Le numéro un iranien Ali Khamenei a averti le 9 avril : il n’y a pas la garantie de parvenir à un accord final avec les grandes puissances sur le programme nucléaire du pays. Une déclaration qui risque de doucher l’optimisme des Iraniens, et surtout des jeunes, qui n’en finissent pas de jouer de dérision sur les réseaux sociaux, après les âpres négociations de Lausanne qui ont abouti le 2 avril dernier à un accord-cadre.
Une semaine après une entente préliminaire entre l’Iran et les puissances internationales à Lausanne au sujet du programme nucléaire iranien, les médias et les responsables de la République islamique continuent à débattre sur cette même entente, insinuant souvent que celle-ci n’a finalement rien changé quant à la nature des activités nucléaires de Téhéran. Cependant, les simples citoyens – en particulier les jeunes – qui subissent les conséquences du programme atomique du régime islamique, n’ont pas caché leur satisfaction du résultat obtenu à Lausanne. Ils espèrent voir à travers cet accord la levée des sanctions internationales qui ont rendu leur vie plus dure que jamais.
Les Iraniens, maîtres de la plaisanterie ?
Le moyen le plus approprié pour exprimer cette satisfaction – dans un pays où la censure reste l’obstacle majeur à la libre expression des opinions – ce sont les innombrables blagues dont les Iraniens se sont rendus maîtres au fil des ans et qui sont diffusées via Internet et les téléphones mobiles pour tourner en dérision la volte-face du régime islamique dans ses négociations à Lausanne.
Par exemple cette plaisanterie, peut-être la plus remarquée, en référence à une intervention de Mahmoud Ahmadinejad, quand ce dernier avait sous-entendu que dans son pays, même les jeunes filles pouvaient enrichir de l’uranium dans leur cuisine. « Apparemment, toutes les questions du programme nucléaire iranien ont été réglées au cours des discussions de Lausanne. Mais les Occidentaux veulent savoir avec insistance ce que fait maintenant cette fameuse adolescente iranienne qui, d’après Mahmoud Ahmadinejad, avait enrichi de l’uranium moyennant une marmite dans sa cuisine. »
Une autre blague relate qu’on entendait dire Mahmoud Ahmadinejad et Saïd Jalili (l’ex-négociateur iranien) au sujet de l’accord de Lausanne : « Comment est-on parvenu à ramasser en huit mois une merde que nous avons mis huit ans à former ? »
A la recherche de whisky…
Sur la capacité d’enrichissement d’uranium du régime islamique qui s’est vue fortement diminuée à Lausanne, les jeunes internautes iraniens disent en « urgence » : « Il a été convenu que l’Iran utilise désormais ses centrifugeuses à des fins purement pacifiques, à savoir la préparation de toute sorte de cocktails et de jus de fruits, de la crème glacée et l’extraction des noyaux de cerises. »
Un autre jeune internaute fait part de sa déception quant à l’impact des négociations sur les « interdits » en République islamique. « À quoi sert votre accord de Lausanne puisque, ce matin, lorsque je suis allé chercher une bouteille de whisky, l’épicier du coin m’a dit qu’il n’en avait toujours pas ! »
Un autre internaute se demandait ce qu’il fallait scander désormais comme mot d’ordre lors des célébrations de l’anniversaire de la Révolution islamique où les autorités iraniennes insistent généralement sur le « droit absolu et indéniable » de la République islamique à posséder la technologie nucléaire. Ce même jeune racontait aussi qu’après Lausanne on l’informait par SMS que son visa d’entrée aux Etats-Unis (le rêve de tous les jeunes Iraniens) était prêt, mais qu’il ne savait pas s’il devait l’accepter ou poser un lapin aux Américains.
Source: RFI
