Des commerçants peu scrupuleux, maliens et nigériens, reversaient frauduleusement sur le territoire du Niger des marchandises déclarées en transit pour le Mali. C’est ainsi que d’importantes quantités de sucre en poudre, de riz, pâtes alimentaires, concentrés de tomate et thé vert faisaient l’objet de ce trafic et inondaient ainsi le marché nigérien, alors que ces produits étaient déclarés destinés au Mali.
La Direction générale des douanes du Niger a vite détecté la fraude à grande échelle par laquelle des produits, devant uniquement passer par le Niger pour se rendre au Mali, étaient finalement déversés sur le territoire nigérien en grandes quantités.
En effet, comme le constate la Direction générale du Niger dans sa note n°0001/DGD/CAB du 20 janvier 2020 précisant le Régime douanier applicable aux marchandises passant par le Niger à destination du Mali : « Pendant que ces marchandises se raréfient de plus en plus au niveau des bureaux de Niamey notamment, les statistiques extraites du Sydonia nous font ressortir qu’en deux mois seulement, plus de dix mille (10.000) tonnes de riz, 3500 tonnes de sucre en poudre et 1000 tonnes de thé vert ont été déclarés en transit-réexportation sur le Mali via Ayorou « .
Ces chiffres ont le mérite de convaincre de l’ampleur de la fraude effectuée au Niger par des commerçants maliens en connivence avec des homologues nigériens, en violant le régime de transit sur le territoire nigérien, de marchandises destinées au Mali.
Les autorités nigériennes étaient très remontées contre les commerçants véreux, auteurs de telles pratiques. Pour calmer le jeu, il a fallu, du côté de la Chambre de commerce et d’industrie du Niger, organiser illico presto une rencontre de concertation avec les commerçants maliens pour convenir de modalités qui régiront désormais le transit de marchandises à destination du Mali.
C’est ainsi qu’il a été décidé que les marchandises en transit sur le Mali seront déclarées sous le régime de transit-réexpédition avec perception de la Taxe spéciale de réexpédition (TSR) et de l’acompte ISB.
En plus, l’Administration douanière du Niger a décidé que seul le Bureau des douanes de Torodi est compétent pour connaître des opérations de transit-réexpédition sur le Mali via Ayorou. A cet effet, il sera seul habilité à recevoir des déclarations en douanes de réexportation sur le Mali. Par ailleurs, seuls les opérateurs de nationalité malienne seront autorisés à bénéficier de ce transit pour les marchandises en provenance du corridor Togo et Burkina Faso. En outre, tout opérateur malien désirant effectuer une opération de transit-réexpédition doit signer un engagement écrit de non reversement des marchandises sur le territoire nigérien, le cas échéant il sera seul responsable des suites contentieuses y relatives.
Il n’y a jamais trop de prudence, estime-ton du côté des douaniers nigériens qui ont décidé qu’en plus de toutes ces mesures, les marchandises en transit sur leur territoire pour rejoindre le Mali seront escortées de Torodi à Sakoira (15 km) après Tilabéri de telle sorte que le poste de contrôle de la Brigade d’intervention et de recherche (BIR) de Tilabéri puisse surveiller tout retour éventuel des camions chargés de marchandises. Cette escorte se fera deux fois par semaine par des équipes composées des agents de la BIR de Niamey et de la Brigade nationale d’intervention (BNI).
Notons que la constitution de magasins de relai est interdite à quelque titre que ce soit et les transbordements sont aussi prohibés car les marchandises déclarées en transit seront acheminées sur les camions d’arrivée jusqu’au point de sortie du territoire nigérien.
Cependant, les autorités nigériennes prennent le soin de préciser que les hydrocarbures, le ciment et les motos sont exclus du transit-réexportation.
Selon notre source sur place au Niger, les mesures prises sont en train de prouver leur efficacité car les douaniers maîtrisent mieux la situation pour empêcher tout déversement frauduleux sur le territoire du Niger, de produits déclarés en transit et destinés au Mali.
Amadou Bamba NIANG
Source: Aujourd’hui Mali