Lors d’une conférence de presse conjointe avec le vice-président gambien, Muhammad B.S. JALLOW, à Dakar le lundi 5 août 2024, le Premier ministre sénégalais, Ousmane SONKO, a exprimé ses préoccupations face au retrait de l’Alliance des États du Sahel (AES) de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
Son pays, à travers le président Bassirou Diomaye FAYE, est désigné comme facilitateur de la CEDEAO pour négocier le retour des pays de l’AES dans l’organisation sous régionale.
Lui, qui éprouve une grande popularité au sein de la population sénégalaise, s’aligne naturellement sur la ligne de la politique extérieure prônant l’intégration entre les peuples.
Lors d’une rencontre avec le vice-président gambien, Muhammad B.S. JALLOW, organisée le lundi dernier, Ousmane SONKO a exprimé son désaccord avec la démarche fractionniste qui, selon lui, affaiblirait davantage les nations ouest-africaines.
« Nous nous sommes inscrits dans une ligne claire et irrévocable. Depuis l’arrivée du chef de l’Etat au pouvoir, le discours et le programme diplomatique ont été clairs. Notre logique est de travailler au rapprochement des pays africains », a souligné le Premier ministre Ousmane SONKO.
« Nous ne pouvons pas encourager une nouvelle scission alors que partout dans le monde, les pays s’efforcent de se renforcer au sein d’entités solides », a rappelé M, SONKO.
Quelle que soit les raisons avancées, le leader du parti Pastef exhorte les trois Etats (le Mali, le Niger et le Burkina Faso) en conflit avec la Cédéao à reconsidérer leur position afin de ne pas anéantir le travail accompli depuis un demi-siècle.
« Il est évident que nos nations, prises isolément, ont très peu de chances de réussir le grand bond en avant attendu depuis longtemps par les peuples », a-t-il déclaré, tout en appelant à un « dépassement » dans les relations internationales et bilatérales.
En clair, la position de SONKO s’inscrit dans une volonté plus large de promouvoir une Afrique unie et solidaire, capable de faire face aux enjeux communs avec une voix collective et une action concertée.
Cette sortie intervient pour soutenir l’approche de son président, Bassirou Diomaye FAYE, qui estime que le retrait de l’AES de la CEDEAO aura de nombreuses conséquences sur l’intégration des peuples. M. FAYE, dans le cadre de sa facilitation, a mis en mission Mohamed BATHILY comme son envoyé spécial auprès des Etats membres de l’AES.
Malgré les chances minimes d’éviter la désintégration, pour le président sénégalais, il faut quand même tenter de réconcilier les parties avant l’expiration du préavis de retrait qui sera effective à partir de janvier 2025.
En effet, les membres de l’AES désormais regroupés au sein d’une confédération sont catégoriques que leur retrait est irrévocable. C’est un processus de non-retour.
Ainsi, lors d’un entretien télévisé à l’occasion de la fête de l’Indépendance du Niger, le 3 août dernier, le général Abdourahamane TIANI, président du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie, a affirmé avec assurance que « la Cédéao est derrière nous ».
Selon le président de la commission de la CEDEAO, le retrait de l’AES sera un coup dur pour l’intégration des peuples, et impactera également sur la stratégie de lutte contre le terrorisme dans l’espace ouest-africain.
PAR SIKOU BAH