Dans Jeune Afrique n° 2674-2675 du 8 au 21 avril 2012, l’hebdomadaire international indépendant titrait à la Une : « SOS Mali, spécial 10 pages ». En page 3 et 4, dans la rubrique : « Ce que je crois : Rêve sénégalais, cauchemar malien », signé par le célèbre et non moins brillant confrère, Béchir Ben Yamed, il ressort dans le dernier paragraphe que : « Du grand malheur actuel, de ce méfait du printemps arabe (le volet libyen) peut renaitre, en quelques années, un Mali fédéral et démocratique ». Plus haut, la dernière de ses trois propositions est ainsi intitulée : « Engager avec les dirigeants touaregs les plus raisonnables des négociations en vue de l’identification d’un nouvel Etat malien qui pourrait, voire devrait, être fédéral ». A l’époque, nous avions réagi en ces termes : « Non au fédéralisme de Béchir Ben Yamed ! ».
Depuis, on s’attendait à ce que les bandits armés de l’Adrar des Ifoghas, qui réclamaient l’indépendance, passent par le fédéralisme. Aujourd’hui, à la faveur des négociations d’Alger, c’est bien leur cure-dent. Ils demandent un statut juridique et politique, qui n’est ni plus ni moins que le fédéralisme. Pour accepter ce mode de gouvernance, un principe de base universel voudrait qu’on consulte les populations concernées, c’est-à-dire celles des trois régions du Mali, estimées à plus de trois millions. Si les négociations butent sur le fédéralisme, que les Européens soutiennent de façon à peine voilée, il faut donc aller au référendum d’auto-détermination. Le gouvernement doit y aller pour régler définitivement cette lancinante question de l’indépendance de « l’Azawad ».
Le référendum permettra à la communauté internationale de savoir que les mouvements armés ne parlent pas au nom des régions concernées. Nous avons la ferme conviction que le « non au fédéralisme triomphera ».
Ensuite, le référendum constitue en lui une solution démocratique dont l’issue s’impose à toutes les parties. Il est du ressort de la communauté internationale de faire respecter le résultat des urnes y compris par la force, comme ce fut le cas en Côte d’Ivoire.
Regardons ce qui se passe en Angleterre, avec le cas écossais, en Espagne avec les Catalans. Pourquoi perdons-nous le temps dans des négociations improductives ? Allons à l’essentiel. Il faut oser poser la question aux populations du nord. Il faut que le gouvernement s’y engage ou bien a-t-il peur du résultat escompté ?
Ceux qui ont envahi ces régions n’ont aucune compétence pour gérer un Etat. Ils n’ont ni le niveau ni la légitimité encore moins la baraka pour y rester et prétendre gouverner avec la majorité des populations, composées de Sonrhaïs, de Peulhs, des Arabes, de Bozos et même quelques Bambaras. Il est inadmissible que dans une « guerre de sécession » que la minorité impose sa volonté à la majorité. La lutte du MNLA et alliés aurait eu un sens s’ils avaient l’accord de leurs autres frères majoritaires. Tel n’est pas le cas. Donc, il est impossible de créer au nord ce que certains appellent un Etat touareg ou berbère. Les hommes bleus sont, en effet, très minoritaires dans cette partie du Mali. Il est plus facile d’y créer un Etat songhoï qu’un Etat berbère.
L’Occident qui susurre un tel message doit davantage apprendre à connaitre l’histoire du Mali. Les Touaregs ont activement participé, aux côtés de leurs frères de l’US-RDA et du PSP, aux différentes luttes d’émancipation de notre peuple jusqu’à l’accession du pays à l’indépendance, en 1960. Ce sera une belle occasion pour le chef de l’Etat de le rappeler dimanche soir, au cours de son allocution télévisée à la nation, pour ceux qui ne le savent pas ou feignent de l’oublier.
Le Mali est une grande nation où le brassage ethnique, communautaire fait que ce qui unit les Touaregs aux autres communautés du nord et même du sud est plus fort que ce qui les divise. Il y a, le plus grand lien, celui du sang, que personne ne peut effacer, ni à travers une hypothétique République de « l’Azawad », ni à travers le fédéralisme. Le mieux pour nous tous, c’est bien le Mali uni, un et indivisible. S’il faut un référendum pour le prouver, il faut y aller. Sans hésiter.
Chahana Takiou