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Nord du Mali : L’insécurité y règne toujours

L’interpellation et la détention de Mohamed Zeyni Aguissa nourrissent les débats. Le Mnla va-t-il faire de sa libération une condition de la reprise du dialogue, le gouvernement va-t-il en faire un exemple dans la lutte contre l’injustice et l’impunité, les populations du nord vont-elle se départir de leur sentiment de deux poids deux mesures ? Devant l’œil scrutateur des médiateurs et de la Minusma, IBK doit se décider au plus vite.

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En fin de week-end dernier, Mohamed Zeyni Aguissa, le ministre de la jeunesse et des sports de l’éphémère et nébuleux Conseil transitoire de l’Azawad a été arrêté par une patrouille de jeunes patriotes sédentaires près du village de Forgho (25 Km de Gao) alors qu’il se rendait dans son village. Le membre du gouvernement de l’Etat unilatéralement proclamé par le Mouvement national de libération de l’Azawad (Mnla) a été remis aux forces armées maliennes qui ont assuré son transfèrement sur Bamako après avoir informé les responsables de la Minusma. Cette interpellation a été diversement appréciée. Si la mission onusienne ne l’a pas commentée, préférant « suivre l’évolution du dossier », le Mnla, quant à lui, est monté au créneau pour dénoncer un acte qui pourrait remettre en couse les négociations en cours entre lui et le gouvernement malien. Déjà, des responsables du mouvement rebelle terroriste semblent faire de la libération de leur ministre une condition à la reprise du dialogue. C’est à Gao, où ce triste individu a été interpellé, que l’on s’étonne de tout ce boucan.

 

L’homme y est loin d’être perçu comme un ange. Pendant l’occupation de la région de Gao, Mohamed Zeyni Aguissa se serait distingué par des exactions dignes d’un criminel contre l’humanité, à l’instar de tous ses autres camarades. D’ailleurs, quand il y a eu des affrontements entre le Mnla et leurs anciens complices dans le mal du Mujao et d’Aqmi, les populations n’ont pas hésité à prendre le parti des islamistes coupeurs de membres et fouettards contre les Touareg voleurs et pilleurs. Ces populations sont mieux placées que quiconque pour savoir qui est responsable de quoi, et ce n’est certainement pas un hasard si les jeunes patrouilleurs ont préféré interpeller cet individu malgré le processus de dialogue impulsé à Alger.

 

 

Non à la libération de criminels !

Relâcher Mohamed Zeyni Aguissa dans la nature, comme les autorités l’ont fait avec d’autres tortionnaires responsables touareg et arabes de la rébellion, de la police et de la justice islamiste, et, dans le même temps, garder en détention Aliou Mahamar, un noir, chef de la police islamique de Gao, c’est cultiver et entretenir le sentiment de justice à double vitesse, c’est cultiver et entretenir les clivages qui sont en train de naitre entre des communautés qui ont toujours vécu ensemble. Mais surtout, c’est prendre le risque de transformer les milices et mouvements d’autodéfense en prétoires populaires. Les jeunes ne prendraient plus le risque de remettre aux autorités sécuritaires et judiciaires des criminels qui seront aussitôt libérés.

 

 

Les jeunes patriotes seront d’autant plus engagés dans leur traque que les actes d’insécurité se multiplient dans les localités du nord, menaçant le retour de la paix, et semblent ne pas connaitre de fin. En raison des dissidences qu’ont connues les groupes armés terroristes, ceux-là mêmes qui sont en négociation avec le gouvernement malien, le retour de la paix est sans cesse menacé par des bandits armés qui opèrent désormais sur tous les grands axes du septentrion, semant la terreur. Ils ne sont plus seulement dans le désert mais descendent fréquemment dans la vallée, allant jusque sur les rives du fleuve Niger. Quelques heures avant l’interpellation de Mohamed Zeyni Aguissa, le ferry « Tombouctou », qui assure la navigation entre Koulikoro et Gao, a essuyé des tirs à quelques Km de Ber, une localité contrôlée par le Mnla dans la sixième région. Auparavant, ayant appris des informations sur une possible attaque, un autre ferry, le Général Soumaré, a dû battre en retraite pour bénéficier de renforts militaires avant de reprendre son chemin. Dans toutes les régions du nord, des forains font l’objet de braquages de la part de bandits venant de la frontière mauritanienne et opérant principalement dans la zone de Niafunké (région de Tombouctou).

Entrés en dissidence, ces bandits armés, qui ont fait leur deuil d’une possible indépendance de leur Azawad, sont incontrôlables et incontrôlés par leurs anciens maitres avec lesquels, cependant, ils entretiennent des relations étroites.

Ils pourraient, de fait, n’être que des pions entre les mains des groupes armés terroristes avec lesquels le Mali et la communauté internationale espèrent parvenir à un accord de paix.

 

Cheick Tandina

SOURCE: Le Prétoire
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