C’est un moment que Vladimir Poutine attendait depuis des années : la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques d’hiver de Sotchi aura lieu ce vendredi 7 février à 20 h 14 (heure locale) précise dans la station balnéaire russe, sur la mer Noire. Le président russe sera entouré de 44 chefs d’Etat et de gouvernement étrangers, mais, dans les tribunes du grand stade Fisht, construit spécialement pour l’occasion, certains dirigeants, notamment occidentaux, ne seront pas là.
La question a le don d’énerver les officiels russes : « Je ne me souviens pas d’une seule édition des Jeux Olympiques marquée par de tels bavardages », a lancé le ministre russe des Affaires étrangères, « personne n’a jamais compté le nombre de chefs d’Etat qui viennent aux JO. Si on s’est mis à les compter, c’est pour nuire à la Russie », a expliqué Serguei Lavrov.
Ni le président américain Barack Obama, ni le Français François Hollande, ni l’Allemand Joachim Gauck n’ont fait le déplacement. Le Premier ministre britannique David Cameron ne sera pas non plus de la fête, préférant y envoyer la ministre qui avait fait voter la loi sur le mariage pour tous en 2013. La France sera représentée par sa ministre des Sports, Valérie Fourneyron.
Pas un geste politique
La plupart des personnes concernées ont fait savoir que leur absence ne devait pas être interprétée comme un geste politique. Il n’empêche, la question du respect des droits de l’homme et en particulier des droits des homosexuels a visiblement compté dans ces décisions.
Vladimir Poutine aura, en revanche, à ses côtés ses fidèles alliés : le président biélorusse Alexandre Loukachenko, son homologue chinois, Xi Jiping. Les Premiers ministres turc, italien, néerlandais, et japonais sont également de la partie.
Délaissant pour quelques heures son pays en pleine tourmente politique, le président ukrainien sera également là : Viktor Ianoukovitch qui en profitera pour s’entretenir en tête-à-tête avec Vladimir Poutine.
Du côté des sportifs
Ils sont 6 000 athlètes, personnels d’encadrement et dirigeants à avoir pris leurs quartiers dans les trois villages olympiques (un sur la côte, et deux en montagne). Au total, près de 90 nations seront représentées, c’est plus qu’à Vancouver. La Russie, qui a fait dans la démesure dans la conception de ces Jeux, a vu grand aussi dans sa délégation, la plus importante (232 athlètes), juste devant les Etats-Unis (230) et le Canada (220). A l’autre bout de la représentativité, on notera la présence symbolique de trois pays africains (Maroc, Togo et Zimbabwe) qui ont envoyé cinq athlètes, essentiellement en ski alpin.
La France, elle, a envoyé 116 sportifs. Mais seuls deux tiers d’entre eux auront la chance de défiler en tenue officielle et de sortir leurs téléphones portables pour immortaliser quelques instants de la cérémonie d’ouverture. Les autres en sont privés pour cause de compétition.
Pour certains, ça va commencer, pour d’autres, la quinzaine a déjà commencé comme en snowboard, en ski de bosses ou en patinage artistique car leur programme a été enrichi cette année. Douze épreuves supplémentaires au total, la plupart dans ces disciplines des sports extrêmes très prisées des jeunes où les meilleurs ont déjà l’habitude de se mesurer dans une autre compétition très populaire, les Winter X Games.
Voir le site officiel des JeuxDroits de l’homme, des rapports accablants. Alors que les Jeux olympiques d’hiver s’ouvrent donc ce vendredi, des organisations des droits de l’homme publient des rapports accablants sur les violations et le durcissement de l’arsenal législatif russe. Hier, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon avait profité de la tribune à Sotchi pour inviter le monde entier à s’élever contre les attaques contre les gays. Car, depuis deux ans en Russie, des lois restreignent les droits des minorités sexuelles, les droits de manifester et l’existence d’ONG obligées de s’enregistrer comme « agents de l’étranger ». C’est ce que dénonce aussi la FIDH dans son rapport : elle appelle les chefs d’Etats de la communauté internationale à agir, et craint un durcissement de la situation à la clôture des JO, comme l’explique Sacha Koulaeva, responsable du bureau Europe de l’Est et Asie centrale à la FIDH.