Plusieurs centaines de personnes ont manifesté le 6 février dans les rues de Niamey pour protester contre le refus d’Areva d’appliquer les nouvelles règles fiscales en matière minière. Pour la première fois, le même jour, devant les députés à l’Assemblée nationale, le ministre Pascal Canfin, ministre délégué au Développement a jugé les demandes du Niger d’augmenter ses recettes fiscales tirées de l’exploitation de l’uranium «légitimes». Cette clarification vient d’un ministre d’un gouvernement qui jusque là est resté très prudent sur ce dossier très sensible.
C’est la première fois qu’un membre du gouvernement français s’exprime aussi clairement sur l’accord qui doit être conclu d’ici fin février entre Areva et le gouvernement du Niger. « Les demandes du Niger sont légitimes », a martelé Pascal Canfin le ministre français. La société civile nigérienne s’est immédiatement félicitée de cette clarification.
Le ministre nigérien des Affaires étrangères lui aussi, espérant « que ces propos aideront à la conclusion d’un bon accord, rapidement ». Reste la question : la déclaration de Pascal Canfin, engage-t-elle, la parole des autorités françaises ?
Mercredi dans la soirée, le ministère français délégué au Développement, dans un communiqué, a fait une mise au point en mettant en avant la viabilité économique de l’exploitation des mines.
L’Etat français est actionnaire à 87% du groupe Areva et entend préserver les intérêts économiques de la multinationale. Cela a été plusieurs fois rappelé aux autorités nigériennes qui de leur côté défendent l’application des lois fiscales de leur pays : le bras de fer entre Areva et Niamey porte notamment sur la redevance fiscale qu’Areva refuse de se voir appliquer.
Les négociations se poursuivent, âprement autour d’un audit indépendant commandé à un cabinet américain, audit qui ne convainc pas la partie nigérienne, et notamment dit-on, le président Issoufou.
L’Etat du Niger et la multinationale se sont donné jusqu’à la fin du mois pour trouver un accord permettant de poursuivre la coopération en matière de production d’uranium.