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Nigeria : Boko Haram s’invite à la coupe du monde

Un attentat attribué à Boko Haram a visé des spectateurs du match Brésil-Mexique mardi soir dans l’est du Nigeria. Si le groupe terroriste rejette le football, érudits musulmans et autres djihadistes ne sont pas tous du même avis.

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La bombe était dissimulée dans un pousse-pousse à moteur garé devant le centre de retransmission des matches de la Coupe du Monde. Elle a explosé, alors que des dizaines d’habitants de Damaturu, dans le nord-est du Nigeria, admiraient les exploits du gardien mexicain face à la Seleçao brésilienne, mardi 17 juin. Quatorze personnes ont été tuées et 26 blessées dans cette nouvelle attaque visant des civils, attribuée à Boko Haram.

Le football se révèle être dans le collimateur du groupe terroriste. Le 1er juin, plus de 40 personnes avaient péri dans le nord-est du pays lorsqu’une bombe avait explosé dans un stade rempli de supporteurs. Fin mai, c’est à Jos, dans le centre du Nigeria, qu’une voiture piégée a explosé sur un terrain où était retransmis un match de football.

Pourquoi la secte Boko Haram voue-t-elle une telle haine au ballon rond ? Le chef de la secte islamiste qui ensanglante le Nigéria depuis 2009, Abubakar Shekau, a affirmé à plusieurs reprises, dans des vidéos diffusées sur Internet, que le football était une perversion occidentale visant à éloigner les musulmans de la religion. Le leader djihadiste nigérian ne se réfère pourtant à aucun texte sacré musulman pour étayer ses propos.

Certains observateurs du Nigeria pensent d’ailleurs que la condamnation de ce sport par Boko Haram relève plus, en réalité, d’une forme d’opportunisme que d’une position de principe : les rassemblements liés au football fournissent autant d’occasions d’attentats pour le groupe djihadiste, et donc autant de moyens de propager la terreur.

Seuls quelques extrémistes condamnent le foot

La grande majorité des autorités musulmanes, et la plupart des groupes islamistes, ne manifestent aucun grief contre le ballon rond. Aucun de leurs chefs, à part Abubakar Shekau, ne déconseille la pratique du football. Seules quelques personnalités, parmi les plus extrémistes, considèrent que les “bons musulmans” ne doivent pas regarder de matches, que ce soit dans un stade ou à la télévision.

Un célèbre salafiste égyptien, Yasser Borhamy, a ainsi récemment émis une “fatwa” interdisant aux musulmans de regarder les matches de la Coupe du Monde, rapporte le site d’information Egypt Independent. Ce leader salafiste soutient que “les matches de la Coupe du Monde détournent les musulmans de l’accomplissement de leur devoir religieux. Ils conduisent à faire des choses prohibées qui peuvent interrompre le jeûne durant le Ramadan”. Regarder un match conduirait ainsi, d’après Yasser Borhamy, à “l’intolérance” et à “la perte de temps”, deux choses “interdites par l’Islam”. “Les fans de football admirent des joueurs d’équipes étrangères qui sont des mécréants, ce qui est rejeté”, ajoute Borhamy.

Mais il semble être le seul de cet avis. Mohamed Raafat Othman, l’un des dignitaires de l’université d’al-Azhar, au Caire, affirme de son côté que “l’Islam n’interdit pas aux gens de passer du temps à regarder ce qu’ils veulent à la télé, tant que le contenu n’est pas religieusement prohibé”. Et de préciser : “Dire que regarder des matches amène à admirer des mécréants est un faux argument, dans la mesure où les musulmans sont tenus d’être bons envers les non-musulmans, tant qu’il y a un respect mutuel”.

Et dans les discussions en ligne entre musulmans, rares sont ceux qui conseillent à leurs coreligionnaires de fuir les stades ou les matches retransmis à la télévision. Des érudits musulmans estiment simplement que cette activité, comme les autres, ne doivent pas conduire à négliger la prière.

Un sport trop populaire pour s’y opposer

Dans la plupart des pays arabes, le football s’apparente à une deuxième religion. Même chose au Nigeria, dont l’équipe nationale, les Super Eagles, a remporté la dernière Coupe d’Afrique des Nations : la population suit les championnats nationaux ou internationaux avec une passion qui confine au fanatisme.

D’autres groupes islamistes radicaux ont d’ailleurs compris qu’il était plus stratégique de se servir de ce sport si populaire que de s’y opposer. L’État islamique en Irak et au Levant a par exemple publié des photos de ses membres jouant au football avec des enfants dans la rue, en Syrie, rapporte le site Vocativ. Une manière pour le groupe djihadiste de tenter de redorer son image auprès des populations locales.

Le même site a d’ailleurs procédé à une enquête en ligne pour savoir quelles équipes avait les faveurs des djihadistes – ou de ceux qui s’affichent comme tels – sur Facebook. Beaucoup d’entre eux sont fans de l’équipe algérienne, mais ils sont aussi nombreux à soutenir le Brésil, l’Angleterre ou la France… alors même que ces deux derniers pays sont parmi les cibles des organisations terroristes. Mais les partisans d’Al-Qaïda ou de l’EIIL ne sont pas à une contradiction près.

 

France24

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