Troisième épisode de notre série sur le centre du Nigeria. Notre correspondant s’est rendu dans l’Etat Benue. Et a enquêté sur les raisons des crises chroniques et souvent meurtrières entre entre bergers peuls et paysans tivs. Avec comme toile de conflits la course aux ressources naturelles et l’accès à l’eau. Hier, la parole était donnée aux fermiers. Aujourd’hui, ce sont les pasteurs fulanis qui s’expriment.

Chaque matin et chaque soir, Alhaji Salimu fait la revue de sa centaine de bêtes. Ce pasteur peul vérifie qu’aucun animal n’est malade. Mais surtout qu’aucune ne manque.
Le vol, voire l’abattage sauvage du bétail sont souvent les causes et conséquences
des conflits avec les paysans Tivs. Alhaji Salimu a survécu à la crise majeure de 2014 : « A part nous ici, il n’y avait pas d’autres Peuls à l’intérieur du district de Markudi. Nous avons alors été répartis dans trois endroits pour nous protéger. Nous étions à l’étroit et la situation n’était pas du tout confortable. »

Il y a trois ans, en menant le troupeau, deux des frères d’Alhaji ont été tués par des fermiers présumés. Aujourd’hui encore, la conduite de bétail est un casse-tête comme le confirme Mallam Usman Agan : « Nous voulons rester en paix avec les fermiers. Mais nous avons un souci avec eux. Ils bloquent délibéremment les voies d’accès pour nos troupeaux, et surtout nous avons de moins en moins accès à des lieux de pâturage. »

Usman a noué une alliance avec une poignée de fermiers. Son troupeau peut passer à travers leur parcelle. Et déverser ainsi de l’engrais organique, enrichissant les champs de ces cultivateurs. Mais Usman ne se fait aucune illusion. A tout moment,
tout peut être remis en cause.

Source : RFI