fermeture massive d’écoles, une question royalement éludée par le PM, au détour de promesses irréalistes de création de nouveaux établissements si une si courte échéance. Idem pour l’emploi pour lequel aucune nouvelle ambition n’est annoncée en guise de compensation des acquis déjà ruinés par le retrait de la Minusma ainsi que par le départ massif de partenaires extérieurs pourvoyeurs d’opportunités, au nom de l’affirmation de souveraineté.
Par ailleurs, en dépit des exonérations et multiples renoncements aux prélèvements fiscaux, la cherté de la vie s’impose encore au vocabulaire officiel tel un aveu d’échec des mesures policières de stabilisation et d’harmonisation des prix pratiqués sur le marché. Toutefois, des mesures coercitives spectaculaires, la recette au phénomène passe désormais par les promesses mirobolantes de nouveaux mécanismes : dopage du marché par l’importation de produits que la production nationale était censée rendre accessibles, distributions gratuites de céréales, etc.
Face à l’équation énergétique et ses impacts socio-économiques multidimensionnelles, le PAG n’offre aucune recette différente de la mélodie qui entretient les rêves, celles de centrales solaires annoncées depuis 2 ans et dont on attendait plutôt l’évolution des travaux.
Mais l’aveu d’infortune le plus accompli a trait au processus électoral que conduit l’actuel PM es qualité ministre inamovible de l’administration. Le PAG vient de se faire l’échos d’une inguérissable carence de volonté politique que révélait tantôt l’abolition des activités politiques et que le chef du Gouvernement assume après 5 années de promesses, de faux-bonds aux relents de parjure, d’assurances données aux partenaires et de résultats d’étape brandis en glorioles devant la communauté internationale.
A. KEÏTA